| RÉTENTION, subst. fém. A. − Action de garder par devers soi ce qu'on devrait mettre en circulation, ce qu'on devrait diffuser. Rétention d'information. En certains cas le crédit a eu pour effet (...) de permettre l'acquisition anticipée ou la rétention de marchandises dans la crainte ou l'espoir d'une hausse future (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 10, col. 1).La rétention des fruits du progrès par la grande entreprise, combattue par le syndicat, l'opinion, la loi, ne l'est plus guère quand elle est le péché des nations (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 19). − DR. Droit de rétention. Droit qu'a un créancier de garder un bien appartenant à un débiteur, jusqu'à acquittement de la dette. (Dict. xxes.). B. − PHILOS., PSYCHOL. Mémorisation des perceptions, des sensations. Après la perception vient la rétention ou la puissance de retenir les perceptions actuelles, les idées, de les contempler lorsqu'elles sont présentes, ou de les rappeler lorsqu'elles sont évanouies (Cousin, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 97). − [P. oppos. à protension] ,,Tension en arrière, retour de l'esprit vers le passé immédiat`` (Foulq.-St-Jean 1962). Or chaque moment présent a par essence un horizon d'anticipation (ou comme dit Husserl, de protention), et un horizon de mémoire ou mieux, au sens le plus large du mot, de rétention. « Le présent devient sans cesse un autre présent », cela signifie: « chaque futur anticipé devient présent » et « le présent devient passé retenu (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 143).V. protension ex. C. − 1. MÉD. Accumulation et maintien dans l'organisme de produits qui devraient être éliminés. Rétention d'urine; rétention placentaire; rétention d'eau dans les tissus. Le sang, s'étant porté sur la vessie, occasionna une rétention qu'on essaya de soulager au moyen de la sonde (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 481).La rétention dont il [J.-J. Rousseau] souffrait déterminait toujours de nouveaux troubles que les médecins d'alors ne pouvaient expliquer (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 260). 2. PÉDOL. ,,Phénomène par lequel un sol retient en son sein une certaine quantité d'eau`` (Lar. agric. 1981). REM. 1. Rétentionnaire, adj. et subst.Celui, celle qui exerce un droit de rétention. (Dict. xixeet xxes.). Synon. rétenteur. 2. Rétentionnel, -elle, adj.,philos., psychol. Relatif à la rétention. Les impressions kinesthésiques sont unifiées, elles aussi [comme les impressions visuelles], par des actes rétentionnels et protentionnels (Sartre, Imaginaire, 1940, p. 103). 3. Rétentionniste, subst.,méd. ,,Patient affecté de rétention d'urine`` (GDEL). Prononc. et Orth.: [ʀetɑ
̃sjɔ
̃]. Ac. 1694, 1718: retension; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1291 « action de réserver ses droits » (Trésor des Chartes de Rethel, I, 415, 15 ds Runk, p. 102); 1690 droit de retention (Fur.); 2. 1314 « empêchement de l'évacuation d'un liquide ou d'un solide habituellement évacué par le corps » (Chirurgie Henri de Mondeville, 527 ds T.-L.); 3. ca 1590 « mémoire » (Montaigne, Essais, II, X, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 408); 4. av. 1632 « dissimulation, fait de garder une information » (A. Hardy, Félismène, Théâtre, éd. Stengel, III, 175-176 ds IGLF); 5. 1645 arithm. [retenue* étymol. G] (Pascal, La Machine arithmétique, Œuvres complètes, éd. J. Mesnard, t. 1, p. 337); 6. 1690 « prise en considération (d'une cause) » (Fur.). Empr. au lat.retentio « action de retenir, de maintenir, empêchement d'écoulement », dér. de retinere (retenir*). Fréq. abs. littér.: 42. |