| SALIGAUD, -AUDE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Vx, fam. Personne sale, malpropre; personne qui se complaît dans la saleté, qui souille ce qu'elle touche. Synon. pop. salaud.Quand une femme avait pour homme un soûlard, un saligaud qui vivait dans la pourriture, cette femme était bien excusable de chercher de la propreté ailleurs (Zola, Assommoir, 1877, p. 637).Les Parigots, (...) Sont d'incurables saligauds. (...) Quand ils vont déjeuner sur l'herbe, Ils se moquent bien, (...) De semer leurs déchets partout (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 175). − Rare au fém. C'est une saligaude! J'ai beau me mettre en quatre pour lui prêcher l'ordre et la propreté, c'est comme si je chantais! Je ne prétends pas qu'une servante se moque de moi (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 91). B. − Au fig., pop. Personne malhonnête, moralement répugnante; personne qui se conduit de manière jugée contraire à la morale. Synon. pop. salaud, salopard.Traiter qqn de saligaud; bougre de saligaud! bande, tas de saligauds! Je tenais, sans le vouloir, le rôle de l'indispensable « infâme et répugnant saligaud » honte du genre humain qu'on signale partout au long des siècles, dont tout le monde a entendu parler, (...) mais qui demeure toujours si divers, si fuyant (Céline, Voyage, 1932, p. 143). − Saligaud de + subst.C'étaient des gais lurons [les ouvriers]. (...) C'est la guerre de 1914 qui a mis fin à cet état de choses, tuant tous les braves petits gars indépendants pour ne laisser vivre que les saligauds de politiciens (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 192). − Faire qqc. comme un saligaud. Faire quelque chose mal, sans soin. [Panturle] en train d'écorcher un renard comme un saligaud (Giono, Regain, 1930, p. 111). II. − Adj., rare, pop. [En parlant d'un comportement, d'une manière de se conduire] Répugnant, déloyal. Synon. pop. dégueulasse, salaud.Il est froidement parti avec une tournée de passage, comme ça, dans la nuit, (...) sans rien me dire. Bien vrai! Ce n'était pas chic. Je trouve même ça salement infâme et drôlement saligaud (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 220). REM. 1. Saligauderie, subst. fém.,hapax. Comme (...) j'insisterais vainement pour obtenir de votre saligauderie l'intégralité de ma créance, j'aime encore mieux ça que rien. Donnez-moi trois louis et fichez-moi la paix (Courteline, Femmes d'amis, Art réduire dettes, 1927, p. 154). 2. Saligot, -ote, subst.,var. vieillie, pop. Moi, princesse, jamais un seul amour! Toujours deux ou trois au moins (...). − Oh! alors, quelles femmes! − Jamais de saligotes, princesse, mais des femmes (Goncourt, Journal, 1865, p. 146). 3. Saligouin, subst. masc.,synon. pop., rare de saligaud.Un de ces saligouins qui sont toujours en train de courir après les femmes et qui vous les mangent des yeux quand ils ne peuvent pas les renifler de tout près (Aymé, Mouche, 1957, p. 31). Prononc. et Orth.: [saligo], fém. [-o:d]. Att. ds Ac. dep. 1762. Lar. Lang. fr.: ,,La graphie saligot, e est vieillie``. Étymol. et Hist. 1. a) 1640 adj. « sale, malpropre » (Oudin Curiositez); b) 1656 « personne sale » (ibid. d'apr. FEW t. 17, p. 11b); 2. 1866 fig. « personne malhonnête » (Delvau). Issu, par substitution du suff. péj. -aud* à -ot*, de Saligot, en usage d'abord comme nom propre de deux rois sarrasins dans deux chansons de geste d'orig. pic. (ca 1210, Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 9866, etc. et ca 1220, Anseïs de Carthage, éd. J. Alton, 2548), comme surnom à Liège à partir de 1269 (doc. ds B. de la Commission de topon., t. 14, 1940, p. 392) et comme épith. injurieuse vers 1380 (Jean d'Outremeuse, Geste de Liège, ibid., p. 391). Le mot semble avoir été formé, dans un milieu plus ou moins bilingue, à partir de l'adj. frq. *salik « sale » (cf. le m. b. all. salik « id. »), lui-même dér. de *salo (v. sale) et du suff. péj. -ot*. Voir FEW t. 17, p. 12a. Fréq. abs. littér.: 84. Bbg. Barbier (P.). Nouv. ét. de lexicol. française... Rom. Philol. 1950-51, t. 4, p. 266. − Gossen (C. Th.). Vox rom. 1945-46, t. 8, p. 246. − Hubschmied (J.). Z. rom. Philol. 1949, t. 65, p. 249. − Piron (M.). B. de la Commission royale de topon. et de dialectol. 1940, t. 14, p. 391. − Weil (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. de Philol. fr. 1932, t. 45, p. 37. |