| SAINFOIN, subst. masc. Plante fourragère annuelle ou bisannuelle qui constitue un des meilleurs fourrages secs pour le bétail et qui était aussi cultivée autrefois comme plante ornementale. Synon. esparcette.Sainfoin commun, à deux coupes, d'Espagne. Il fallait courir d'un bout du domaine à l'autre. On labourait des jachères; on semait le maïs, le trèfle, le sainfoin (R. Bazin, Blé, 1907, p. 154).Les prairies artificielles sont formées de luzerne, de trèfle et de sainfoin. La culture des légumineuses remonte à l'Antiquité (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 106).− P. méton. Lieu planté de sainfoin. Synon. sainfoinnière (infra rem.).[Le chasseur] doit fouiller les buissons, les fougères, les bruyères, les champs de luzerne et de trèfle. Déceler les oreilles d'une chevrette qui émergent du flot mouvant d'un sainfoin prêt à être coupé (Vidron, Chasse, 1945, p. 84). − BOT. Genre de plante légumineuse de la famille des Papilionacées à racines pivotantes, à fleurs en grappes roses qui comprend de nombreuses espèces. Le sainfoin (...) a des tiges ramifiées, à port dressé, plus pubescentes que celles de la luzerne (Lar. agric.1981). REM. Sainfoinnière, subst. fém.Lieu planté de sainfoin, prairie cultivée en sainfoin. Après trois ans les bromes, le chiendent et la pimprenelle envahissent les sainfoinnières, et il faut défricher (ZollaAgric.1904). Prononc. et Orth.: [sε
̃fwε
̃]. Ac. 1694: sain-foin; dep. 1718: sainfoin. Étymol. et Hist. 1549 (Est., s.v. foin: Une herbe qu'on appelle Foin de Bourgogne, ou sainctfoin); 1567 Sainct-foin (E. Liebaut, L'Agric. ou Maison Rustique, Paris, J. Du Puy, f o188 r o); 1572 sainct-foing, saint-foin (Ronsard,
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 16, p. 68, v. 778 et p. 253, v. 196); [1572 sainfoin d'apr. Bl.-W.2-5]; 1600 sain-Foin (O. de Serres, Théâtre d'agric., p. 270). Comp. de sain* ou de saint* et de foin*. Les vertus bénéfiques de cette plante pour nourrir le bétail justifient aussi bien une formation avec sain (FEW t. 3, p. 456b) qu'avec saint (cf. sainbois étymol. et m. fr. sainte herbe « verveine » trad. du lat. sacra herba, v. FEW t. 11, p. 151b; l'all. heiliges Heu pourrait être la confirmation de l'appellation saint foin ou un simple calque de cette graph.). La graph. sain pourrait être due à une fausse interprétation du lat. medica désignant la luzerne, avec laquelle le sainfoin est parfois confondu, et qui est empr. au gr. μ
ε
δ
ι
κ
η
́ dér. en gr. du n. de la Médie (EWFS2; O. de Serres, loc. cit. prête une « vertu médicinale » au sainfoin bien qu'il indique l'origine de medica). Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1976, t. 44, pp. 169-170. |