| ROUTE, subst. fém. A. − Voie de communication importante (p. oppos. à chemin) qui permet la circulation de véhicules entre deux points géographiques donnés, généralement deux agglomérations (p. oppos. à rue). Les cinq voitures roulaient en plaine, sur une interminable route droite, bordée de beaux arbres (Zola,Nana,1880, p. 1253).Ils marchaient maintenant sur une petite route étroite entre les pâquerettes et les foins éclairés obliquement par le soleil de cinq heures (Alain-Fournier,Meaulnes,1913, p. 347). 1. [La route est classée selon ses caractéristiques] Route moyenne; route principale, secondaire; route à deux, trois, quatre voies; route à grande circulation; route d'intérêt local. ♦ Grand(e) route. Route principale à la campagne. Du côté de Paris, la grande route descendait en ligne droite, et des prairies se perdaient au loin, dans les vapeurs de la nuit (Flaub.,Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 22).Par l'infini du soir, sur la grand' route, Voici venir les ricochets des cloches Là-bas, au carrefour des bois (Verhaeren,Villes tentac.,1895, p. 89). ♦ Route royale, impériale. Autrefois, route de grande importance dont la construction et l'entretien incombaient au royaume, à l'empire. Les routes royales, puis les chemins de fer y ont succédé aux voies romaines (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 304).Sont comprises définitivement parmi les propriétés départementales les anciennes routes impériales de troisième classe (Bacquias,Cons. gén. et cons. arrondiss.,1934, p. 63). ♦ Route nationale (abrév. RN). Route de grande importance reliant à la capitale les villes principales ou reliant les villes principales entre elles et qui est construite et entretenue aux frais de l'État. Ils filaient maintenant à vive allure sur la route nationale (Roy,Bonheur occas.,1945, p. 232).Coup de frein trop brusque. Une remorque se retourne sur la RN 57 (L'Est Républicain,12 juill. 1986, p. 603). ♦ Route départementale (abrév. D). Route de moyenne importance reliant le chef-lieu aux principales villes du département et dont la construction et l'entretien incombent au département. Avertis de leur arrivée par le grand bruit de roues sur la route départementale, nous détalions pour aller les voir décharger (Pesquidoux,Livre raison,1929, p. 114). 2. [La route est classée selon sa fonction] ♦ Route militaire. ,,[Route] destinée à assurer des communications directes entre une place forte et les ouvrages avancés ou forts extérieurs`` (Cap. 1936). Aucune autre route militaire n'était accordée au travers du pays (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 686). ♦ Route stratégique. ,,[Route] destinée à faciliter les opérations de défense ou de surveillance d'une région`` (Cap. 1936). En Afrique plusieurs routes stratégiques ont été construites ou aménagées (J. Thomas, Route,1951, p. 308). − [Avec déterm. évoquant une caractéristique ou l'intérêt de la région traversée] Route de campagne, d'altitude, de montagne, de plaine; route panaméricaine. On fut d'avis de mettre la table dehors, au beau milieu de la route forestière qui passait devant la maison (Romains,Copains,1913, p. 275). ♦ Route du vin. Route touristique qui traverse une région vinicole. Quand, engagés après Landau sur la célèbre Weinstrasse, la route du vin, nous commençâmes d'apercevoir, de l'autre côté du Rhin, la courbe douce et ferme des premières collines d'Alsace (Ambrière,Gdes vac.,1946, p. 376). − [Avec déterm. désignant un personnage illustre qui l'a empruntée, en constr. prép. ou absol.] Les Américains, suivant la route Napoléon dégagée par les maquisards, ont atteint déjà Grenoble (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p. 316).La voie Domitienne, qui joignait le Rhône à l'Espagne par l'ancienne route d'Hannibal (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 55). − [Avec déterm. désignant le ou les fondateur(s) à qui on l'attribue] Quelques fragments de route cyclopéenne construits par les Mycéniens, pourvus d'un revêtement dallé (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 40).Quels étaient donc les véhicules que l'on rencontrait ainsi sur les routes romaines? (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 57). − [Précisant son orig. (ses princ. étapes) et sa destination] La route d'Enchenberg par Siersthal (Foch,Princ. guerre,1911, p. 116).Route Marseille-Aix-en-Provence (J. Thomas, Route,1951, p. 324).Je cherche ma route de Marseille à Aubagne (David,Cybern.,1965, p. 134). SYNT. Chaussée, bas-côté, bord, fossé d'une route; au bord de la route; route bordée (d'arbres, etc.); sur la route; sur les routes; croisement, déviation d'une route; route asphaltée, boueuse, caillouteuse, goudronnée, poussiéreuse, sablonneuse; route blanche, grise, jaune; route abîmée, barrée, coupée, dangereuse, fréquentée, défoncée, étroite, sinueuse, tortueuse; construire, ouvrir, percer, tracer une route; la route conduit à, descend, serpente, tourne; demander, montrer, indiquer la route. B. − Réseau routier, moyen de communication, de transport par la route. Arriver, partir, voyager par la route; accident, police, usager de la route. Il faut donc sans hésiter se mettre à l'œuvre pour refaire la route française, considérée enfin, au même titre que nos industries lourdes, comme une activité de base (Pineau,S.N.C.F. et transp.,1950, p. 132).L'aménagement des fleuves était insuffisant ou nul, les canaux rares; le transport par eau, seul économique, ainsi limité, on recourait généralement à la route qui coûtait moitié plus (Lefebvre,Révol. fr.,1963, p. 25). − [P. oppos. (ou en assoc.) à un autre moyen de transp.] Les produits indispensables parvinrent par la route et par l'air (Camus,Peste,1947, p. 1281).L'aller et retour par route ou par voie ferrée eût duré trois jours et trois nuits (De Gaulle,Mém. guerre,1959, p. 72). − [À propos de la circulation routière] ♦ Code de la route. ,,Ensemble des règles concernant l'usage des voies ouvertes à la circulation publique`` (cida 1973). ♦ SPORTS (cycl.). [P. oppos. à la piste] Épreuve, course, cyclisme sur route. Une compétition sur route, que la fédération départementale faisait courir, ce jour-là, autour de Chartres (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 42).Géant de la route. Coureur cycliste. 25 juin: départ du tour de France! Pendant trois semaines, spectateurs, lecteurs, auditeurs, vibreront aux faits et gestes des géants de la route narrés dans les colonnes des quotidiens et sur toutes les ondes de l'Europe (Comment parlent les sportifsds Vie Lang., 1952, p. 136). ♦ AUTOMOB. Tenue de route. Adhérence d'un véhicule à la route grâce à ses amortisseurs, ses pneumatiques. La disposition des sièges à l'intérieur de la voiture n'est pas non plus sans influence sur la tenue de route et encore moins sur le confort (Tinard,Automob.,1951, p. 328). − [Comme symb. de l'aventure, du voyage] Gens de la route. L'élève Dargelos représentait le désordre, le mystère, la surprise, les romanichels, les routes (Cocteau,Fin Potomak,1940, p. 117). ♦ Chant, chanson de route. Chant, chanson de marche. Le chant de route, lui aussi a son climat, son expression propre (F. Cockenpot, Fleurs de mousse, Paris, éd. du Seuil, 1946, p. 33). ♦ Faire la route. Partir à l'aventure, vivre la vie de routard. Marc préfère ceux qui font la route: « Quand on sera un peu mieux installés, on aménagera un grand dortoir, comme ça on pourra recevoir plein de routards » (R.-P. Droit, A. Gallien, La Chasse au bonheur,1972ds Gilb. 1980). − Les Camarades de la route. Mouvement regroupant les usagers des Auberges françaises de jeunesse. Le Mouvement des Camarades de la route et des Auberges françaises de la jeunesse, prenait naissance en « zone non occupée » en 1941 (Cacérès,Hist. éduc. pop.,1964, p. 129). C. − P. anal. 1. Voie de communication dont le tracé n'apparaît matérialisé que par le support d'une carte. Synon. itinéraire.Les Eskimo (...) peuvent être raisonnablement regardés comme appartenant à une migration définie le long d'une route arctique (Haddon,Races hum., trad. par A. van Gennep, 1930, p. 294). − Route de ♦ [Suivi du n. de la destination] [Il] sortit de Maaret En-Nomân nu-pieds, par la route du sud, − la route de Jérusalem (Grousset,Croisades,1939, p. 40): 1. Cherchant, cette fois, par l'ouest, la route des Indes, Christophe Colomb aborde à San Salvador en 1492, découvre le reste des Antilles et touche le continent américain lui-même à l'embouchure de l'Orénoque (1498).
Hist. sc.,1957, p. 1351. ♦ [Suivi du n. du parcours] Route de la côte. À l'ouest, elle anima la Phénicie qui lui ouvrit la route de la vallée du Nil et du monde de l'archipel (Faure,Hist. art,1909, p. 57). ♦ [Suivi d'un subst. décrivant le princ. attrait de la destination] Route des épices, du rhum. Il existait alors une route de l'ambre, une route du cuivre, une route de l'étain (Albitreccia,Gds moyens transp.,1931, p. 10).En Asie, la route du thé, de Pékin au lac Baïkal, a perdu de son importance depuis la construction du Transsibérien (Albitreccia,Gds moyens transp.,1931, p. 10).Route de la soie. Piste caravanière qui traversait l'Asie depuis la Méditerranée jusqu'au centre de la Chine. Il remonte la rivière qui portera son nom et qu'il croit être la vraie route de la soie, objet de sa mission comme de toutes les explorations européennes (Morand,New-York,1930, p. 7).[P. allus. à la formule célèbre de Paul Reynaud affirmant que l'acier suéd. n'irait plus approvisionner le bassin de la Ruhr, en 1940] La route du fer est coupée. La route du fer restera barrée, nous ferons sécher notre linge sur la ligne Siegfried (Sartre,Mort ds âme,1949, p. 81). 2. Voie de communication utilisant un autre élément que la terre. Longtemps, en France, la route fluviale a été active (Albitreccia,Gds moyens transp.,1931p. 13).La protection des routes commerciales maritimes demande le concours de très nombreux bâtiments d'escorte, chargés d'accompagner les navires marchands (Le Masson,Mar.,1951, p. 45). 3. Orbite d'un astre. Les anciens avaient remarqué que les planètes visibles à l'œil nu ne s'écartent jamais beaucoup de l'écliptique, de la route apparente annuelle du soleil (Flammarion,Astron. pop.,1880, p. 434).Mars (...) est un astre rougeâtre qui suit à peu près la route du soleil et se trouve au sommet de sa course à dix heures du soir (Alain,Propos,1909, p. 64). D. − P. ext. 1. [S. réf. à un type partic. de commun.] Itinéraire, direction vers un point donné. Chercher, trouver la route; être sur la bonne, la mauvaise route. Je demandai ma route à une sentinelle (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 280). − BALIST. Trajectoire. Nous conviendrons de dire que les points matériels A et B, ainsi déviés de leur route, ont subi un demi-choc (H. Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 112). − MAR. Direction d'un navire dont la marche est prescrite par le commandant et exécutée par le timonier. − Ne pourrez-vous donner la route! demanda Paganel. − Ce sera difficile, répondit John. Croiriez-vous qu'il n'y a pas une carte marine à bord! (Verne,Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 26): 2. « L'expérience a en effet montré, écrit M. J. Ricard, ingénieur en chef de la compagnie, qu'une vitesse de route de 20,5 à 21 nœuds était suffisante », ce qui permettra de donner aux nouveaux navires « des possibilités de transport en marchandises les apparentant en fait à des cargos rapides ».
Rougeron,Aviat.,1951, p. 224. ♦ Route (apparente), route (au compas). ,,Cap déterminé par l'angle que fait l'axe du navire avec l'aiguille du compas, sans aucune correction`` (Gruss 1978). Faire route (à/au). Je fis route à l'Est, attendant le jour pour me rapprocher de la côte (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 98).Il faut donc faire route Ouest plein, parce que toutes les cartes qui sont fort justes en latitude, sont fort douteuses en longitude (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane,1802, p. 156). ♦ Route (corrigée), route (vraie). ,,Cap réellement suivi (route au compas corrigée de la dérive, de la déclinaison et de la déviation)`` (Gruss 1978). ♦ Route magnétique. ,,Route au compas corrigée de la déviation et de la dérive`` (Gruss 1978). ♦ Faire bonne route. Nous fîmes très bonne route et rencontrâmes des vents à souhait (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 485). ♦ (Faire) fausse route. Se tromper de direction ou la modifier pendant la nuit pour donner le change à l'ennemi. On fait fausse route pendant la nuit, pour échapper à un ennemi supérieur qui vous poursuit (Will.1831).Au fig. Se fourvoyer, prendre une mauvaise orientation, faire un choix erroné. Nathalie s'était fourvoyée dans une fausse route (Soulié,Mém. diable, t. 2, 1837, p. 241).En route! Ordre donné au timonier (par le transmetteur d'ordres) de gouverner en suivant un cap donné. Le capitaine, debout sur sa passerelle, ayant crié par le porte-voix qui descend dans les profondeurs de la machine: « En route! » elles [les roues] se mirent à battre la mer avec rapidité (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Découv., 1884, p. 956). 2. Parcours accompli ou à accomplir d'un point à un autre. J'avais besoin de ce spectacle, de cet air, de cette rénovation, après mon exténuation de Gênes, l'air dévorant de Nervi, la fatigue de la route (Michelet,Journal,1854, p. 247). ♦ Faire (de) la route. Faire du chemin, accomplir un parcours, un trajet donné. [Albertine] avait envie de faire de la route sur simple châssis en grande vitesse (Proust,Prisonn.,1922, p. 136).J'ai fait la route à bicyclette. C'était beau! (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p. 83). ♦ Faire route. Un soir, après avoir fait route toute la journée dans les rochers, cherchant un passage pour descendre vers le Rhin, il arriva à l'entrée d'un bois de sapins, de frênes et d'érables (Hugo,Rhin,1842, p. 203).Nous fîmes route ensemble jusqu'à Paris dans ma chaise (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 343). − Loc. adv. En route. Au cours du voyage, du trajet. Je paierai vos dépenses en route, et je vous tiendrai compte du surplus, quand nous serons arrivés à notre destination (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p. 306).Je t'attends demain à midi, ne t'amuse pas en route (Huysmans,Marthe,1876, p. 125). ♦ Être en route pour, vers... Peut-être en ai-je une autre [lettre] d'arrivée au Caire, ou qui est en route maintenant pour parvenir jusqu'à moi (Flaub.,Corresp.,1850, p. 168). ♦ En empl. interj. [Pour intimer l'ordre de départ] En route, mauvaise troupe! Partez, mes enfants perdus! (Verlaine,Jadis,1884, p. 199).En route pour la cité de Sion! (Tharaud,An prochain,1924, p. 196). ♦ Se mettre en route. On se mit en route vers les fonds (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hautot, 1889, p. 258). ♦ Mettre (qqc.) en route. Faire démarrer quelque chose, mettre (quelque chose) en marche, en mouvement. C'est la première presse à imprimer entraînée par force motrice − un moteur à vapeur. Elle fut mise en route en grand secret dans la nuit du 28 novembre 1814 (Civilis. écr.,1939, p. 8-10).Mettre le moteur en route, il partira (Chapelain,Techn. automob.,1956, p. 324).Au fig. L'institutrice mettra en route le cours de couture (Mathiot,Éduc. mén.,1957, p. 48).L'Allemagne fédérale (...) a eu du mal à mettre en route son effort nucléaire (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 154). ♦ Rester en route. S'arrêter en chemin, s'immobiliser avant d'arriver à destination. Synon. fam. rester en carafe*, en rade (v. rade1).Plus d'une fois mes genoux se dérobèrent sous moi, et je serais resté en route, sans les coups de pied qui me suivaient par derrière (About,Roi mont.,1857, p. 220).Au fig. S'arrêter dans son essor, dans sa progression. Les candidates sont aujourd'hui bien moins nombreuses; il en est tant resté en route, entre l'écrit et l'oral! (Colette,Cl. école,1900, p. 217). − Loc. adj. De route. Qui est propre à la route, qui concerne le voyage. Sir Francis Cromarty n'était pas sans avoir reconnu l'originalité de son compagnon de route (Verne,Tour monde,1873, p. 47). ♦ Feuille de route. Titre de voyage attribué à un militaire voyageant individuellement. Les autres (...) ayant reçu leur consigne ou leur feuille de route, s'en allaient par deux ou trois vers la gare (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 284). ♦ Carnet, journal de route. Carnet, journal relatant les événements survenus pendant un voyage, mentionnant les impressions, les réflexions du voyageur. La masse des livres de guerre (romans, journaux de route, correspondances, etc.) a donné lieu à un examen approfondi (Arts et litt.,1935, p. 62-4).Il part à la découverte du monde et note en chemin, sur son carnet de route, tout ce qui l'intéresse et lui semble curieux (Hist. sc.,1957, p. 1444). − [Précédé d'une indication de temps; avec la précision ou non du moyen de locomotion] On avait bien deux heures de route pour rentrer chez nous à Blême (Céline,Mort à crédit,1936, p. 604).La première machine arrivée à Rouen, après 17 heures 20 minutes de route, fut une de Dion-Bouton à vapeur (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 346). − [Le parcours est mesuré dans le temps plus que dans l'espace] Ah je sais, je sais mon oncle. Vous pouvez imaginer tout ce qui s'est passé dans mon esprit pendant la route (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p. 1725). E. − Au fig. 1. Mode de pensée, suite d'actes visant à atteindre un but déterminé. Route de la fortune, de la gloire. Car il réunit l'audace qui fait sortir de la route commune, au tact du bon goût qu'il importe tant de conserver lorsque l'originalité du talent n'en souffre pas (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 227).Telle est la voie, et elle est rude; mais elle l'est moins pour qui pense au but: « la route vers Dieu est facile, parce qu'on y avance en se déchargeant (...) » (Gilson,Espr. philos. médiév.,1932, p. 68). 2. Ligne de conduite, orientation donnée à l'existence visant à atteindre un but déterminé (projet, idéal). Chercher, continuer, ouvrir, trouver sa route; nos routes se croisent, se rencontrent, se séparent. Seigneur, que chacun sur sa route Trouve son eau dans le rocher! Que ta grâce les désaltère! (Lamart.,Jocelyn,1836, p. 746).J'ai connu beaucoup de figures et d'endroits singuliers que j'oppose au bloc pluriel et qui m'habitent sans prendre une part active aux préoccupations qui me dirigent et jalonnent ma route (Cocteau,Portr.-souv.,1935, p. 16). ♦ Barrer la route à qqn. Faire obstacle à ses projets. Il lui reste encore un effort à tenter, pourtant, pour barrer la route à son rival (Brasillach,Corneille,1938, p. 459). REM. 1. Routailler, verbe trans.,chasse. Suivre une bête avec le limier, pour la faire tirer par les chasseurs armés de fusils. (Ds Ac. 1798-1878). 2. Routard, -arde, subst.,mod., fam. Celui, celle qui fait la route, qui part à l'aventure en faisant de l'auto-stop. Guide du routard. Ce que cherchent les routards, c'est moins un endroit béni des dieux qu'un paradis difficile d'accès (Le Monde dimanche,23 août 1981, p. VII). Prononc. et Orth.: [ʀut]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 rute « voie, direction » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg: Ja n'istrat de sa rute); 1690 faire fausse route (d'un bateau) « s'écarter de son droit chemin » (Fur.); 2. a) 1160-74 rute « chemin, voie de passage » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 2716); 1160-74 sei metre en sa route « se mettre en chemin » (Id., ibid., II, 1038); 1694 grande route (Ac.); 1875 route nationale (Lar. 19e); 1921 code de la route (Let. du ministre ... 30 mai, in Journ. officiel de la République fr., Lois et décrets, 31 mai, 6354 ds Quem. DDL t. 16); p. ext. b) av. 1683 route « chemin et logement que l'on marque aux gens de guerre en voyage » (Tavann., Mém., p. 149 ds Gdf. Compl.); 1690 (Fur.); 1825 feuille de route (Le Couturier, Dict. portatif et raisonné des connaissances mil., p. 221); 1827 fig. (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, p. III). Du lat. rupta (via), propr. « voie rompue, frayée » par subst. au fém. du part. passé de rumpere « rompre », cf. rumpere viam « ouvrir une route, un passage » chez Sénèque ds OLD. Fréq. abs. littér.: 16 577. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 22 679, b) 23 712; xxes.: a) 23 995, b) 24 011. Bbg. Baldinger (K.). Die Bezeichnungen für Weg im Galloromanischen. Mél. Rohlfs (G.) Tübingen, 1968, pp. 98-100. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 11-12. − Gohin 1903, p. 339. − Quem. DDL t. 6, 9, 15 ,17, 21 ,27. − Wexler 1955, passim. |