| ROUBLARD, -ARDE, adj. Fam., péj. Qui est astucieux et rusé. Synon. futé, malin, roué.Très roublard, sachant à merveille le (...) remue-ménage que ses visites occasionnaient dans les casernes, il [le général] avait pris cette habitude d'arriver régulièrement avec des retards ou des avances de plusieurs jours (Courteline, Train 8 h 47, Inspection trimestr., 1885, II, p. 192).Il est une proie toute désignée pour une fille coquette et roublarde (L. Daudet, Entremett., 1921, p. 114).♦ Rare. Comment trouvez-vous cela, pour un Français de l'heure actuelle, une maison de rapport en Suisse? Cela me paraît assez roublard... oui, une maison, une grande maison... il faut la payer (Goncourt, Journal, 1876, p. 1131). − Empl. subst. Votre « jeune fille » devait être une grue, une roublarde, une poule qui vous menait par le bout du nez (Cocteau, Parents, 1938, III, 1, p. 270).Le vieux roublard [Manuci], qui en a vu de toutes les couleurs et qui est revenu de tout, s'assoit pour écrire les Mémoires de sa vie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 13). Prononc. et Orth.: [ʀubla:ʀ], fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1835 subst. masc. ([Raspail], Réf. pénit., 20 sept., p. 2: Roublard. Homme mal mis); 1836 subst. masc. (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 69: roublard. Laid, défectueux) − 1894 (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., p. 261); 2. 1863 adj. « chic, flambant » arg. des ouvriers d'apr. Esn.; 1864 subst. masc. « homme malin, rusé » (Veuillot d'apr. Esn.); 1866 adj. et subst. (Delvau, p. 346: Roublard. Rusé, adroit, qui a vécu, qui a de l'expérience). Orig. inc.; Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. y voit un dér. arg. de râbler1* « ramasser avec un râble », dont les formes rouabler, robler dial. sont bien att. (cf. FEW t. 10, pp. 598b-599a; v. aussi les formes dial. du subst., s.v. râble1); de roubler « racler », par le sens passif on aurait « raclé » donc « mal mis; misérable » et par le sens actif « râcleur » qui tire les marrons du feu avec un râble » d'où « extorqueur de tripot » 1858 (Figaro, 27 nov. d'apr. Littré Suppl.). Esn. voit dans les différents sens un empl. métaph. de « feu » et rattache le mot à la famille de roubliou att. dans l'arg. de Fribourg dès 1699 (v. FEW t. 10, p. 536a) du lat. rubeus « roux, roussâtre », de ruber « rouge ». Un rattachement (FEW t. 20, p. 44b) à rouble* se heurte au fait que le sens « richard, homme cousu de roubles » donné seulement en 1859 par Larch., p. 92, semble peu att., et surtout, n'est pas le sens primitif. Fréq. abs. littér.: 64. DÉR. Roublarder, verbe intrans.,fam. Faire le roublard. Il n'y a pas à roublarder avec nous, vous savez bien, lui dit l'agent; nous sommes aussi marauds que vous (Bruant1901, p. 398).− [ʀublaʀde], (il) roublarde [-aʀd]. − 1reattest. 1875 « user de roublardise » (Cavaillé ds Larch. 1880); de roublard « rusé », dés. -er. BBG. − Darm. 1877, p. 90. − Glaser (K.). Le Sens péj. du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, p. 944, 945. |