| ROUELLE, subst. fém. A. − Petite roue. Dans les charrues tricycles, le support consiste en trois roues, deux latérales à grand diamètre et une rouelle arrière à diamètre plus réduit (Ballu, Mach. agric., 1933, p. 95). B. − Objet rond, disque. 1. HISTOIRE a) ARMÉE
α) Pièce circulaire de métal qui renforçait une armure au niveau des articulations de l'épaule, du coude, du genou (d'apr. Quillet 1965).
β) Dague à rouelles. Aux xiveet xvesiècles, dague dont la garde et le pommeau se composaient de deux disques de métal (d'apr. Leloir 1961). b) Pièce d'étoffe ronde, souvent jaune, que les Juifs ont dû porter cousue sur leurs vêtements de façon apparente, à divers moments de l'histoire. Cette rouelle que les Juifs ont portée pendant six siècles, et qui attirait sur leur passage la dérision et les coups, serait, paraît-il, l'invention du sultant Yakoub El Mansour, conquérant de l'Espagne (Tharaud, Pte hist. Juifs, 1928, p. 24).Le port de la rouelle, tombé en désuétude, fut imposé de nouveau aux Juifs de Téhéran en 1897 (Encyclop. univ.t. 71970, p. 727). c) Motif figurant le soleil, présent en particulier sur certaines monnaies gauloises (d'apr. Perraud 1963). Le mobilier (...) est orné de sculptures toujours prises dans la masse; la « rouelle » (disque solaire) le protège (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 15). d) Enseigne en forme de roue. On abattait et l'on brûlait les armes de France (...); les notaires retiraient leurs panonceaux, les huissiers leurs rouelles, les voituriers leurs estampilles, les fournisseurs de la cour leurs écussons (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 595).Jusqu'aux huissiers circonspects, inquiets de leurs rouelles réactionnaires (Arnoux, Roi, 1956, p. 26). 2. Tranche de forme circulaire. a) Pièce de bois coupée perpendiculairement aux fibres. Il faut (...), pour les bois, une coupe transversale: dans un tronçon de dix pouces de longueur, on peut aisément prendre une rouelle coupée transversalement, et une planchette de sept pouces de longueur, sciée longitudinalement (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 170).V. debout ex. 5. b) CUIS. Tranche ronde de certains légumes, de viandes. Synon. cour. rondelle.Rouelles de carottes, de navets, de truffes; rouelles de rognon, de langouste, de maquereau; couper des pommes de terre en rouelles. Deux perdrix cuirassées d'une barde de lard doré se prélassaient au milieu d'un cercle de rouelles d'oranges (Gautier, Fracasse, 1863, p. 220).Comment? Rien? Pas un croûton de pain, de fromage, une rouelle de saucisson? (Arnoux, Roi, 1956, p. 45). ♦ Rouelle de veau. Tranche épaisse de veau taillée dans le cuisseau ou le jarret, perpendiculairement à l'os. La rouelle de veau braisée à la piémontaise dans un fonds à la tomate est connue partout sous son nom italien d'osso buco (Ac. Gastr.1962). 3. Grand fromage rond. Les grandes rouelles du brie, (...) le gournay, le lisieux (...) étaient célèbres (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 173). Prononc. et Orth.: [ʀwεl]. Ac. 1694: roüelle; 1718: rouelle en vedette, roüelle dans le texte; dep. 1740: rouelle. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xies. rodeles « tranches minces coupées en rond » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1); xiiies. roiele (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 87, 12) − Ac. 1935 « il vieillit, on dit plutôt aujourd'hui Rondelle »; b) 1600 « partie de la cuisse de veau coupée en rond » (Olivier de Serres, 966 ds Littré); 2. 1119 rüele « petite roue » (Philippe de Thaon, Comput, 2652 ds T.-L.); d'où a) 1363 « cercle d'étoffe de couleur, porté comme signe infamant, au moyen-âge par les Juifs » (Lett. du R. Jean, Hist. de Nim., II, 277 ds Gdf.); b) 1481 « large rondelle contre laquelle la main abritée saisit la poignée d'une arme » (Jean de Roye, Chronique, éd. Mandrot, t. 2, p. 103 ds Gay); c) 1611 « rondelle de fer, ajoutée à certaines armures pour couvrir les articulations » (Cotgr.). Du lat. tardif rotella « petite roue », dimin. de rota (v. roue). Fréq. abs. littér.: 16. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 258. |