| RONDEMENT, adv. A. − Littéraire 1. En rond, selon une ligne courbe. Dans la nef, les arcades l'une sur l'autre ouvrent rondement leurs demi-cercles superposés (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 394). 2. D'une manière arrondie. Portefeuille rondement tendu; taille rondement replète. De quoi s'est-elle engraissée si rondement celle-là? (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 18). B. − 1. Vieilli. Avec régularité, d'une manière égale, sans brusquerie. Marcher rondement. Servez sur un plat légèrement échauffé; faites apporter le meilleur vin, qu'on boira rondement, et on verra merveilles (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 362).Et voilà qu'empoignant les brancards, rondement, très rondement, il les soulève et dégage la bête (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 155). − En partic. [En parlant d'un moteur] Cet autobus allait rondement. Le moteur faisait son bruit serré de mitraille, sans pétarades anormales (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 260). 2. a) Avec vivacité, efficacité et rapidité. Expédier des formalités rondement; mener rondement une affaire; mariage rondement mené. Elzéar épouse enfin sa princesse. Ah! Ils ont mené les choses rondement! Revenue depuis quelques jours, elle s'est brusquement décidée à sauter le pas (Vogüé, Morts, 1899, p. 318).Vous, vous êtes employé de bureau. (...) Vous devez avoir une belle écriture et travailler rondement (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 134). b) Fam. Le plus rapidement possible. Synon. vite, en vitesse.À la course, bourgeois? demanda-t-il [le cocher] d'une voix enrouée. − Non, à l'heure, et rondement. Il y aura un bon pourboire (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 299).Il arma les chiens du fusil et resta debout, à trois pas. − Toi, mange, et rondement! (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 142). 3. D'une manière directe, avec franchise. Synon. franchement, sans détours.Parler rondement. Malheureusement le judicieux Newton déclara rondement dans une de ses lettres théologiques au docteur Bentley qu'une telle opinion ne pouvoit se loger que dans la tête d'un sot (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 482).Un autre jour, on lui dit plus rondement: « Pour vous, allez vous-en où vous voudrez; nous n'avons que faire de vous » (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 444). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɔ
̃dmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 roondement « environ » (Wace, Vie St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 755); 2. a) ca 1250 « avec vivacité, efficacité » (Atre perilleux, éd. B. Woledge, append. 303: l'aroi Li trencha tout rouondement; 435: roondement); ca 1460 (Mistere du siège d'Orléans, éd. F. Guessard et E. de Certain, 17946: que y cheminent rondement); 1546 aller rondement en besogne (Rabelais, Tiers livre, éd. M. A. Screech, chap. 27, p. 192: tu vas rondement en besoigne); 1826 mener une affaire rondement (Vigny, Cinq-Mars, éd. F. Baldensperger, t. 2, p. 187: il faut mener nos affaires rondement); b) ca 1330 « tranquillement » (G. de Digulleville, Pélerinage vie hum., éd. J. J. Stürzinger, 4676: son chemin va rondement); c) ca 1393 « franchement, sincèrement » (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, I, VI, p. 91: plainnement et rondement cuer a cuer); 3. ca 1265 « circulairement, en rond » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 104, 4, p. 87: establies reondement). Dér. de rond1*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 101. |