| SALVE, subst. fém. A. − Décharge simultanée de plusieurs armes à feu. Salve sèche; bruit des salves d'artillerie. Ceux d'en face n'avaient cessé de tirer par salves avec des balles retournées qui crevaient nos sacs de terre (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 194). − P. anal., rare. [À propos de flèches] À chaque instant l'épopée d'Ambroise nous montre les cavaliers turcs survenant à toute bride, sur leurs chevaux prompts comme la foudre, lançant sur la colonne franque une salve de flèches (Grousset, Croisades, 1939, p. 271). − En partic. ♦ [Les coups de feu sont tirés en signe de bienvenue ou à l'occasion de festivités] Cette journée (...) qui commençait par des salves d'artillerie auxquelles succédait immédiatement le carillon sublime de notre vieille cathédrale (Bloy, Journal, 1899, p. 352).Quand le marié n'est pas du village, les garçons vont, le matin du mariage, « à sa rencontre » (...). Ils tirent alors une salve de coups de fusil pour le « reconnaître » et le « futur » achète sa « reconnaissance » avec de l'argent que l'on va boire au cabaret (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 31). ♦ [À propos de coups de canon tirés pour les mêmes raisons] Cependant le tambour roulait, la musique jouait et quelques pièces de canon firent des salves en notre honneur (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 229). ♦ P. métaph. Feu de salve. V. feu1. B. − P. anal. Applaudissements ou tout autre bruit qui éclatent soudainement. Une salve bruyante, prolongée de bravos; une salve prolongée d'applaudissements. Le public crut que l'acteur, avant de commencer, désirait une seconde salve d'applaudissements, et il se mit à battre des mains, à trépigner, à faire le plus triomphant vacarme qu'on ait jamais ouï en un théâtre (Gautier, Fracasse, 1863, p. 265). Prononc. et Orth.: [salv]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1559 « décharge simultanée d'armes à feu en l'honneur de quelqu'un ou à l'occasion d'une réjouissance » (lettre 23 févr. ds Papiers d'État du cardinal de Granvelle, éd. Ch. Weiss, t. 5, p. 500); 1583-84 p. ext., dans un combat (Brantôme, Des Dames, éd. L. Lalanne, t. 9, p. 463); 1792 au fig. salve d'applaudissements (Ass. Législ., 16 sept., Arch. Parl., 1reSér., t. L, p. 47, col. 1 ds Brunot t. 9, p. 774). Empr. à l'ital.salva, qui n'est pas att. dep. le xviies. comme le croient Bl.-W.1-5et FEW t. 11, p. 132a, mais déjà au xvies. (1566, salva di archibusi [en l'honneur de la reine Jeanne d'Autriche], D. Mellini; 1587 id. [dans un combat], A. Lupicini ds Tomm.-Bell.; cf. 1578 H. Estienne, Deux Dial. du nouv. lang. fr. italianizé, éd. P.-M. Smith, p. 260, où salve est cité comme un italianisme: Une salve, c'est comme si vous disiez une « salutation », laquelle se fait en harquebouzades), subst. fém. formé à partir du lat. salve (salve regina*). Fréq. abs. littér.: 199. |