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RÉCOMPENSER, verbe trans.
A. − Vieilli. Dédommager. Je sais que vous avez beaucoup perdu, mais je vous récompenserai (Ac.1935).Nous ferons un autre marché qui vous récompensera (Ac.).Un officier courlandais, à qui on donna cette chétive commission, pour le récompenser de la perte d'une jambe emportée au siége de la ville de Dordrecht (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 287).
Récompenser le temps perdu. Rattraper le temps perdu. Si jamais cela arrive, je récompenserai le temps perdu (...). Je m'en taperai de ces bons déjeuners (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 246).
B. − Accorder une récompense, en remerciement d'un service rendu, d'une action qui mérite la considération, la reconnaissance.
Qqn récompense qqn (avec, de, par qqc.).Anton. châtier, punir.Récompenser un ami, un serviteur, le vainqueur; récompenser qqn de sa bonté, de son obéissance, de son zèle; être récompensé selon ses mérites, selon ses œuvres. Lord Glenarvan avait serré la main du jeune capitaine en disant: « Merci, John ». Et John se sentit généreusement récompensé avec ces deux seuls mots (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 60).Elle récompensait quelquefois son mari d'un regard, d'un demi-sourire (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 137).Empl. pronom. réfl. Après une heure d'efforts, de cris, de fureur Brague se repose, se récompense, en travaillant sa grande scène (Colette, Music-hall, 1913, p. 208).
Loc. Que Dieu le/vous récompense! Dieu le/vous récompensera. Que Dieu le récompense, S'il vient nous annoncer que l'Anglais est battu (Dumas père, Charles VII, 1831, i, 1, p. 234).Elle m'a tout donné, absolument tout, Dieu la récompensera (Bernanos, Joie, 1929, p. 582).
P. antiphr. Il a été justement récompensé de ses perfidies (Ac.). Me voilà bien récompensé.
Qqn récompense qqc.Récompenser le bien, le civisme, le courage, le désintéressement, les efforts, le mérite, la peine, les services, les soins, la vertu de qqn. Nathalie voulut absolument récompenser cet amour si désintéressé, si puissant, si vrai; elle déclara donc à son père que M. du Bergh était le seul homme qu'elle consentît à épouser (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 245):
Il vaudrait mieux ne point récompenser une bonne action que de la récompenser mal. Un soldat avait eu les deux bras emportés dans un combat. Son colonel lui offrit un écu. Le soldat lui répondit: Vous croyez sans doute mon colonel que je n'ai perdu qu'une paire de gants. Éluard,Donner, 1939, p. 194.
P. iron. Et voilà comme la vertu est toujours récompensée. Si elle était récompensée, elle ne serait pas la vertu (Flaub., Corresp., 1872, p. 363).
Qqc. récompense qqc.La victoire viendrait couronner nos efforts et récompenserait les immenses sacrifices supportés pour la cause commune par la Belgique (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 469).
REM.
Récompensant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui récompense. L'observation des souris était infiniment plus récompensante (Gide, Si le grain, 1924, p. 445).
Prononc. et Orth.: [ʀekɔ ̃pɑ ̃se], (il) récompense [-pɑ ̃:s]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1322 « compenser » (Arch. nat., JJ 61, f o40 r ods Gdf. Compl.: douze sols [...] li sont reconpensé pour deus polkins d'aveine); b) dernier quart xives. « dédommager » (Froissart, Chron., éd. S. Luce, t. 3, p. 108: le recompensa [...] de tant de revenue); ca 1445-60 pronom. « se dédommager » (Charles d'Orléans, Rondeaux, éd. P. Champion, CCXCVIII, p. 462: en repos se soit recompensee); 1462 (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 198: quelc'um s'en recompence); 2. a) dernier quart xives. « reconnaître une action, un service, un mérite par une récompense » (Froissart, Chron., éd. A. Mirot, t. 15, p. 189: en recompensant les painnes et les travaulx que vous avez eues); b) fin xives.: « gratifier (quelqu'un) d'une récompense » (Roques t. 2, n o10295: recompenso. sas. recompenser. remunerer [sens incertain]); ca 1445-60 (Charles d'Orléans, op. cit., CXLII, p. 372: Mal les voulez recompanser); c) 1555 p. antiphr. « châtier, punir » (Ronsard, Meslanges ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 6, p. 189, 255). Empr. au b. lat. et lat. chrét.recompensare « donner en retour, payer, donner en compensation », dér. de compensare (compenser*); préf. re- (re-*). Fréq. abs. littér.: 1 068. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 267, b) 1 436; xxes.: a) 1 356, b) 1 020.
DÉR.
Récompenseur, subst. masc.Celui qui récompense. Quand on a, soit en ses mains, soit dans son esprit, quelque autorité, il faut être non-seulement juste ou équitable, mais justicier, c'est-à-dire punisseur ou récompenseur (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 360). [ʀekɔ ̃pɑ ̃-sœ:ʀ]. 1resattest. a) av. 1544 « celui qui paie de retour, qui rend la pareille » (B. des Périers, Cantique de Moyse ds Œuvres, éd. L. Lacour, t. 1, p. 183), b) 1577 « celui qui récompense » (A. Du Verdier, Diverses leçons, l. 2, chap. 19, p. 114: Dieu [...] juste recompenseur des vices et des vertus); de récompenser, suff. -eur2*.