Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SACRER1, verbe trans.
A. − LITURG. [Le suj. désigne un évêque] Conférer à quelqu'un par la cérémonie et l'onction du sacre un caractère sacré. Sacrer un roi. Troyes (...) a vu en 878 ce que Paris n'a vu qu'en 1804, un pape sacrant en France un empereur, Jean VIII couronnant Louis le Bègue (Hugo,Rhin, 1842, p. 33).Une jeune fille délivra Orléans et fit sacrer le roi légitime à Reims (A. France,Orme, 1897, p. 105).V. couronner ex. 3.
B. − P. anal. Conférer à quelqu'un, quelque chose un caractère solennel, une consécration officielle; reconnaître l'existence de quelqu'un, quelque chose en tant que tel. Synon. consacrer.Le deuil sacre les saints, les sages, les génies (Hugo,Contempl., t. 1, 1856, p. 169).Quand nous nous croyons arrivés au paroxysme de l'horreur, du sang, des lois bafouées, de la poésie enfin que sacre la révolte, nous sommes obligés d'aller encore plus loin (Artaud,Théâtre et son double, 1938, p. 36).
[Avec un attribut du compl.] Mais faut-il nommer novice l'adolescent que l'amour a, dès l'enfance, sacré homme et gardé pur? (Colette,Blé en herbe, 1923, p. 108).Années (...) du plus grand éclat, de la gloire officielle, celles où Beethoven se laisse, en quelque sorte, sacrer poète lauréat du Congrès de Vienne (Rolland,Beethoven, t. 1, 1937, p. 70).En partic., dans la lang. des sports. Être sacré champion de l'année. [En 1961] Right Royal était sacré meilleur cheval d'Europe, et l'Arc de Triomphe lui était promis (Zitrone,Courses, 1962, p. 138).L'Olympique de Marseille [un club] a été sacré champion de France pour la cinquième fois, hier soir, en battant Auxerre (L'Est Républicain, 21 mai 1989, p. 412, col. 1).
Péj. V. pancarte B 1 ex. de Glatigny.
Empl. pronom. réfl. Le cœur fidèle se sacre lui-même, car il se couronne de sa propre excellence et s'enveloppe de son propre rayonnement (Amiel,Journal, 1866, p. 345).
[Avec un attribut du compl.] Ils se sacrèrent artistes. Pécuchet porta des moustaches, et Bouvard ne trouva rien de mieux (...) que de se faire « une tête à la Béranger! » (Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 12).
Prononc. et Orth.: [sakʀe], (il) sacre [sakʀ ̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1140 « consacrer (d'un homme d'Église) » (Geoffroy Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1509: Cil fud a evesque sacrez); b) 1155 en partic. « sacrer roi » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 14043); c) ca 1175 « bénir (un lieu...) » (Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 9007: Le baptestire fut sacrez, Saintefiez et aprestez); d) 1593 fig. (Sat. Men. au Roy, p. 255 ds Gdf. Compl.: C'est la vertu qui sacre et couronne les roys); 2. part. passé adj. a) 1175 eve sacree en parlant des fonts baptismaux (Ducs Normandie, 8744); b) ca 1220 virge sacree (Gautier de Coinci, Mir., éd. V. F. Koenig, I Ch 47, 49); c) 1498-1515 (Gringore, Vie Ms S. Loys, 2087, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 94: la sacree magesté royalle de France); d) 1564 Escriture Sacree (Rabelais, Cinquiesme Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 136); 3. 1790 subst. le sacré (Le Moniteur, t. 3, p. 118). B. 1. 1726 « jurer, proférer des jurons » (Grandval, Vice puni, chant VI, p. 45), cf. les imprécations sacré nom d'escadrons (1790) et sacré nom d'enfants (1791, v. Quem. DDL t. 19), sacré nom (1840, ibid., t. 6); 2. a) 1790 sacré « exécré, maudit » (P. Duch., n oIV, Br., fasc. III, p. 251 ds Brunot t. 10, p. 49); b) 1866 sacré antéposé, empl. avec nuance admirative (Delvau, s.v. matin); c) 1894 canadianisme sacrer le camp « foutre le camp » (S. Clapin, Dict. can.-fr.). Empr. au lat.sacrare « consacrer à une divinité; rendre sacré », de sacer, sacrum « sacré (s'opposant à profanum) » cf. Ern.-Meillet: « Sacer désigne celui ou ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller »: de là le double sens de « sacré » ou « maudit ». L'empl. comme intensif blasphématoire de sacré (et de sacre, v. sacre3) et l'ext. de sens de sacrer à « proférer des jurons » (parallèle au développement de jurer* et que DG, Bl.-W.1-5ont expliqué par l'habitude d'empl. sacré dans les jurons) peuvent être dus à l'attraction de sacre « brigand, homme sans foi ni loi » (v. sacre2), cf. Gougenheim ds B. jeunes Rom., n o4, pp. 5-7. Bbg. Benveniste (E.). Les Verbes délocutifs. IN: [Mél. Spitzer (L.)]. Berlin, 1958, p. 63.