| SALMIGONDIS, subst. masc. A. − ART CULIN., vieilli. Ragoût constitué de différentes viandes réchauffées. Elle fit un salmigondis de toutes les viandes qui étaient restées de la veille (Ac.1935). B. − P. anal. ou au fig., fam., péj. 1. Assemblage disparate, mélange confus de choses ou de personnes. Tout ce salmigondis s'installe dans mon estomac comme il peut. Je sens bien qu'il y a beaucoup de désordre, mais enfin, le poulpe étale ses tentacules, la soupe s'insinue dans les vides, le riz se tasse, le saucisson, le colin et le poulet s'accordent par un traité provisoire (T'Serstevens,Itinér. esp.,1963, p. 278). − Un salmigondis de + subst. plur.Quel curieux salmigondis de contradictions présentent les têtes faibles et les âmes troubles (Amiel,Journal,1866, p. 478).Du parvis au premier étage, il y a des colonnes doriques, du premier au deuxième, des colonnes ioniques à volutes (...). Que peut bien signifier ce salmigondis d'ordres païens pour une église? (Huysmans,Là-bas, t. 2, 1891, p. 119). 2. Ramassis d'idées, de paroles ou d'écrits formant un tout disparate et incohérent. Synon. fatras, fouillis.Le Moyen de parvenir, le seul des nombreux ouvrages de Béroalde de Verville dont on se souvienne aujourd'hui, est un salmigondis véritable, un sale lendemain de mardi-gras, où les convives lâchent de temps en temps quelques mots heureux à travers des bouffées d'ivresse (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr.,1828, p. 276). Prononc. et Orth.: [salmigɔ
̃di]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1718: ,,on dit aussi salmi.`` Étymol. et Hist. 1. 1627 salmigondis « ragoût » (Salmigondis de l'aloyau ds Variétés hist. et littér., éd. E. Fournier, t. 1, p. 363); 2. 1618 fig. (Bruscambille, Fantaisies, 2eharangue, Lyon, 12). Issu par substitution du suff. -is*, à -in* de salmiguondin « ragoût » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 59, p. 239; cf. Salmigondin comme n. propre dès 1532 Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, p. 174, 1. 132, chap. XXII: la chastellenie de Salmigondin, et dès la 2emoit. xves. Salmigondre n. du 2esoldat dans la Passion de Semur, éd. P. T. Durbin, ligne 8372), dér. de salemine « plat de poissons » ca 1393 (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier II, IV, p. 180, 5; cf. aussi salaminee « id. », p. 181, 32) − dér. à l'aide de deux suff. coll. -ain* < lat. -amen (bien que nous n'ayons pas d'attest. de ce dér.) et -ine* − et d'un élém. -gondin prob. issu après substitution du c- en g- de condir « assaisonner, aromatiser » ca 1265 (Brunet Latin, Livre du Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 63, § 9, p. 239, ligne 58, v. FEW t. 11, p. 84b, note 19). Cf. le lat. médiév. salsamentum « sauce, condiment » ca 1200 ds Latham, sallamentum « id. » 1212 ds Du Cange souvent associé à condimenta « condiment »: condimenta necessaria et salsamenta 1231 ibid., et de salamentis et condimentis condescentibus dans un ms. de St Victor de Marseille, ibid. Fréq. abs. littér.: 19. Bbg. Gohin 1903, p. 347. |