| SANGUIN, -INE, adj. A. − 1. Littér. [En raison du sang qui affleure à la peau, notamment quand celui-ci est riche et abondant] Qui est rouge sang; coloré, cramoisi. Anton. blafard, blême, pâle.Cou, teint sanguin; complexion sanguine. Une incompressible gaieté fendait cette face sanguine (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 117).Il fumait son cigare en arrondissant ses épaisses lèvres sanguines; son visage semblait ainsi timbré d'un gros sceau de cire rouge (Giono, Angelo, 1958, p. 61). 2. P. anal. Qui rappelle la couleur du sang. Deux fauteuils en tapisserie, une console Louis XVI d'une forme rare, une commode-tombeau dont le sombre bois sanguin disparaît sous les dorures des ferrures, des poignées (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 198). 3. P. méton. a) Qui est d'un rouge sang ou qui tire sur le rouge. Un couvent de moines maronites se dessinait en pierres d'un brun sanguin sur le gris du rocher (Lamart., Destinées poés., 1834, p. 409).Tout en haut, un ricin colossal, aux feuilles sanguines, semblait élargir un dôme de cuivre bruni (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1349). b) En partic. − Orange sanguine. V. sanguine B. − MINÉR. Qui renferme des inclusions rouges ou qui est marqueté de rouge. Marbre, porphyre sanguin. Il y avait là des lingots de métaux précieux (...) des colliers à rangs septuples de cornaline, de lapis-lazuli, de jaspe sanguin, de perles, d'agates (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 261). B. − Spécialement 1. ANAT. [En parlant de vaisseaux servant à la circulation du sang] Tissu, vaisseau, système sanguin. Le durcissement du foie gêne la circulation sanguine veineuse. Or tout le sang veineux du tube digestif, riche en substances alimentaires absorbées passe par le foie. Des courts-circuits se développent pour tenter de rétablir un courant sanguin (Quillet Méd.1965, p. 152). 2. BIOL. Du sang; qui se trouve dans le sang. Caillot, globule(s), écoulement, plasma sanguin(s); le pH sanguin; formule sanguine; masse sanguine totale. Cette intensité [du souffle] décroît en général (...) à mesure que (...) l'ondée sanguine est lancée avec une moindre énergie (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p. 73).L'insuffisance rénale est constante ainsi que le montrent l'urée sanguine élevée et les perturbations des épreuves fonctionnelles (Quillet Méd.1965, p. 480). − MÉD. Transfusion* sanguine. On distingue deux espèces de cette maladie [l'apoplexie], l'une sanguine, que le public appelle coup de sang, l'autre séreuse ou pituiteuse (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 463).La transmission héréditaire du germe tuberculeux (...) résulte (...) d'une contamination intra-utérine consécutive à des lésions tuberculeuses du placenta ou d'une infection sanguine produite au moment de la naissance (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 237). 3. CARACTÉROL., PSYCHOL. − Tempérament sanguin, ou sanguin, subst. masc. ♦ [Dans la classification d'Hippocrate] ,,Sujet (...) qui (...) se présente comme un individu massif, au visage empourpré; ses réactions sont rapides: il est généralement sociable et optimiste, mais aussi emporté et violent`` (Sill. Psychol. 1980). ♦ [Dans la classification de Heymans-Le Senne] Sujet non-émotif-actif-primaire (nEAP): Le « pratique actif », surchargé de travail, se laisse surcharger avec plaisir (...); il préfère surtout les activités concrètes; médecine, politique, action sociale; il tire de son activité un sentiment tonique de contentement de soi. On voit la parenté qui unit ces descriptions au sanguin des vieilles écoles, au sanguin et au colérique de Heymans...
Mounier,Traité caract., 1946, p. 348. − Empl. adj. Je suis frêle et nerveux, il [un jeune homme] était sanguin et musclé. Je suis châtain, il avait des cheveux et une barbe d'un noir intense (Bourget,Profils perdus,1884, p. 254).Cet homme de 40 ans ordinairement sanguin était blême (Janet, Obsess. et psychasth., t. 1, 1903, p. 225). − P. méton., dans le domaine affectif.Qui est caractérisé par la vivacité, la violence. Elle entendait qu'il répétait les mots « douleur », « cœur », « mal », « contraction », et comme elle n'écoutait pas tout, il semblait à madame de Fontenay que cet homme discourait seulement de la passion amoureuse, de la passion dolente, sanguine, physique (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 215). 4. BOUCH., subst. masc. Ouvrier chargé de recueillir le sang des animaux, aux abattoirs (d'apr. Chaud. 1970). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃gε
̃], fém. [-in]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 « ensanglanté » mains sanguines (Geffrei Gaimar, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 3136); 2. 1remoit. xiies. « qui est de couleur de sang » sanguines gutes (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, 618, p. 53); 3. ca 1265 « où le sang prédomine » complexion sanguine (Brunet Latin, Trésor, I, 101, éd. F. J. Carmody, p. 84); 1306 (Guillaume Guiart, Branche des royaus lignages, éd. Wailly et Delisle, 20919: L'omme est sanguin ou colerique); empl. subst. ca 1393 (Ménagier, I, 56 ds T.-L.); 1694 temperament sanguin (Ac.); 4. 1380 « qui a rapport au sang » (Roques t. 2, 10796); 1754 vaisseaux sanguins (D. Diderot, De l'Interprétation de la Nature, p. 92); 1805 système vasculaire sanguin (Cuvier, Anat. comp., t. 4, p. 96). Empr. au lat.sanguineus « de sang; ensanglanté; de la couleur du sang ». Fréq. abs. littér.: 405. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 847, b) 508; xxes.: a) 282, b) 557. |