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RÉFORMATEUR, -TRICE, subst. et adj.
I. − Substantif
A. − Celui, celle qui réforme un ordre religieux, sa discipline, sa règle, son observance. S. Benoît d'Aniane, réformateur des Bénédictins, en France (Chateaubr.,Génie, t. 2, 1803, p. 560).Et pourtant elle était la grande Angélique, la réformatrice et la sainte de Port-Royal, et une Arnauld (Montherl.,Port-Royal, 1954, p. 1012).
B. − Subst. masc.
1. Celui qui fait des réformes, qui exerce une influence déterminante, qui apporte de nouvelles règles, une nouvelle manière de penser dans un domaine. Que l'on n'aille pas conclure de tout ceci que je prétends m'ériger en réformateur de la géométrie, ni même que j'ai le projet d'apporter le moindre changement dans sa nomenclature (Destutt de Tr.,Idéol. 3, 1805, p. 478).Nous possédons réellement (...) la version authentique du réformateur de la musique religieuse (Bénédictins,Paléogr. mus., t. 2, 1889, p. 4).
Péj. Celui qui veut réformer les autres. S'ériger en réformateur; faire le réformateur. La logique du vertueux réformateur [Robespierre] le poussait à supprimer les hommes en même temps que les abus (Proudhon,Confess. révol., 1849, p. 89).Brieux n'est peut-être qu'un auteur comique qui s'est cru réformateur de mœurs (Renard,Journal, 1906, p. 1029).
2. Celui qui organise, qui modifie profondément une institution, ses structures, qui apporte des changements importants dans l'ordre politique, social, économique; en partic., partisan, membre du parti réformateur. C'est un réformateur parlementaire, c'est M. de Lanessan, qui, par ses décrets, imposa l'incohérence aux services du ministère et facilita la révolte dans les arsenaux (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p. 69).Réformateur judiciaire, saint Louis fut aussi un réformateur de la société. Il pousse à la libération des serfs, il étend le droit de bourgeoisie. Surtout il organise les corporations (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 73).
3. Spécialement
a) HIST. RELIG.
Les Réformateurs. Les auteurs de la Réforme protestante du xvies. (Luther, Calvin, Zwingli):
Le droit d'examiner ce qu'on doit croire est le fondement du protestantisme. Les premiers réformateurs ne l'entendoient pas ainsi (...); mais ils avoient tort d'espérer qu'on se soumettroit à leurs décisions comme infaillibles, eux qui rejetoient toute autorité de ce genre dans la religion catholique. Staël,Allemagne, t. 5, 1810, p. 41.
Ceux qui ont participé à la Contre-réforme catholique. Olier, dans ce groupe de réformateurs catholiques, présente un caractère à part. Sa mysticité est d'un genre qui lui appartient (Renan,Souv. enf., 1883, p. 203).Aussi voyons-nous les réformateurs bérulliens demander beaucoup à la moyenne du clergé français. La réforme de Grégoire VII est toute disciplinaire et morale, celle de Bérulle, toute mystique (Bremond,Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 158).
b) POL. Partisan, membre du mouvement réformateur créé en 1971 et rapprochant des membres du parti radical et du centre démocrate. L'échec des négociations entreprises entre Mitterrand et Servan-Schreiber et la signature du programme commun de gouvernement marquent la rupture entre socialistes et réformateurs (Lar. encyclop. Suppl.1975).
c) PSYCH. ,,Se dit (...) de sujets de structure mentale délirante, paranoïaque ou idéaliste passionnée, qui aspirent à transformer la société pour en établir une nouvelle correspondant à leurs vues`` (Carr.-Dess. Psych. 1976). Son optimisme [de Fourier] ne s'arrêtait pas à croire en la bonté de l'espèce humaine, mais se confiait aux combinaisons les plus hypothétiques, et c'est là ce qui constitue un réformateur (Barrès,Enn. Lois, 1893, p. 97).
II. − Adj. Qui réforme, qui vise à réformer. Pouvoir réformateur; secte réformatrice; délire réformateur. En 1431, nouveau concile qui se rassemble à Bâle (...). Il reprend et continue le travail réformateur du concile de Constance (Guizot,Hist. civilis., leçon 2, 1828, p. 27).Doctrines réformatrices (Comte,Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 534).
En partic. Parti réformateur. Parti politique qui préconise des réformes visant à transformer l'ordre social existant (d'apr. Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth.: [ʀefɔ ʀmatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1327 subst. « personnes qui pratiquent des réformes » (Ord. ds Rec. anc. lois franç., éd. Jourdan, Decrusy, Isambert, t. 3, p. 332); 2. 1688 « nom donné aux fondateurs de l'Église Réformée » (Bossuet, Var., VII, 97 ds Littré); 3. ca 1590 adj. fém. plur. (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 446). Empr. au lat.reformator « réformateur, qui renouvelle ». Fréq. abs. littér.: 255. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 498, b) 198; xxes.: a) 409, b) 306. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 400. − Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris-Bruxelles, 1975, p. 59, 64, 65. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 299.