| SALPÊTRE, subst. masc. A. − Nitrate de potassium se présentant sous la forme de petits cristaux blanchâtres présents principalement sur les murs humides, certaines roches, certains sols, et que l'on utilise comme oxydant (dans les explosifs notamment), comme engrais ou comme conservateur de produits alimentaires. Synon. (sel de) nitre*.Un chimiste, en mêlant le salpêtre à une matière inflammable, trouva le secret de cette poudre, qui a produit une révolution inattendue dans l'art de la guerre (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 112).En bas, sous l'escalier, il ouvrit la cave, une vieille cave bien sèche, les murs couverts de salpêtre brillant comme le cristal (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 16). − P. anal. ♦ Salpêtre du Chili, du Pérou, des mers du Sud. Nitrate de sodium naturel. La mousse et le salpêtre des mers rongeoient la surface du bronze antique (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 229).Donne-t-il l'odeur aux sauges, Parce qu'il sait faire un trou Pour mêler le grès des Vosges Au salpêtre du Pérou? (Hugo, Chans. rues et bois, 1865p. 250). ♦ Salpêtre de conversion. ,,Nitrate de potassium obtenu par double décomposition entre le chlorure de potassium et le salpêtre du Chili`` (Duval 1959). ♦ Salpêtre terreux. ,,Nitrate de calcium`` (Duval 1959). B. − P. méton. Poudre de chasse, de guerre, fabriquée autrefois avec du salpêtre. Un musulman se lève, il court, il est armé. Le turban du soldat sur son mousquet s'incline, L'étincelle jaillit, le salpêtre a fumé (Delavigne, Messéniennes, 1824, p. 66). ♦ P. métaph. Le salpêtre révolutionnaire était dans l'air; la France de Juillet avait donné le signal et fait explosion (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1865, p. 131).Momoro, le 15 ventôse, conduisant une députation de sa section qui portait sur des brancards de grands pains de salpêtre, rappela aux représentants que la section possédait « un salpêtre moral dont la source est inépuisable et dont les explosions ont déjà si souvent servi la cause de la liberté et de l'égalité » (A. Soboul, Les Sans-culottes parisiens en l'an II, 1958, p. 395). − P. anal., vieilli. Personne pleine de vivacité, de fougue. Louason a dit (...) aux autres, quand j'ai eu fermé la porte sur moi: « C'est un salpêtre! » Ce mot avec beaucoup d'expression. Je ne pouvais pas finir la journée par une plus belle sortie (Stendhal, Journal, 1805, p. 27).Eugène (...) est tout feu, tout ambition (...). Je n'ai jamais connu de salpêtre pareil: il tient de sa mère (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 346). Prononc. et Orth.: [salpεtʀ
̭]. Ac. 1694, 1718: salpestre; dep. 1740: -pêtre. Étymol. et Hist. 1. 1338 salpetre « nom usuel du nitrate de potassium » (Reçu de G. du Moulin, Cab. des tit., B.N. ds Gdf. Compl.); 1858 salpêtre du Chili (Chesn. t. 2); 1870 salpêtre terreux (Littré); 1959 salpêtre de conversion (Duval); 2. 1667 « poudre à canon » (Boileau, Sat., VIII ds Littré); 3. 1677 « vivacité du tempérament » (Montfleury, Crispin gentilh., II, sc. 3 ds Brunot t. 4, 1, p. 583); 1694 être tout salpestre (Ac.). Empr. au lat. médiév.salpetrae littéral. « sel de pierre ». Fréq. abs. littér.: 94. DÉR. 1. Salpêtreux, -euse, adj.Qui contient du salpêtre, qui est recouvert de salpêtre. (Dict. xixeet xxes.). Terre salpêtreuse; murs salpêtreux. − [salpεtʀø], [-pe-], fém. [-ø:z]. − 1resattest. 1563 terres salpestreuses « qui contiennent du salpêtre » (Palissy, Recepte, p. 24), 1823 mur salpetreux « couvert de salpêtre » (Boiste); de salpêtre, suff. -eux. 2. Salpêtrisation, subst. fém.Formation de salpêtre. La salpêtrisation de l'exposition en plein air (Goncourt, Journal, 1870, p. 640).− [salpεtʀizasjɔ
̃], [-pe-]. − 1reattest. 1845 (Besch. Suppl.); dér. sav. de salpêtre, suff. -iser* et -(a)tion*. BBG. − Forchheimer (P.). The etymology of « salpeter ». Mod. Lang. Notes 1952, t. 67, pp. 103-106. − Spitzer (L.). Sur l'étymol. de salpêtre. Mod. Lang. Notes 1952, pp. 358-359. |