| RÉVOLUTIONNAIRE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [Corresp. à révolution II B 2] Qui concerne une révolution politique. 1. Qui est institué par une révolution; qui en émane. Armée, assemblée, gouvernement révolutionnaire. Il est bien difficile de délimiter les droits d'un pouvoir révolutionnaire agissant au nom d'un pays insurgé (About, Grèce, 1854, p. 329).Vingt ans après la prise de Pékin par l'armée révolutionnaire de Chang-Kaï-Shek, nous attendons la prise du canton de Chang-Kaï-Shek par l'armée révolutionnaire de Mao-Tsé-Toung (Malraux, Conquér., 1928, p. 163). 2. Qui est relatif à une révolution déterminée, à la période correspondante. Situation (...) où s'était trouvée l'Angleterre en 1653, à la fin de la tourmente révolutionnaire (Guizot, Hist. civilis., leçon 13, 1828, p. 32). − HIST. [En parlant de la Révolution française] Synon. de républicain.Calendrier révolutionnaire; armée révolutionnaire. Tribunal révolutionnaire. Tribunal d'exception institué par la Convention pour juger les attentats contre la République et dont les jugements étaient exécutoires immédiatement. La faction qui le contrôlait [le « Comité de Salut public »] exerça le pouvoir judiciaire par l'intermédiaire du Tribunal révolutionnaire ou Tribunal criminel extraordinaire, que la Convention avait établi en mars 1793 (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 15). 3. Qui est favorable à la révolution. Socialisme révolutionnaire. L'esprit voltairien et révolutionnaire de l'ancienne armée sortie de la République (Hugo, Corresp., 1869, p. 230).L'esprit généreux et absurde du Paris révolutionnaire à la fin du règne de Louis-Philippe (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 7). B. − [Corresp. à révolution II B 3] Qui concerne la révolution en soi, ses principes, ses moyens; qui est conforme à ces principes. Dans la bonne pratique révolutionnaire, l'ami d'hier devient vite l'ennemi d'aujourd'hui (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 292).L'action révolutionnaire ou syndicale la plus efficace a toujours été le fait d'élites ouvrières que la faim ne stérilisait pas (Camus, Homme rév., 1951, p. 264). ♦ Guerre* révolutionnaire. C. − Qui bouleverse les principes établis; qui tend à transformer des modes de pensée, d'action, des procédés de fabrication. Invention, procédé révolutionnaire; conceptions révolutionnaires. Ce but est révolutionnaire, si l'on appelle révolution un bouleversement, même pacifique, qui remue le fond des êtres; et c'est bien l'intime de l'homme que nous prétendons changer (Wilbois, Comment fonct. entr., 1941, p. 63).L'avion révolutionnaire à tuyère thermopropulsive de l'ingénieur René Leduc (Industr. aéron. fr., 1962, p. 5). II. − Substantif A. − Personne qui prend part à une révolution politique. Charles II fut rappelé en Angleterre après les crimes des révolutionnaires et le despotisme de Cromwell; la réaction que produisent toujours sur le vulgaire les forfaits commis sous prétexte d'une belle cause, comprima l'élan du peuple anglais vers la liberté (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 169).V. mie1ex. 2. B. − Personne qui est favorable à la révolution considérée comme unique moyen de transformation des institutions, de la société; partisan, propagandiste de la révolution. Quand une coutume date de plusieurs siècles, il y a toujours bien des inconvénients à la changer d'une façon trop brusque. Le pire de tous, c'est d'ouvrir la porte à l'esprit de révolution. Défions-nous des révolutionnaires, qui sont tous des anarchistes (Sarcey, Mot et chose, 1862, p. 243).Les révolutionnaires professionnels du marxisme et de l'anarcho-syndicalisme (Camus,Révolte Asturies, 1936, II, 2, p. 413). C. − Personne qui apporte des transformations fondamentales. Synon. novateur.Courbet, avait été un révolutionnaire au double point de vue artistique et social, et (...) les scandales qu'il avait soulevés dans la société du second empire sont à l'origine du croissant divorce entre l'art et la société (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 15). − Par personnification. [À propos d'une découverte, invention qui apporte un bouleversement] Vous pensez sans doute au radium, ce grand révolutionnaire des temps présents (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 180). Prononc. et Orth.: [ʀevɔlysjɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1790, 19 avr. « relatif à une révolution » (Mirabeau peint par lui-même, Paris, 1791, t. 3, p. 72 ds Ranft, p. 123: les circonstances révolutionnaires qui nous ont agités); 1793, 9 mars tribunal révolutionnaire (La Société des Jacobins, publié par F. A. Aulard, t. 5, p. 79, ibid., p. 103); 1793-94 mesures révolutionnaires (Desmoulins ds Vx Cordelier, p. 181); 1794, août gouvernement révolutionnaire (Journal de la Montagne, 13 therm. an II ds Frey, p. 99); b) 1790, 11 sept. adj. « partisan de la révolution » (Mirabeau peint par lui-même, t. 3, p. 336 ds Ranft, p. 123: un martyr révolutionnaire); 1790, 11 sept. subst. (Réimpression de l'Ancien Moniteur, t. 5, p. 629a, ibid.); 2. a) 1793, 24 nov. adj. fig. « expéditif, qui se décide sans appel, sans délai » (Séance du Cons. Gén. District ds G. Lefebvre, Doc., t. 1, p. 428 ds Brunot t. 9, p. 619, note 5: ces arrêtés sont « révolutionnaires »); b) 1794-95 p. ext. « novateur, original; qui tend à renverser les principes établis » (s. réf. ds Brunot, t. 9, p. 619: cours révolutionnaires sur la fabrication du salpêtre [...] procédé révolutionnaire de tannage des cuirs); 1842 (Reybaud, J. Paturot, p. 257: instincts révolutionnaires [en litt.]); 1860 subst. « novateur » (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, p. 331: des révoltés en littérature, de francs révolutionnaires). Dér. de révolution*; suff. -aire1*. Fréq. abs. littér.: 2 427. Fréq. rel. littér.: xixes. : a) 1 838, b) 2 238; xxes.: a) 5 470, b) 4 262. Bbg. Quem. DDL t. 23 (s.v. socialo-révolutionnaire). − Ranft 1908, p. 123. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 303. |