| RÂTEAU, subst. masc. A. − 1. Outil agricole et horticole composé d'un long manche et d'une traverse munie de dents de fer ou de bois qui sert en particulier, en jardinage, à nettoyer et à égaliser la surface du sol et, en agriculture, à ramasser les foins coupés. Râteau de fenaison; râteau de jardinier; manier, passer le râteau; peigner au râteau; pelle et râteau. Il achevait de relever avec le râteau le foin sec et odorant en petits monceaux (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p. 445).Les enfants eux-mêmes ramassaient l'herbe que laissaient fuir les dents du râteau (Arland,Ordre, 1929, p. 42).V. faneur ex. de Gide. − Loc. verb. pop., p. plaisant. Se donner un coup de râteau. Se peigner (d'apr. Sandry-Carr. 1963). − En partic. Râteau à cheval, râteau mécanique. Instrument agricole, attelé ou tracté, composé d'un chassis équipé de deux roues et d'une rangée de longues dents courbes en acier qui sert à ramasser le foin et à former les andains. Le râteau à cheval est utilisé pour disposer, sous forme de boudins assez volumineux, le fourrage qui avait été précédemment étalé à la surface du champ (Passelègue,Mach. agric., 1930, p. 195).Les tentatives de passage à la traction mécanique restent encore très limitées (1919)... Seule la petite mécanisation progresse: rateau mécanique, 1919 (Hist. de la France rurale, Paris, éd. du Seuil, 1976, p. 63). ♦ Râteau-faneur. V. faneur rem. et râtelage dér. s.v. râteler ex. de Ballu. 2. HÉRALD. Meuble de l'écu qui représente cet outil, sans manche et les dents dirigées vers la pointe d'écu (d'apr. Lar. 20e). B. − 1. P. anal. (de forme) a) Objet (en particulier outil ou pièce d'un mécanisme) muni de dents séparées. Râteau de rasoir mécanique (Rob.). − HORLOG. Segment de roue dentée qui commande le mécanisme du mouvement d'une montre. Pour les horlogers, le râteau est une portion de roue dentée, qu'on emploie pour faire avancer ou retarder la marche du mouvement (Havard1890). − MAR. ,,Bloc de bois long, étroit, et garni de réas qui y sont disposés verticalement, pour le passage des cordages ou manœuvres`` (Bonn.-Paris 1859). − SERR. ,,Pièce métallique à dents utilisée comme garniture des serrures communes`` (Barb.-Cad. 1971). Nous ne parlerons point ici du râteau, qui exprime les gardes dont les pointes passent dans les entailles du museau de la clef (...), nous observerons seulement que cette garniture est assez rare à présent (Desormeaux,Nouv. manuel serr., 1866, p. 271). − TISS. Peigne à recouvrement mobile, équipé de grosses broches rondes, qui est employé pour le montage des chaînes. (Dict. xxes. excepté Ac.). b) Loc. adj. ou adv. En râteau. [En parlant de plusieurs éléments] Disposés comme les dents d'un râteau. Tables en râteau. Le gros des navires s'avançait en râteau (La Varende,Tourville, 1943, p. 166). c) LITHOGR. Pièce fixe d'une presse lithographique manuelle, composée d'une traverse en bois surmontée d'un manche vertical, qui sert à presser le papier contre la pierre encrée. Dans presque toutes les presses, la pression s'exerce sur la pierre par une pièce de bois dressée en double biseau et généralement connue sous le nom de râcle ou râteau (Villon,Dessin. et impr. lithogr., 1932, p. 340). 2. P. anal. (de forme et de fonction). Outil ou instrument muni d'un manche et d'une traverse dentée ou non, qui sert à râcler une surface, à ramasser des choses éparses. Râteau pour ramasser le sel. Une vente de livres ou de curiosités a, pour les amateurs, l'attrait d'un tapis vert. Le râteau du commissaire, qui pousse les livres et ramène l'argent, rend cette comparaison fort exacte (Nerval,Filles feu, Angélique, 1854, p. 583).Ses jours se passaient à inspecter (...) les râteaux pour les cendres de l'autel (Flaub.,Salammbô, t. 2, 1863, p. 21): Les pêcheurs à la basse eau se servent de deux espèces de râteaux; les uns, semblables à ceux des jardiniers, les autres, beaucoup plus grands: tous ont des dents de fer; on s'en sert pour amasser les coquillages qui sont à la superficie, ou pour entamer le sable...
Baudr.Pêches1827. − Spécialement ♦ JEUX. Instrument formé d'un manche muni d'une plaquette, avec lequel le croupier de casino ramasse l'argent et les jetons. Quant au jeune homme, il ne comprit sa ruine qu'au moment où le râteau s'allongea pour ramasser son dernier napoléon (Balzac,Peau chagr., 1831, p. 10).Une table verte où des râteaux ramassent des cartons coloriés de noir ou de rouge et des jetons d'ivoire (Faure,Espr. formes, 1927, p. 273). ♦ MAR. Râteau de pont. Raclette faite d'une planche emmanchée garnie de cuir ou de caoutchouc pour essuyer le pont d'un navire (d'apr. Merrien 1958). ♦ MÉTALL. Outil à long manche, à extrémité fourchue, utilisé pour charger le charbon dans les fourneaux et remuer les matières en fusion. Synon. râble1.Les râteaux se remirent à fouiller le charbon (Zola,Germinal, 1885, p. 1187).[Le mineur] commence (...) par rassembler [les matières abattues] avec un râble ou un râteau (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p. 279). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑto], [-a-]. Littré, Lar. Lang. fr.: [-ɑ-]. Ac. 1694, 1718: rasteau; dep. 1740: râ-. Étymol. et Hist. 1180-90 agric. rastel (Alexandre de Paris, Alexandre, I, 3264 ds Elliott monographs, XXXVII, p. 73); p. anal. a) 1473, juin serr. rasteau en la clef (Ordonnances des rois de France, XX, éd. Pastoret, p. 230); b) 1752 horlog. (Trév.); c) id. pêche (ibid.); d) 1765 tiss. « gros peigne employé pour le montage des chaînes » (Encyclop. t. 13, p. 824b); e) 1831 jeux râteau [du croupier] (Balzac, loc. cit.). Du lat. rastellus, dimin. de raster « hoyau, bêche, râteau ». Fréq. abs. littér.: 161. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 98. |