| FRUSQUIN, SAINT(-)FRUSQUIN,(SAINT FRUSQUIN, SAINT-FRUSQUIN) subst. masc. Pop. Argent, effets, biens que possède une personne. A.− Vx. [Sous la forme frusquin] Il a perdu tout son frusquin (Ac.1798-1932).[Il] s'est esgaré de chez nouzailles avec mes frusquins (Vidocq, Vrais myst. Paris,t. 7, 1844, p. 9). B.− Mod. [Sous la forme saint(-)frusquin] Se coucher tous les soirs en pensant à son petit saint-frusquin et en faisant une prière pour l'honnête homme là-bas qui a charge de le faire fructifier dans l'autre monde (Claudel, Ours et lune,1919, 3, p. 620).C'était pas très compliqué, pour réunir leur saint-frusquin!... Ils avaient en somme que leurs os (Céline, Mort à crédit,1936, p. 646): Quoi que tu en dises, je ne suis qu'un Parisien de Paris, comme toi, comme les camarades, et pas autre chose. Me vois-tu, moi, pauvre hère inconnu, sans relations, avec les origines que tu sais, avec un saint-frusquin acceptable, sans doute, mais très insuffisant pour éblouir les populations...
Vogüé, Morts,1899, p. 45. ♦ Boire, manger (tout) son saint(-)frusquin. Dépenser (tout) son bien. Vous allez dire que votre brave oncle mange son saint frusquin. C'est vrai! Mais qu'y faire? (Flaub., Corresp.,1870, p. 238).− Ah! si ma garce de femme, avant d'en crever, n'avait pas bu tout mon saint-frusquin, à mesure que je le gagnais! (Zola, Terre,1887, p. 293). − P. ext. [À la fin d'une énumération] Et (tout) le saint(-)frusquin. Et (tout) le reste. En réalité, il enquiquinait la Sainte Croix, la Vierge Mère et le Saint Frusquin, mais puisqu'après tout son pain en dépendait, il n'en laissait rien paraître (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 37). Prononc. et Orth. : [fʀyskε
̃]. Ds Ac. dep. 1740 (ds Ac. 1932 saint-frusquin renvoie à frusquin.) Étymol. et Hist. 1. 1628 frusquin « habit, hardes » (O. Chéreau, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p. 13, 29); 2. ca 1710 « bien, avoir » (Senecé, Serpent mangeur de kaïmac ds DG); 3. 1740 saint frusquin « bien, avoir » (Caylus,
Œuvres badines, t. 10, p. 59). Mot d'arg. d'orig. inc. (FEW t. 21, p. 508). L'expr. saint frusquin a été formée suivant un procédé pop., cf. saint crépin* « les outils du cordonnier ». Fréq. abs. littér. : 2. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 39. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 53, 54, 270, 280, 281. |