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SABOULER, verbe trans.
A. − Fam., vieilli. Sabouler qqn
1. Malmener sans ménagement, secouer. J'y fus [dans ces batailles] saboulé sous les pattes des bêtes (D'Esparbès, Roi, 1901, p. 217).
P. métaph. La nation privilégiée du Christ, la France, a été attaquée (...) saboulée à coups de bottes (Huysmans, Ste Lydwine, 1901, p. 309).
Empl. pronom. réciproque. Se colleter, se battre. Et lui, de son côté, m'ayant attrapé par le col de ma blouse, nous nous saboulions comme à prix fait (E. Le Roy, Jacquou le Croquant, 1900, p. 224 ds Rheims 1969).
Au fig. Bouleverser, troubler. − (...) Je suis champi, je sors de l'hospice. − Oui-da! s'exclama Jean Vertaud, un peu saboulé par cette confession; je ne l'aurais jamais pensé (Sand, Fr. le Champi, 1848, p. 103).
2. Réprimander, tancer vivement. M. le Chevalier (...) va me sabouler d'importance, voilà trois heures que je devrais être en route (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 128).
B. − Argot
1. Sabouler qqc.Décrotter, laver. Laver son linge est le sabouler (Rossignol, Dict. arg., 1901, p. 97).
2. Sabouler qqn.Vêtir élégamment; p. ext., habiller (bien ou mal). La première fois qu'elle foutait ses tatanes dans une turne pareille, sûr! Mario l'avait saboulée pour la circonstance (Le Breton, Rififi, 1953, p. 33).Comment qu'il était saboulé, le lascar! Comme dans les films ricains (Le Breton, Razzia, 1954, p. 10).
Empl. pronom. réfl. Gégène se saboulait comme les hommes d'avant 14: valseur à la mal-au-bide et grivelle [casquette] à carreaux (Pt Simonin ill., 1957, p. 255).Une greluche qui ne sait pas se sabouler (Riv.-Car.1969).
REM.
Saboulée, subst. fém.a) Correction, volée de coups. J'en serai quitte pour une saboulée du grand Labescaur (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 35).b) Réprimande. Cette saboulée avait duré deux heures d'horloge, pendant lesquelles l'ex-chasseur alpin était demeuré immobile (L. Daudet, Ariane, 1936, p. 66).
Prononc. et Orth.: [sabule], (il) saboule [-bul]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [Ca 1500 sans indication de sens d'apr. Bl.-W.1-5] I. 1. 1530 sabouler qqn des pieds « fouler aux pieds, houspiller » (Mathurin Cordier, De corrupti sermonis emendatione libellus, p. 56 d'apr. Sain. Lang. Rab. t. 2, p. 153; cf. aussi H. Lewicka ds Kwart. neofilol. t. 1, p. 77); 1546 « malmener, secouer violemment » spéc. sabouler une femme sens libre (Rabelais, Tiers Livre, XXV, éd. M. A. Screech, p. 177, 13); 2. a) ca 1540 réfl. se chabouler comme un veau « hoqueter en pleurant » (Le Médecin, le badin, la femme... ds Rec. de Farces..., éd. Leroux de Lincy et Fr. Michel, t. 2, p. 16); b) 1628 « se secouer, s'agiter, simuler l'épilepsie [en parlant d'un gueux voulant exciter la pitié] » (O. Chéreau, Jargon ou lang. de l'arg. réformé, p. 27); 3. a) id. intrans. « tourmenter, inquiéter [en parlant des intempéries] » (O. Chéreau, op. cit., p. 30: durant l'hyver quand le gris saboulle); b) 1675, 9 déc. trans. « malmener, houspiller, tancer (une personne) » (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 953). II. 1935 arg. des voyous réfl. « faire toilette, se farder » (d'apr. Esn.); 1953 id. « se vêtir coquettement » (ibid.). Peut-être issu, par formation tautologique, du croisement de saboter*, au sens du m. fr. « heurter, secouer » (xives. ds Gdf.) et de bouler* « rouler » relevé en norm. au sens de « jeter bas, jeter par terre » (FEW t. 1, p. 610b); cf., d'autre part, bouler relevé en b. manceau et en poit. au sens de « faire mal, faire avec hâte, saboter [un ouvrage] » (ibid., p. 611a) et sabouler relevé au même sens dans divers dial. (Picardie, Anjou, Aube) (ibid., p. 613b). Les rapports de I et de II sont mal élucidés, il s'agit peut-être de 2 mots différents, l'orig. de II demeurant obscure.