| SAINEMENT, adv. A. − [Sur un plan physique, physiol.] 1. D'une manière saine. Vivre sainement. Elle était gaillarde, jamais fillette n'avait poussé plus sainement (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 838).Cauchemar de petit malade qui prend vite le monde en horreur et n'éprouve que haine et dégoût pour tout ce qui est normal et trop sainement constitué (Tharaud, Qd Israël est roi, 1921, p. 97). 2. D'une manière conforme à l'hygiène. J'affirme qu'il ne s'élève pas dans toute cette contrée une maison nouvelle qui ne soit mieux bâtie, plus solidement, plus sainement, plus proprement qu'aucune de celles qu'on bâtissait dans ma jeunesse (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1857, p. 214).On se contentera d'invoquer le grand art, le grand goût, et nous n'en serons pas mieux logés ni plus sainement (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 351). B. − [Sur un plan affectif et mental] 1. D'une manière raisonnable, normale. Synon. raisonnablement.Réfléchir, penser, expliquer sainement qqc. Ce qui manquait précisément au roi Charles X, c'était cette étendue et cette liberté d'esprit qui donnent à un prince l'intelligence de son temps et lui en font sainement apprécier les ressources comme les nécessités (Guizot, 1858-68ds Rec. textes hist., p. 192).MmeD'Épinay répondit un peu sèchement qu'il extravaguait (...) et qu'il lui paraissait peu en état de juger sainement de ce qui lui convenait (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 131). − Sainement + adj. ou part. passé.Son livre de La fréquente Communion (...) est dans son siècle, on l'a remarqué, le premier ouvrage de théologie sainement écrit, sagement pensé (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 256).Aucun style ne nous paraît aujourd'hui, après ses décantements successifs, plus classiquement, fidèlement et sainement conformiste que le sien [Gide] (Arts et litt., 1936, p. 38-14). 2. De manière correcte, sans anomalie. Il faut dépenser pour assurer la vie quotidienne, et permettre le fonctionnement normal de tous les services de la commune; pour gérer sainement tout ce qui existe (Fonteneau, Cons. munic., 1965, p. 57). Prononc. et Orth.: [sεnmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « sans dommage » (Alexis, éd. Chr. Storey, vers 82); 2. a) ca 1200 « correctement, sans faute » (1reContinuation Perceval, éd. W. Roach, I, 8686 [II, 12458 − III, 3229-3210]); b) 1562 « selon la droite raison » juger sainement (Ronsard,
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 11, p. 40, vers 97); 3. 1380 « d'une manière bonne à la santé » (Lexique Aalma ds Roques t. 2, p. 10767). Dér. de sain1*; suff. -(e)ment2*. Fréq. abs. littér.: 68. |