| RURAL, -ALE, -AUX, adj. A. − [En parlant d'une chose] Qui appartient aux champs, qui concerne les champs, la campagne; de la campagne. Synon. campagnard, champêtre, paysan.Commune, économie, exploitation, société rurale; domaine, habitat rural; exode rural (v. exode B 1 b); génie rural (v. génie III B 3). Dans ce monde rural où tout est le prix de la sueur, où le cœur s'endurcit comme les mains, à force de peiner, les grands-parents, le père et la mère même deviennent à charge (...). Eux-mêmes se sentent inutiles (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 225): C'était un quartier qui suffisait à ses habitants, dont les plus grandes exigences étaient comblées par les souvenirs ruraux qui traînaient encore du côté de la rue Lhomond, de la rue Rataud et de la rue du Pot de fer, au fond des chantiers feuillus et des pavillons ombragés d'acacias, vers le manège du Panthéon et ses têtes dorées de chevaux.
Nizan,Conspir., 1938, p. 19. ♦ [P. oppos. à vicinal] Chemin rural. ,,Chemin appartenant au domaine privé ou au domaine public de la commune, et d'intérêt exclusivement communal`` (Agric. 1977). « Est rural tout chemin public communal qui n'est pas classé vicinal. » (L. 20 août 1881, Artier) (Baradat,Organ. préfect., 1907, p. 213).[Ces chemins] font partie du domaine public communal et ils comprennent: les chemins de grande communication, les chemins d'intérêt commun et les chemins vicinaux ordinaires, les chemins ruraux et enfin les chemins publics (Bourde,Trav. publ., 1929, p. 7). ♦ Code rural. Ensemble de lois concernant les biens, la propriété à la campagne. Le code rural a régi les ventes et les échanges d'animaux domestiques par la loi du 2 août 1884 (Garcin,Guide vétér., 1944, p. 243).Certaines dispositions du code rural permettent le contrôle des défrichements (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 387). ♦ Droit rural. Branche du droit concernant le code rural. Il est important (...) de montrer le caractère pratique des calculs ou des rédactions de lettres comme des éléments de droit rural (Encyclop. éduc., 1960, p. 188). − [En parlant d'une manière d'être ou de faire] Caractéristique de la campagne, des gens de la campagne. Comportement rural; manières rurales. Les nouveaux maîtres, ayant des mœurs rurales grossières, ne vivraient pas en grands seigneurs, mais en chefs de grands domaines; peut-être alors la terre serait-elle mieux cultivée (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 128).D'où, de qui lui furent remis sa rurale sensibilité, son goût fin de la province? (Colette,Sido, 1929, p. 48). − [En parlant d'une étude, d'une discipline] Dont l'objet d'étude est constitué par les choses et les gens de la campagne. Géographie rurale. La sociologie rurale s'est d'abord développée dans les collèges d'agriculture (Traité sociol., 1967, p. 316). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, rare. Il était digne d'être ainsi dirigé vers les antiques sources du naturel et du vrai, celui [Chênedollé] qui (...) écrira sur son calepin de poëte des notes d'un pittoresque puisé dans le rural (Sainte-Beuve,Chateaubr., t. 2, 1860, p. 154). B. − [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] 1. Qui vit à la campagne, de la campagne. Anton. urbain.Le prolétariat rural devenant de plus en plus rare, la croissance de la grande propriété se trouve naturellement arrêtée (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. 4).Çà et là, des logis des derniers siècles marquent l'existence d'une bourgeoisie ou d'une petite noblesse rurales (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 316). − Empl. subst., surtout au plur. Habitant de la campagne. Synon. paysan.Moore déclarait pernicieux l'esprit démocratique, l'instruction pour tous, cette éducation qui attirerait les ruraux à la ville, nous priverait de serviteurs et de « manger des asperges » (Blanche,Modèles, 1928, p. 247).Il importe toujours au rural d'être de tel canton ou de tel autre et son univers social demeure pour une part limité par des frontières géographiques plus que sociales (Traité sociol., 1967, p. 320). 2. Dont l'activité s'exerce à la campagne. Je le vis faire un paquet de certains papiers, les mettre sous enveloppe avec l'adresse de Paris et les confier avec des recommandations pressantes au facteur rural de Villeneuve (Fromentin,Dominique, 1863, p. 55). − En partic. Dont les travaux, les études portent sur la vie à la campagne. Si le sociologue rural se refuse à fixer des frontières intellectuelles à son activité, il se doit par contre de tracer les limites de son champ d'investigation (Traité sociol., 1967, p. 316). REM. Ruralement, adv.D'une manière rurale. Elle était [une jeune fille] plutôt maladroitement ruralement vêtue (Colette,Képi, 1943, p. 96). Prononc. et Orth.: [ʀyʀal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. déb. xives. « de la campagne » dieu rural (Ovide moralisé, VI, 1635, éd. C. de Boer, t. 2, p. 324); 2. ca 1395 spéc. « qui habite la campagne » (Ménagier, I, 9 ds T.-L.); 3. ca 1395 « qui concerne la vie à la campagne » (Jean Le Boutillier ds G. Van Dievoet, Jean Boutillier en de Somme rural, Louvain, 1951, p. 61); 4. 1457 « qui exerce son activité dans les campagnes ou auprès des gens de la campagne » procureur rural (Archives du Nord, B 1687, fol. 27 v ods IGLF); 1601 doyens ruraux (C. Fauchet, Fleur maison de Charlemaigne, p. 184); 1849 facteur rural (Lamart., Confid., p. 11); 5. ca 1500 [date de l'éd.] « rustique, grossier » langue rurale (Guillaume de Diguleville, Pélerinages, f o1b, Prologue du correcteur). B. Subst. [2emoit. xves. sing. « personne de la campagne, paysan » (E. de Monstrelet, Chron. d'apr. La Curne pas à la réf. de l'éd. indiquée)]; 1508 sing. rurault (Eloy d'Amerval, Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, p. 80, col. a); 1602 plur. « paysans » (Cl. Fauchet, Déclin maison Charlemagne, p. 28); 1871 plur. spéc. « membres de l'Assemblée Nationale réputés élus par les campagnes conservatrices » (Le Vengeur, 31 mars ds Larch. 1872, p. 219). Empr. au lat.ruralis, -e « de la campagne, champêtre ». Fréq. abs. littér.: 360. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 279, b) 357; xxes.: a) 607, b) 735. DÉR. 1. Ruralisme, subst. masc.,,Recherche et propagande pour l'aménagement des campagnes au bénéfice, non seulement des ruraux, mais encore des villégiateurs et des touristes de la population urbaine`` (Fouq. Sc. soc. 1978). C'est le grand mérite de Louis Leroy de souligner en 125 pages l'intérêt du ruralisme « science du mieux vivre dans les campagnes » (Combat, 19 oct. 1960, p. 7, col. 1-2).− [ʀyʀalism]. − 1resattest. 1874 « politique des députés élus par les campagnes réputées conservatrices » (E. Millaud, Le Journ. d'un parlementaire, publié sous la dir. de L. Payen et de J. de Bérys, 24 mars, p. 184 ds Quem. DDL t. 22), 1932 « tendance à faire prévaloir les modes de vie de la campagne » (C. Bouglé, Socialismes fr., p. 150, ibid., t. 15); de rural, suff. -isme*. 2. Ruralité, subst. fém.Condition des choses et des gens de la campagne; caractère, état de ce qui est rural. Qu'est-ce que la ruralité? C'est la coutume issue des travaux des champs, de leur ordre et de leur méthode (L. Daudet,Stup. XIXes., 1922, p. 166).− [ʀyʀalite]. − 1resattest. 1390 « rusticité » (Arch. JJ 138, pièce 178 ds Gdf.), 1822 « conditions de la campagne, état rural » (M. Fournel, Les Lois rurales de la France, t. 1, XV ds Quem. DDL t. 33); de rural, suff. -té, -ité*. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 413, 414 (et s.v. ruralité). |