| RÉGURGITER, verbe trans. Faire revenir volontairement ou non le contenu de l'estomac ou de l'œsophage dans la bouche. Pour nourrir le jeune [manchot], l'adulte ayant régurgité un peu de nourriture à demi digérée dans son pharynx, le poussin va la chercher en introduisant sa tête et son bec dans la bouche du nourrisseur (M. Boubier, L'Oiseau et son milieu, 1922, p. 182).Si l'enfant malade pleurnichait, régurgitait le biberon, se retournait, grognant, après huit ou dix succions, toutes ces réactions par quoi la petite vie innocente n'exprimait que transitoire malaise animal, apportaient à la mère une souffrance d'une bien autre richesse (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 151).♦ P. métaph. Au sommet de la côte la salle Pleyel régurgitait sa bouillie de mélomanes (Arnoux, Paris, 1939, p. 133). − Part. passé adj. Chez les nourrissons, l'oreille externe doit être protégée contre la pénétration de l'eau savonneuse du bain, et contre le lait régurgité (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 282). − [Le suj. désigne un animal ruminant] Les ruminants, et en particulier les bovins, en mangeant avalent gloutonnement leur nourriture lorsqu'ils sont au pâturage, puisque grâce à la rumination, ils ont la faculté de la régurgiter pendant leur repos et de la mastiquer une seconde fois (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 21). ♦ P. métaph. Il en est [des Français] qui prennent de petits airs goguenards et régurgitent tout au long du jour, comme des ruminants, le dernier bobard de la propagande anglaise (L'Œuvre, 16/17 juin 1941). Prononc.: [ʀegyʀ
ʒite], (il) régurgite [-ʒit]. Étymol. et Hist. 1. 1540 intrans. « regorger » (P. Bocellin, Practique, f o6 v o: le sang corrumpu [...] regurgite par tout le corps); 2. 1842 trans. (Ac. Compl.). Dér. sav. du lat. gurges, gurgitis « tourbillon d'eau, gouffre » (gorge*); dés. -er; préf. ré-*. Cf. ingurgiter. |