| SALEMENT, adv. A. − D'une manière sale, malpropre. Anton. proprement.Boire, travailler salement. [La Quelette] (...) laide à faire faire un écart à une mule, et toujours mise salement, comme une femme de campagne (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 115).Tu manges quand même trop salement. Et cette façon de saucer son assiette! (Montherl., Demain, 1949, I, 2, p. 711). − En partic. D'une manière repoussante, qui provoque le dégoût, un sentiment de répulsion. Lorsque Rosalie a été morte, oh! bien salement, dans une maladie qui était une vraie pourriture, il est tombé complètement à ma charge (Zola, Argent, 1891, p. 157). B. − 1. D'une manière contraire à la correction ou à la loyauté; sans ménagement ni considération. Synon. indélicatement.Désirée déclara que, si elle rompait avec lui, elle ne voulait pas rompre salement. Elle aimait mieux lui dire franchement la chose (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 296).[Boris] la quitterait [Lola], mais pas salement, pas pour une autre femme (Sartre, Sursis, 1945, p. 179). 2. En partic. D'une manière obscène, contraire à la pudeur, à la bienséance. Dieu (...) ne les a faits [les êtres humains], semble-t-il, que pour se reproduire salement et pour mourir ensuite (...). J'ai dit « pour se reproduire salement »; j'insiste. Qu'y a-t-il, en effet, de plus ignoble, de plus répugnant que cet acte ordurier et ridicule de la reproduction des êtres (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1157).Il se vautre il plaisante salement, L'index sacré sais-tu où on le met l'index dans la rue de l'Échaudé (Prévert, Paroles, 1946, p. 135). C. − Pop. [Avec une valeur intensive] Beaucoup, bien, très. Synon. bougrement, méchamment, terriblement, vachement.Être salement amoché, malade; se faire salement voler; être salement puni. − Vous vous ennuyez salement, pauvre chien? dit Françoise. − C'est pas croyable ce qu'on peut se faire chier, dit Gerbert (Beauvoir, Invitée, 1943, p. 404). Prononc. et Orth.: [salmɑ
̃]. Ac. 1694: -ll-; dep. 1718: -l-. Étymol. et Hist. 1. 1525-30 « d'une manière sale, malpropre » (J. Thénaud, Voyage, éd. Schefer, p. 47 ds Gdf. Compl.: sallement); 2. 1671 fig. « impudiquement » (Pomey: salement); 3. 1878 « bien, beaucoup, très » (Moch, X-Lex., p. 54). Dér. de sale*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 90. |