| RONCHONNER, verbe intrans. Pop., fam. Manifester sa mauvaise humeur, son dépit, en murmurant plus ou moins distinctement des mots de mécontentement. Synon. bougonner, grommeler, râler (pop., fam.).Ce déplacement est nécessaire et (...) il serait inutile de ronchonner (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 274).Le gendarme brossait son képi d'un air désabusé. − « Allons, debout! » ronchonna-t-il, « et donnez-moi vos noms, prénoms, et toute la séquelle » (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 651).− Empl. trans. indir. Ronchonner à, après/contre qqn/qqc.Monsieur de Lautréamont, de fort méchante humeur, en homme à moitié endormi, lui ronchonnait qu'elle était folle (Lorrain, Contes chandelle, 1897, p. 83).En entrant nous avons réveillé Vassili. Ce sacré bonhomme a roupillé pendant toute l'alerte. Il se dresse, s'étire, bâille. Il ronchonne contre Kossiakoff qui lui conte l'aventure (Giono, Solit. pitié, 1932, p. 87). REM. Ronchonnant, -ante, part. prés. en empl. adj.,fam. [En parlant d'une pers.] Qui ronchonne. Je faisais une première sortie entre une Mathilde ronchonnante et un Milandre épanoui (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 62).[P. méton.] Propre à quelqu'un qui ronchonne. Mais ces phrases, je les devinai plutôt que je ne les entendis, tant elle les prononça d'une voix ronchonnante et en serrant les dents (Proust, Guermantes 1,1920, p. 312). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɔ
̃
ʃ
ɔne], (il) ronchonne [-ʃ
ɔn]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1866 (Delvau, p. 344: Ronchonner. Être grognon, maussade; bougonner); d'où a) 1894 ronchonnant part. prés. adj. « qui ronchonne » (D'Esparbès, Yeux clairs, p. 37); b) 1920 id. « propre à quelqu'un qui ronchonne » voix ronchonnante (Proust, loc. cit.). Mot prob. venu de la région lyonn. où le verbe roncher « ronfler », qui représente le lat. roncare « id. » d'où l'a. fr. ronchier, ca 1223 (Gauthier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir. 30, 848), est entouré de nombreux dér.: dauph. ronchuná, rũtsiñá (FEW t. 10, p. 466b), lyonn. rouchonno (ibid. et Du Puitsp.), avec le sens de « gronder, pleurnicher ». La forte valeur onomat. du mot a certainement été pour beaucoup dans son admission en fr. pop. Fréq. abs. littér.: 44. DÉR. 1. Ronchon, adj. et subst.,pop., fam. (Personne) qui a pour habitude de ronchonner. Synon. bougon, grognon, ronchonneur.Un vieux ronchon. Zut... M... N... de D... Ça me rend tout ronchon, D'faire quand j'croyais tout fait, 'cor un' blag' pour Ponchon (Verlaine, Corresp., t. 3, 1889, p. 73).− [ʀ
ɔ
̃
ʃ
ɔ
̃]. − 1reattest. 1878 (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 299); déverbal de ronchonner*. 2. Ronchonnement, subst. masc.,pop., fam. Action de ronchonner; paroles, murmures proféré(e)s par quelqu'un qui ronchonne. Ronchonnement de mauvaise humeur. De temps à autre, par sursaut, il revenait un peu à la vie (...) Ça lui venait en ronchonnements ... des insultes dans le fond de son assiette, toutes rauques... toutes sourdes...: « Nom de Dieu! Nom de Dieu de merde!... » (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 565).− [ʀ
ɔ
̃
ʃ
ɔnmɑ
̃]. − 1reattest. 1880 le ronchonnement d'un gosse (Huysmans, Croquis Parisiens, p. 58 ds Cressot, p. 217); de ronchonner, suff. -ment1*. |