| RÉVEILLON, subst. masc. I. A. − Vx ou région. Repas ou collation pris à une heure avancée de la nuit. Synon. souper.Tiens, dit-elle en regardant la table, où se trouvaient encore les préparatifs du modeste festin auquel les deux amis avaient à peine touché, vous allez souper? (...) − Au fait, dit l'artiste, puisque vous voilà, Mimi, vous partagerez la fortune du pot. Nous nous étions proposé de faire réveillon avec Rodolphe (Murger,Scènes vie boh.,1851, p. 291).Il avait assisté à des partages nocturnes, à des réveillons d'assassins dans des caves de bâtisses (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 165). B. − En partic. Repas de fête que l'on fait pendant la nuit de Noël et (depuis la fin du xixes.) pendant la nuit du nouvel an. Réveillon de Noël, de la Saint-Sylvestre. Nous attendons joyeusement minuit, en compagnie de quelques camarades, assis devant des tasses de chocolat et des brioches, − honnête petit réveillon de pensionnaires, − et 1880 se termine ainsi (Loti,Journal,1878-81, p. 207).Nadau, en Armagnac Noir, est pour les paysans la fête traditionnelle par excellence. Elle comporte deux réjouissances, l'une religieuse, la messe de minuit, l'autre profane, le réveillon. Et celui-ci se compose exclusivement de la « daube », mets local, longuement apprêté (Pesquidoux,Chez nous,1923, p. 111). − P. méton. Fête de la nuit de Noël et du nouvel an. Soir, nuit de réveillon; faire le réveillon. Nous avons retrouvé Paris, au soir du 1erjanvier, dans toute la vacuité morne d'un lendemain de réveillon (Larbaud,Journal,1935, p. 347).− Tu dois être contente: tu l'as réussi ton réveillon! − Henri aime tant les fêtes, dit Paule (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 31). II. − [Corresp. à réveiller B 1] PEINT. ou DESSIN, vieilli. Touche claire ou brillante utilisée pour raviver, éclairer une couleur ou un tableau. Il ne lui faut presque rien [à Fragonard] pour rendre son idée; un frottis de bitume, une teinte locale rosée ou bleuâtre, quelques hachures, un réveillon de lumière et voilà tout un monde de figurines qui vivent (Gautier,Guide Louvre,1872, p. 183).La claire et pétillante peinture de Pater, avec ses lumineux réveillons, avec ses allumements de couleurs tendres (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 161). Rem. On relève une attest. de réveillon pour désigner quelque chose qui réveille (v. réveiller B 1): J'en vins à chercher, parmi les filles les plus pimentées de toilettes, à trouver des réveillons de désirs dans une fleur de poudre, dans un rehaut de fard (Huysmans, Marthe, 1876, p. 139). Prononc. et Orth.: [ʀevεjɔ
̃]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. [1355, le dér. réveillonner*] 1. 1531 « petit repas fait la nuit en compagnie » (Ch. de Bourdigné, Leg. de Pierre Faifeu, éd. F. Valette, Epytaphe, p. 30); 1750 spéc. (Le Roux, Dict. com., Amsterdam, Chastelain, p. 141b: espèce de divertissement qui se pratique en France, après la Messe de minuit. Faire réveillon); 2. 1762 peint. (Ac.). Dér. de réveiller*; suff. -on*. Fréq. abs. littér.: 90. Bbg. Quem. DDL t. 19, 31. − Spitzer (L.). Réveillon. Fr. mod. 1949, t. 17, p. 84. |