| RUISSELLEMENT, subst. masc. A. − Action, fait de ruisseler, de s'écouler de façon continue. Le ruissellement de l'eau, des averses. Après les rafales et les brumes, des ciels chauffés à blanc, tels que des plaques de tôle, sortirent de l'horizon. En deux jours, sans aucune transition, au froid humide des brouillards, au ruissellement des pluies, succéda une chaleur torride, une atmosphère d'une lourdeur atroce (Huysmans, À rebours, 1884, p. 217).Je cherchais seulement à frayer le lit le plus doux au ruissellement de mes pleurs (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 614).V. abat ex. 3. ♦ P. méton. Ce qui s'écoule en ruisselant; eau, liquide qui ruisselle. Des coups de vent, secouant les branches des pommiers, faisaient tomber sur le sol des ruissellements d'eau, donnant à croire que l'averse redoublait (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 157).[Un messager] essuyait maintenant, de sa manche, le ruissellement de son front (Arnoux, Roi, 1956, p. 274). ♦ P. anal. Elle écoutait dans sa mémoire le ruissellement du riz, du café, des lentilles, au fond des sacs de papier craquant (Aymé, Mais. basse, 1934, p. 232). − GÉOL. Écoulement à la surface du sol, des eaux de pluie ou de celles de la fonte des neiges, pouvant constituer un facteur d'érosion important. Ruissellement pluvial; ruissellement nival; eau(x) de ruissellement. Le ruissellement s'exerce avec une intensité particulière dans les pays de montagnes (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 23).L'eau des pluies est évacuée en partie par ruissellement, en partie par drainage après circulation dans le sol, en partie par évaporation (Maurain, Météor., 1950, p. 217). ♦ Ruissellement diffus, ruissellement en nappe. Écoulement en minces filets ou en nappe plus ou moins continue sur l'ensemble d'une surface. La fraction de pluie qui s'écoule, sur une surface à peu près plane, prendra d'abord la forme du ruissellement diffus et, en principe, donnera une nappe d'écoulement, constituée par une infinité de filets parallèles (Géol., t. 2, 1973, p. 5 [Encyclop. de la Pléiade]). B. − Au fig. [Le compl. prép. introd. par de est un subst. concr. ou abstr.] Action de s'écouler, de se répandre d'une façon qui évoque l'eau qui ruisselle (avec, selon le cas, idée de continuité, d'abondance, de mouvement ondoyant, d'éclat miroitant, etc.). Le ruissellement des images [dans l'ode de Pindare] va croissant, coupé à chaque pas de jets imprévus, de retours, de soubresauts (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 181).Ainsi observe-t-on que les philosophies d'Orient constatent le ruissellement perpétuel des choses alors que les peuples d'Orient restent immobiles (Faure, Espr. formes, 1927, p. 120). − P. méton. Ce qui s'écoule, se répand de cette manière. [L'âme] s'élancera vers les astres de feu Comme un puissant oiseau, pour se plonger, ravie, Dans les ruissellements de joie et dans la vie (Banville, Exilés, 1874, p. 94).Sous sa longue chemise, et le ruissellement de ses cheveux dénoués, sa chair s'offrait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 164). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɥisεlmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1613 (J.-B. Chassignet, Psaum., CIII, Argum. ds Gdf. Compl.), attest. isolée; 1832 (Hugo, N.-D. Paris, p. 476); 2. 1886 géol. (Lapparent, loc. cit.). Dér. de ruisseler*; suff. -ment1*. Bbg. Quem. DDL t. 16. |