| SANTÉ, subst. fém. A. − 1. État physiologique normal de l'organisme d'un être vivant, en particulier d'un être humain qui fonctionne harmonieusement, régulièrement, dont aucune fonction vitale n'est atteinte, indépendamment d'anomalies ou d'infirmités dont le sujet peut être affecté. Perdre, recouvrer, retrouver la santé; conserver, garder, ménager sa santé. Les prêtres arrivent d'un pas grave et d'un air préparé; ils sont vêtus d'une tunique blanche de laine de Cachemire (...); leur physionomie annonce la santé et la bienveillance (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p. 307): 1. Leur fille Mathilde tenait de son père pour la force et la santé; belle fille peut-être sous le vermillon de son visage et le fagotage de sa personne, et point sotte, non plus que ses parents.
France,Vie fleur, 1922, p. 406. − En partic. [Définition de l'Organisation Mondiale de la Santé] La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité (Constitution de l'O.M.S., 1985 [1946], p. 1). − P. anal. État de bon développement d'un végétal. Les arbres de nos climats y sont pauvres [à Rome] et les essences intermédiaires n'y atteignent pas la santé et l'ampleur qu'elles ont dans nos campagnes et dans nos jardins (Sand,Nouv. lettres voy., 1876, p. 2).Les îles se couvrent d'une verdure en pleine santé (Morand,Air indien, 1932, p. 242). 2. Loc. et expr. a) Loc. verb. trans. − Avoir de la santé. Être dans un bon état physique, avoir de la vigueur. Il n'y a pas de plus belle vie que la vie d'un habitant qui a de la santé et point de dettes (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p. 170).Vous avez piètre mine. Je sais bien que les Rezeau n'ont pas de santé. Notre sang l'emportera peut-être (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 210). ♦ Au fig., pop., fam. Avoir de la santé/en avoir une santé. Avoir de l'audace, du toupet. Trois heures. J'en ai une santé de rentrer à trois heures du matin. Je vais être bien reçu par papa! (Courteline,Ah! Jeunesse, Théodore, 1898, i, p. 160).Petypon, indigné: Mais je ne vous connais pas!... Mais en voilà une idée!... Pourquoi êtes-vous dans mon lit?... La Môme: Comment, pourquoi que j'y suis?... Non mais, t'en as une santé! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 4, p. 8). − Respirer la santé. Manifester, montrer dans son apparence, sa bonne forme physique. Toute sa figure aux joues rasées de près respirait la santé et la quiétude (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p. 105). b) Loc. verb. intrans. Être plein (ou verbe du même parad.) + de santé. Avoir une apparence florissante, être en très bonne forme. Éclater, resplendir de santé. Elle débordait de santé; ses bras aux lourdes attaches pendaient hors du lit (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 175).Pop., fam. Crever, péter de santé. Aujourd'hui, Bauër, que je n'ai pas vu depuis des mois, Bauër crevant de santé, le teint écarlate, tombe chez moi sur un bicycle, dont les ressorts gémissent sous le poids de sa santé écrasante (Goncourt,Journal, 1894, p. 642).V. péter I B 2 d ex. de Arnoux. c) Adj. + de santé.Qui montre une bonne forme physique. Trouvé en route un cavalier arabe porteur d'une lettre de ma femme. Tout va bien, Julia est florissante de santé (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 66).Cécile, très gaie ce jour-là, belle de santé dans une toilette de drap capucine, souriait à ce mot de grève, qui lui rappelait des visites et des distributions d'aumônes dans les corons (Zola,Germinal, 1885, p. 1308). d) Expressions − Subst. + de santé.Ce qui conserve, entretient ou rend la santé. Potage de santé. J'ai été le matin avec ma femme aux bains de santé, à un petit quart de lieue de la ville (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 204).Bouvard lui dit: − « À votre place, j'ôterais ma flanelle! − Comment! » Et Pécuchet baissa la tête, s'effrayant à l'hypothèse de ne plus avoir son gilet de santé (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 6).C'est dans quelques promenades de santé, coupées de fraîches pâtisseries au rond-point de l'Étoile, que je touchai les pensées intimes de Simon (Barrès,Homme libre, 1889, p. 6). − Subst. ou inf. + c'est la santé.Ce qui contribue à conserver, à entretenir la santé. Le travail c'est la santé. La lumière, c'est la santé, la joie! Car il est, le bon jeune vieillard soleil, la gaieté immense et tranquille des étendues accueillantes à la vie (Maran,Batouala, 1921, p. 113). − Vieilli. En santé. En bonne santé. Nous les laisserons se convertir, et nous en appellerons de Voltaire malade à Voltaire en santé (Renan,Avenir sc., 1890, p. 430).Mmede Tourzel, libre de communiquer avec le dehors, lui fit savoir qu'elles étaient en santé (L. Daudet,Lys sangl., 1938, p. 213). 3. [Dans des expr. utilisées en levant son verre pour exprimer des vœux favorables à qqn ou qqc.] Boire, trinquer à la santé de... Je bus à la santé de Mary-Ann, à la santé de sa mère, à la santé de mes bons parents et de la princesse Ypsoff (About,Roi mont., 1857, p. 187).Il nous apportait toujours de la glace lui, volée évidemment par-ci, par-là, sur les bateaux à quai. Nous trinquâmes à sa santé sur le comptoir au milieu des clients noirs qui en bavaient d'envie (Céline,Voyage, 1932, p. 172). − P. méton., vieilli. (Porter une) santé. Toast. Quand le dessert fut servi, Philippe dit: « Remplissez vos verres, mes amis! Je réclame la permission de porter la première santé » (Balzac,Rabouill., 1842, p. 536).Le dîner avait lieu à côté de la chute d'eau, dans l'herbe du pré, sous les saules. Ce furent des santés sans nombre (Arène,Veine argile, 1896, p. 69). − [Dans une exclam.] À la santé de...! À votre, à ta santé! Il remplit la chope à ras et la vide, puis la remplit de nouveau. − Eh, à ta santé, n'casse pas le verre! (Barbusse,Feu, 1916, p. 158).« À la santé de la belle voisine! À la santé de la belle dame! dit Gordeenko, baisant la main d'Henriette. À la santé de vous, heureux mari de la belle dame... » Henriette dut boire un verre d'alcool et manger un biscuit (Triolet,Prem. accroc, 1945, p. 187).P. ell., fam. Santé! Ils burent un verre. − Pour moi, disait Crittin, ça ne fait pas l'ombre d'un doute que la chose ne s'arrange (...). Santé!... − Santé! (Ramuz,Gde peur mont., 1926, p. 11). 4. P. méton. [P. oppos. à maladie, anomalie, fragilité] a) Vigueur, force, plénitude physique de celui qui est sain. Dites, pourquoi?... Avec votre santé vous restez là! Vous avez pas honte! Ça vous fait rien, vous, qu'il y ait tant de monde de mort! (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 101).Il se vit, soudain, comme au temps de l'avant-guerre, − au temps de la vie facile et de la santé, − assis, seul, silencieux, à la table bien servie d'un wagon-restaurant (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 773). b) Au fig. Caractère, état de ce qui est sain sur le plan moral, intellectuel, spirituel. Santé intellectuelle. Les vices, les pirateries et les crimes qui sont la maladie des républiques sont la santé des monarchies (Desmoulinsds Vx Cordelier, 1793-94, p. 68).Ces sortes d'encyclopédies répondent à un besoin; elles nous ont valu, et nous valent encore, des synthèses de premier ordre. On peut cependant se demander si leur foisonnement est un signe de parfaite santé scientifique (Civilis. écr., 1939, p. 28-1). c) C'est bon (ou adj. de même parad.) pour la santé. C'est sain. Tu n'as pas bu trop d'eau au moins? Ces gosses, ça avale des gobelets d'eau froide, c'est détestable pour la santé (Colette,Cl. école, 1900, p. 168).Le gros homme s'amena sans crier gare: Nous n'étions pas allés le chercher à Segré et il dut « se taper » les six kilomètres à pied. − ... Que c'est bon pour la santé, savez-vous! fit-il en décrottant ses souliers (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 124). B. − 1. Fonctionnement plus ou moins bon ou harmonieux de l'organisme, état physique considéré pendant un certain laps de temps. Au lendemain de cette hémoptysie qui transforma mon destin, de lugubres mois s'écoulèrent dans ce chalet d'Arcachon où la ruine de ma santé consommait le naufrage de mes ambitions universitaires (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 30): 2. Pendant ces années, une vie calme et réglée, un bien-être physique que je n'avais jamais connu, un air pur que j'avais rarement respiré à pleins poumons, me firent peu à peu une santé robuste, et l'excitation nerveuse cessant, mon humeur devint égale et mon caractère enjoué.
Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 256. SYNT. Santé du corps, physique; belle, bonne, mauvaise santé; santé excellente, florissante, inaltérable, resplendissante, solide, vigoureuse; santé altérée, chancelante, chétive, épuisée, faible, fragile, précaire; avoir une santé à toute épreuve, de fer, de chêne; avoir une petite santé; être en pleine, en parfaite santé; santé qui donne des inquiétudes, qui réclame des soins; se soucier, s'informer de la santé de qqn; craindre pour la santé de qqn; rétablir, refaire sa santé; se refaire une santé; s'abîmer, se ruiner, s'esquinter (fam.) la santé; compromettre, démolir, détruire sa santé; un accident, des ennuis de santé. − Rare, au plur. Chez Raboliot, à l'Aubette, chez Montaine, il n'y avait quasi rien de changé. Les santés n'étaient point trop mauvaises (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 326).Il se peut que certains sons rendent malades, et notre expérimentation n'a pas été sans retentir sur nos santés (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 176). − Fam. [Dans une formule de vœux, de politesse] Comment va la santé? Ça va la santé? Comment allez-vous, comment ça va? Que deviens-tu? Comment vont la santé et l'humeur par cette haute température? (Flaub.,Corresp., 1861, p. 269). − P. anal. État d'une partie du corps apprécié généralement visuellement. Une peau, des dents en bonne santé. Une composition qui vous entretiendrait les cheveux en bonne santé se vendrait comme du pain, d'autant que cette essence sera sans doute approuvée par l'Académie des sciences (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 26). 2. Locutions a) État de santé. État physique d'une personne considéré d'une manière globale et sur lequel on porte généralement une appréciation. C'est quand il fait nuit dans notre âme que tout nous paraît ou lugubre ou insupportable, et il ne suffit pas d'être libre de vrais sujets de tristesse; il suffit de l'état de santé pour tout changer (Delacroix,Journal, 1853, p. 66).Le chef d'établissement doit suivre de près l'état sanitaire général de l'école et l'état de santé des élèves qui appellerait une attention particulière (Encyclop. éduc., 1960, p. 114). b) MÉDECINE − Bilan de santé. Ensemble de tests et d'examens médicaux auquel on soumet un sujet pour apprécier son état de santé. Tout assuré social et sa famille (enfant de plus de 5 ans) a droit à un bilan de santé gratuit tous les cinq ans (Caisse Primaire d'Assurance Maladie de la Vienne, Demande d'examens de santé, Poitiers, 1985, p. 4). − Carnet, carte (de) santé. Carnet, carte informatique servant à consigner les données médicales (surveillance du nourrisson, vaccinations, interventions chirurgicales...) concernant un individu. Expérimentée depuis peu (...), la Carte Santé préfigure l'informatisation des données médicales de chaque individu (...). Avec cette carte, l'objectif du ministère est triple: améliorer la communication entre les professionnels de la santé, et à long terme, remplacer complètement le carnet de santé (Que Choisir? n ospéc. informat., nov. 1985, p. 56, col. 1-2). − Bulletin, certificat de santé. Conclusions sur l'état de santé d'un sujet établies à un moment précis par un médecin sous forme de communiqué ou d'attestation. Il vous faut d'abord un certificat de santé pour avoir un certificat d'existence. Apparemment, il n'y a pas d'issue (Camus,État de siège, 1948, 2epart., p. 240).On en arrive à publier des perles dans le genre de celle-ci, lue dans un journal publiant le bulletin de santé d'un homme célèbre: Le vieux persiste (pour « le mieux persiste ») (Coston,A.B.C. journ., 1952, p. 167). c) Raison de santé. Motif faisant valoir la mauvaise santé du sujet quand celui-ci ne peut assumer une tâche. La raison de santé domine tout et je me joindrais volontiers à vos amis pour hâter le moment de votre changement, si je me croyais quelque influence sur le ministre; mais, en vérité, je ne m'en flatte pas (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1851, p. 175).Il nous avait recommandé l'abbé Ardouin comme un excellent séminariste dont le sous-diaconat avait été remis pour des raisons de santé (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 116). 3. Équilibre psychique dynamique d'un sujet apte à développer harmonieusement sa personnalité, à participer de manière constructive à la vie sociale. Santé mentale, psychique. Comme j'ai confiance en toi, mon ami, et qu'il faut que tu veilles sur ta santé cérébrale pour qu'elle ne soit plus troublée par le moindre malaise! (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 285). C. − 1. État sanitaire d'un groupe social, état physiologique des membres d'une collectivité. Santé de la jeunesse, des travailleurs; santé scolaire, universitaire; santé de la population. Le champ de la politique de la santé grandit à mesure qu'on l'étudie (Biot,Pol. santé publ., 1933, p. 13).Les opérations du raffinage des corps gras destinés à l'alimentation ont été discutées: on se demandait si elles ne portaient pas préjudice à la santé du consommateur (Brunerie,Industr. alim., 1949, p. 48). 2. Locutions a) [Gén. avec une majuscule] Santé publique. Ensemble des mesures mises en œuvre dans un pays pour améliorer ou protéger l'état de santé de la population, ses conditions d'hygiène, son bien-être et son environnement. Secrétariat d'État à la Santé publique. L'urgence de la lutte à entreprendre ne résulte pas seulement de la gravité économique de la question, mais encore et surtout peut-être des dangers que la tuberculose des bovidés fait courir à la santé publique (Nocard,Tubercul. bovine, 1903, p. 6).Aux termes de l'article 697 du Code de la Santé publique, les Commissions administratives peuvent demander au Préfet de conserver une partie de ces revenus [sans affectation spéciale] (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 20). − P. ell. La Santé. Les services chargés de la Santé Publique. Les sages-femmes résidant dans les communes comprises dans la circonscription de l'établissement peuvent (...) sur proposition du directeur départemental de la Santé dans les conditions fixées par le décret susmentionné, soigner leurs malades hospitalisés dans les services de maternité et de médecine (Réforme hospit., 1959, p. 20). − Personnel de santé. Ensemble des personnels soignants travaillant ou intervenant dans un organisme de santé publique. L'O.M.S. vient de créer un service dont la fonction spéciale est d'encourager, de coordonner ou d'effectuer lui-même des recherches sur la formation du personnel de santé (Encyclop. univ.t. 141972, p. 672). b) Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.). Institution spécialisée de l'Organisation des Nations Unies, siégeant à Genève, qui a mis au point le Règlement sanitaire international, qui organise la prévention des maladies épidémiques et patronne des projets de recherche sur les maladies transmissibles et leur éradication. Les pays occidentaux ne possédant pas la souche asiatique A2 en cause, dès l'apparition de la grippe en Chine le Centre International de Londres et l'Organisation Mondiale de la Santé furent alertés (R. Schwartz,Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 133). c) Service, corps de santé. Ensemble des personnels médicaux attachés à un organisme de santé publique de l'armée, de la police (en particulier la police des frontières). Les docteurs en médecine et les pharmaciens diplômés admis directement, après concours, dans le corps de santé militaire ou dans le corps de santé colonial (...) doivent avoir accompli leurs obligations (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 39, p. 3816).Ils virent défiler de l'artillerie de campagne; des voitures du train des équipages; des voitures du service de santé (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 94). − Officier de santé (de 1803 à 1892). Personne autorisée à exercer la médecine sans être munie d'un diplôme de docteur en médecine. [Bretonneau] échoue à son troisième examen de doctorat, se contente du titre d'officier de santé et (...) revient à Chenonceaux s'installer praticien de campagne (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 611): 3. ... l'apothicaire compara le sang-froid d'un chirurgien à celui d'un général; et ce rapprochement fut agréable à Canivet, qui se répandit en paroles sur les exigences de son art. Il le considérait comme un sacerdoce, bien que les officiers de santé le déshonorassent.
Flaub.,MmeBovary, t. 2, 1857, p. 21. ♦ En partic. Médecin appartenant à un service de santé militaire. Mais quand le pied va, tout va. Officier de santé Jadin, retraité de la marine. Spécialiste au Gabon de l'arrachage des tiques. Aujourd'hui de l'ablation des cors et durillons (Giraudoux, Folle,1944, i, p. 46). − MAR., absol., vieilli. Service de surveillance des maladies contagieuses épidémiques attaché à un port. La santé ne nous ayant trouvé aucune infection, nous fûmes abordés par les canots, et un quart d'heure après nous étions à terre! (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 362).Gringole: Lieutenant, la Santé! Le chef de la santé: Holà! du navire, d'où venez-vous? (Dumas père, Monte-Cristo, 1846, i, 1ertabl., 1, p. 3). ♦ Patente de santé. Attestation délivrée au port de départ constatant l'état sanitaire du bord. V. sanitaire B 2 ex. de M. Benoist, Pettier. d) Maison de santé et p. ell. une santé (vx). Établissement public ou privé où l'on soigne les personnes atteintes de maladies ou d'infirmités et les convalescents; en partic., hôpital psychiatrique. C'est à mon retour, le jour du débarquement, que la fièvre s'est déclarée. Je suis resté trois mois à Bordeaux, dans une maison de santé. Vous l'avez su? (Bernstein,Secret, 1913, ii, 10, p. 25). − [Avec une majuscule] La prison de la Santé, p. ell., la Santé. Ancien hôpital parisien transformé en prison. On perquisitionnait partout, dans les syndicats, au Secours Rouge, à L'Humanité, et un peu dans toute la France: vers le 31, il devait y avoir environ deux cents prisonniers politiques à la Santé, à la Petite Roquette, à Saint-Lazare et en province (Nizan, Conspir.,1938, p. 233).Un jeune calviniste rencontré quai de la Mégisserie me dit des choses curieuses sur la prison de la Santé (Green, Journal,1946, p. 44). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃te]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xes. sanitad « bon état physiologique d'un être vivant » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 464); ca 1050 sanctet (Alexis, éd. Chr. Storey, 557); ca 1145 santé (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 1668); b) α) 1628 à vos santez (La Response à la misère des clercs des procureurs, 26 ds Quem. DDL t. 19: verse du vin [...] Messieurs à vos santez); 1636 boire à la santé de qqn (Monet, s.v. boire); 1781 p. ell. santé! ([Guillemain], L'Enrôlement supposé, 16 ds Quem. DDL t. 19);
β) 1629 « toast » (St Amant,
Œuvres, éd. J. Bailbé, t. 1, p. 272: ces santez que l'on fait à la table); 1657 (Scarron, Roman comique, II, 12, éd. A. Adam ds Romanciers du XVIIes., p. 722: Il se mit [...] à porter des santez aux deux valets); c) α) 1866 fam. « courage » (Amiel, Journal, p. 449);
β) [1890 « toupet, audace » (à Brest, d'apr. G. Esnault 1948, s. réf.)] 1894 (Courteline, Femmes d'amis, Mais. insal., p. 108: vous en avez une santé!); 2. a) ca 1274 « fonctionnement plus ou moins harmonieux de l'organisme » (Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 1957: sa fille fust en bonne santé); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 4276: santé toute maladive); 1636 mauvaise santé (Monet); b) 1631 bonne santé, formule de souhait (Le Bourgeois poli ds Variétés hist. et littér., t. 9, 159 ds Quem. DDL t. 19); c) 1732 état de santé (Lesage, Hist. de Guzman d'Alfarache, éd. 1825, t. 3, p. 41: s'informer de l'état de ma santé); 3. a) 1659 « état physiologique d'une collectivité » (Corneille,
Œdipe, 1954: La santé dans ces murs tout d'un coup repandue); b) α) 1669 santé « hôpital destiné à accueillir les pestiférés » (Widerhold Fr.-all.); 1694 lieu de santé (Ac.); 1721 maison de santé (Trév.);
β) 1812 maison de santé « maison où l'on reçoit des malades en pension pour les guérir » (Mozin-Biber); c) α) 1680 officier de santé (Rich., s.v. oficier: Oficier de santé. On appelle de ce nom les Médecins, Apoticaires, Chirurgiens, Operateurs qui servent chez le Roi et chez Monsieur);
β) 1804 officier de santé « médecin qui n'avait pas le titre de docteur en médecine (jusqu'en 1892) » (Code civil, art. 236, p. 44); d) 1812 mar. bureau de santé « service de surveillance des maladies épidémiques, contagieuses » (Mozin-Biber); e) 1825 service de santé (Le Couturier, Dict. des connaissances milit., p. 457 ds FEW t. 11, p. 185a); f) 1846 santé publique (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 2, p. 16); g) 1871 corps de santé (Littré). B. P. ext. 1. a) ca 1215 « équilibre, harmonie » (Gervaise, Bestiaire, 1258, éd. P. Meyer ds Romania t. 1, p. 442: Si tes cors soffre aversitez, Ço est a l'arme sanitez); 1580 santé de l'ame (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, l. II, chap. 23, p. 684); b) ca 1590 santé spirituelle (Id., ibid., l. III, chap. 2, p. 815); 1690 santé de l'esprit (Fur.); c) 1812 santé morale (Jouy, Hermite, t. 2, p. 372); d) 1860 santé intellectuelle (Baudel., Paradis artif., p. 412); e) 1946 santé mentale (Mounier, Traité caract., p. 158); 2. 1588 « état satisfaisant de quelque chose » (Montaigne, op. cit., l, III, chap. 9, p. 960: la santé d'un estat); av. 1628 (Malherbe, Lettre, s. réf. cité par U. Chevreau, Rem. sur les poés. de Malherbe, [ms. de 1660-1670], p. 48, éd. G. Boissière: me faire savoir la santé de vous et de vos affaires); 1964 santé des finances (Lar. encyclop.). Du lat. sanitas « santé (du corps, de l'esprit) », dér. de sanus (sain1*). Fréq. abs. littér.: 5 840. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 587, b) 11 090; xxes.: a) 7 591, b) 6 147. Bbg. Letoublon (Fr.). À votre santé... B. Soc. Ling. Paris. 1988, t. 83, n o1, pp. 106-108. − Quem. DDL t. 6, 19, 22, 25, 32. |