| RUDIMENTAIRE, adj. A. − Vx. [Corresp. à rudiment A 2, 3] 1. [En parlant d'un ouvrage] Qui contient les notions élémentaires d'une discipline enseignée aux écoliers. Mon sac de voyage (...) me pesait si peu dans la main, que je l'agitai comme un écolier agite, au sortir de la classe, le paquet sanglé de ses livres rudimentaires (A. France, Bonnard, 1881, p. 340). 2. Auteur rudimentaire. Auteur d'ouvrages de ce type et plus particulièrement d'ouvrages contenant les principes de la grammaire latine. Les livres élémentaires sont, de tous les livres, les plus difficiles à bien faire, et ceux néanmoins que l'on entreprend le plus aisément. Combien d'auteurs rudimentaires ont cru (je parle même des plus habiles) qu'il leur suffisait d'avoir lu beaucoup de latin (Gramm. t. 6 1789, s.v. rudiment). B. − Qui est réduit à peu de chose; qui est élémentaire, simple, peu développé, peu élaboré. Synon. embryonnaire, sommaire.Forme rudimentaire de qqc.; civilisation, organisation, société rudimentaire; installation rudimentaire; instrument rudimentaire. Il n'y a guère de manifestation de la vie qui ne contienne à l'état rudimentaire, ou latent, ou virtuel, les caractères essentiels de la plupart des autres manifestations (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 107).Les habitations sont très rudimentaires, ce sont de simples abris ou des huttes légères (Page, Dern. peuples primit., 1941, p. 45).Ceci nous amène à indiquer que la technique, rudimentaire chez le débutant, devient extrêmement riche et complexe chez le joueur de compétition (Jeux et sports, 1967, p. 1388). − Péj. Qui est d'une simplicité excessive, qui est insuffisant par son manque de complexité. Synon. fruste, primitif.Culture, esprit, intelligence rudimentaire. Une profonde unité rattache les généralisations maladroites et rudimentaires des illettrés aux spéculations des maîtres (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 89).Et plus ton langage est rudimentaire, plus sont grossiers tes liens avec les hommes, moins tu peux connaître l'attente et l'ennui (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 593). − BIOL. [En parlant d'un organe ou d'un organisme] Qui existe sous une forme élémentaire, à un stade de développement imparfait; qui se trouve à l'état d'ébauche ou de vestige. Étamines, yeux rudimentaires. [Le] manchot dont l'aile vraiment rudimentaire ne sert point comme voile, n'aide point à la marche, n'est qu'une indication comme un souvenir de la nature (Michelet, Oiseau, 1856, p. 41).Si réellement la vie n'est qu'un effet supérieur de la mécanique moléculaire, il n'y a aucune raison pour que les savants ne parviennent un jour (...) à faire apparaître (...) un être rudimentaire, à peine supérieur aux grosses molécules protéiques qui se comportent comme des virus (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 193).V. hipparion rem. s.v. hipp(o)- ex. de Boule. REM. Rudimentairement, adv.D'une façon rudimentaire, sommaire. Ils vivent (...) de peu, à tous vents, finissant de vieux habits, rudimentairement logés (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 239).Remontons le cours des temps, nous arriverons de proche en proche dans une sorte de no man's land historique − où tout ce qui sert à la caractériser [la société occidentale], au moins rudimentairement, disparaîtra (L. Febvre, De Spengler à Toynbee, [1936] ds Combats, 1953, p. 127). Prononc. et Orth.: [ʀydimɑ
̃tε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1789 « auteur d'un rudiment » (Gramm.); 2. id. adj. « qui appartient au rudiment, aux premières règles du langage » (ibid.); 3. 1842 hist. nat. « qui a le caractère d'un rudiment, d'une ébauche » (Ac. Compl.); 4. 1865 organes rudimentaires « organes réduits, atrophiés » (Littré-Robin). Dér. de rudiment*; suff. -aire1*. Fréq. abs. littér.: 299. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 24, b) 246; xxes.: a) 713, b) 689. |