| RÉCITER, verbe trans. A. − Dire à haute voix. 1. Vieilli. [Le compl. d'obj. dir. désigne une histoire, un récit] Cette sentence me vient de mon oncle, qui a servi sous le grand Napoléon, qui n'a jamais manqué de la dire avant de réciter une bataille (Musset, Mimi Pinson, 1845, p. 225).Un poëte qui chantait des hymnes, et un devin qui récitait des oracles (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 173). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne un texte appris par cœur] Réciter un poème, une leçon, une dizaine de chapelet, une prière. Il fallait bien qu'il entendît les enfants réciter leur catéchisme (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 141): À douze ans nous avons passé notre certificat, récité par cœur et dans l'ordre toutes les sous-préfectures de France, la date de la mort de Clovis, celle de la naissance de Henri IV, celle du mariage de Louis XIV.
Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 86. − En partic. Jouer (un rôle) au théâtre, déclamer. La manière dont Talma récite le monologue suivant est sublime (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 230).Un comédien veille, prêt à réciter un rôle su d'avance (Martin du G., Devenir, 1909, p. 155). 3. Empl. pronom. réfl. Se dire à soi-même, pour soi-même. Il se récita plusieurs fois la fable du corbeau et du renard (Chardonne, Épithal., 1921, p. 225).Se récitant les noms de stations de telle ou telle ligne (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 74). 4. Empl. abs. Mettre le ton en récitant. Ce n'est pas toujours l'idée de la veille; mais enfin, il raisonne, ou il récite, et son discours se suit (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 202). B. − P. anal., fam. Dire sans conviction, sans sincérité. D'une voix sonore, nasillarde et traînante, il récite un sermon sans couleur (Green, Journal, 1942, p. 205). − En partic. [Au théâtre] Dire, jouer mal, jouer faux. Ce n'est pas senti, ma chère enfant... Vous récitez... Je vous ai pourtant menée voir cela aux Français (Goncourt, R. Mauperin, 1864, p. 144).Elle le récite [ce monologue] comme une pensionnaire qui a préparé un compliment (Zola, Page amour, 1878, p. 1016). C. − MUS. Chanter (un récitatif). Vous savez que nous avons une antienne à réciter au public (...) du Conservatoire (Berlioz, Souv. voy., 1869, p. 133). Prononc. et Orth.: [ʀesite], (il) récite [-sit]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 « lire à haute voix » (Wace, Vie de Saint Nicolas, 226 ds T.-L.); 2. 1269-78 « rapporter les paroles de quelqu'un » (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 7067); 3. 1530 « dire de mémoire un texte » (Palsgr., p. 681); 4. 1768 « chanter ou exécuter un récit musical » (Rousseau). Empr. au lat.recitare « lire à haute voix (une loi, un acte) »; « lire (son propre ouvrage) en public »; d'où « réciter, dire de mémoire », dér. de citare « appeler, convoquer » (v. citer), préf. intensif re-. Fréq. abs. littér.: 1 454. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 215, b) 1 761; xxes.: a) 2 742, b) 2 552. |