| RISQUE, subst. masc. I. − [Le risque est subi] A. − Danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité. Risque objectif, subjectif; comporter des risques; explorer le risque; tenir compte des risques; les risques du métier. Un rebord (...) m'offrit une banquette, d'où je pus à mon aise et sans risque jouir d'un spectacle vraiment neuf (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 223): 1. Mais la qualification essentielle du risque nucléaire résulte de la distinction qui s'impose entre le camp qui tire le premier et celui qui riposte: celui qui tire le premier a tous les avantages (...): il choisit son moment (...); celui qui riposte au contraire à été surpris (...). Il y a donc une dissymétrie importante entre l'attaque et la riposte.
Beaufre,Dissuasion et strat., 1964, p. 35. − Expr., vieilli ou littér. À tout risque. À tout hasard, en s'exposant à tous les accidents possibles. Expérimenter à tout risque, avec sa terre et ses capitaux, comme un médecin essaye des médicaments sur sa santé (Fromentin,Dominique, 1863, p. 21).Pour ne pas se perdre, elle n'imaginait rien d'autre que descendre à tout risque jusqu'au village, pour y reprendre la route déjà parcourue jadis (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p. 1024). B. − Spécialement 1. DR. ,,Éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage`` (Cap. 1936). Assurance tous risques. Toutefois n'entrent pas en compte dans le calcul de la rémunération: l'indemnité de résidence, le supplément familial de traitement, les prestations familiales, les indemnités représentatives de frais qui correspondent à des dépenses réelles, les indemnités pour risques corporels (Encyclop. éduc., 1960, p. 304).Le parlement fut saisi, cette année-là, d'un projet sur les assurances sociales contre les risques de maladie, invalidité, vieillesse, décès et charges de familles (Debatisse,Révol. silenc., 1963, p. 166). ♦ Risque de (+ subst. désignant l'événement contre la survenance duquel on s'assure).Risque de décès, de gel, de grêle, d'inondation. L'assurance des navires est dite assurance « sur corps ». Elle couvre les risques de naufrage, d'échouement, d'incendie (M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p. 171). a) DR. ADMIN. Responsabilité pour risque. ,,Elle est encourue par l'administration en dehors d'une faute de sa part`` (Favr.-Vettr. 1981). b) DR. CIVIL ♦ Théorie du risque. ,,Système portant la responsabilité civile sur le fait que celui qui tire un avantage matériel ou moral d'une activité doit en supporter les conséquences dommageables pour les tiers`` (Jur. 1981). ♦ Risque catastrophique. ,,Dommage qui, en assurance-vie, résulte de calamités naturelles, tremblement de terre, raz-de-marée`` (Barr. 1967). ♦ Risque locatif. ,,Conséquence pécuniaire de la responsabilité que l'assuré peut encourir en sa qualité de locataire à l'égard de son bailleur`` (Barr. 1967). ♦ Risque politique. ,,Risque susceptible d'être garanti par l'assurance-crédit et résultant d'événements politiques ou sociaux`` (Barr. 1967). ♦ Risque professionnel ou du travail. ,,Fondement de la législation qui met à la charge du patron la réparation des accidents`` (Barr. 1967). ♦ Risque social. ,,Mise à la charge de la collectivité de la réparation du préjudice subi par une personne`` (Barr. 1967). Il y a risque social lorsque les personnes ne peuvent pas, à moins d'une chance exceptionnelle faire face à des aléas normaux de l'existence, quoi qu'il en soit de leur situation personnelle, du simple fait qu'ils appartiennent à une catégorie sociale dont tous les membres sont dans la même situation (R. de l'action pop., 1957, no106, p. 319). c) DR. COMM. ♦ Risque de mer ou de transport maritime. ,,Incident ou accident pouvant survenir au cours d'un voyage maritime et affectant les marchandises ou le navire`` (Barr. 1967). Un très puissant organisme spécialisé comme le Lloyd's intervient d'une façon prépondérante pour couvrir l'ensemble des risques inhérents aux transports maritimes (M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p. 12). ♦ Risque bancaire. ,,Risque encouru par le banquier qui consent un crédit à un client`` (Gestion fin. 1979). ♦ Risques de change. ,,Risques financiers liés aux fluctuations monétaires, dévaluations ou flottaisons, et qui peuvent dissuader un industriel d'investir à l'étranger`` (cida 1973). 2. MÉD. Risque dominant. ,,Le risque dominant est celui qui commande par sa nature l'importance des conséquences pour une famille déterminée (détention, alcoolisme, tuberculose, etc.)`` (Informations soc., 1958, n o2, p. 9). − Expr. À risque ♦ Enfant à risque élevé. Enfant né dans de mauvaises conditions et pouvant faire l'objet de soins spéciaux et de surveillance dans une unité médicale spéciale (d'apr. Lafon 1969). ♦ Grossesse à risque. Grossesse dont le déroulement comporte un danger (d'apr. Lafon 1969). ♦ Individu, groupe à risque, à haut risque. Individu ou groupe qui présente une possibilité de maladie, d'accident ou de morbidité statistiquement plus élevé que pour la moyenne de la population, du fait de facteurs congénitaux (d'apr. Méd. Flamm. 1975). ♦ Facteur de risque. ,,Attribut ou caractéristique physiologique ou pathologique entraînant un risque plus élevé, pour l'individu chez lequel on le détecte, d'être frappé par telle ou telle affection`` (Méd. Flamm. 1975). La consommation excessive de cigarettes est un facteur de risques vis-à-vis du cancer du poumon (Méd. Flamm.1975). ♦ Indicateur de risque. Critère ,,utilisé dans le dépistage des sujets ou groupes à risque élevé, et qui n'est pas forcément lié à l'affection par des liens de causalité, du moins dans l'état actuel de nos connaissances`` (Méd. Flamm. 1975). II. − [Le risque est affronté] Possibilité hasardeuse d'encourir un mal, avec l'espoir d'obtenir un bien. Risque financier; risque du jeu; accepter le risque. Andermatt avait dû lui représenter alors [au père Oriol] que les risques doivent être proportionnels aux gains possibles, et le terroriser par la peur de la perte (Maupass.,Mt-Oriol, 1887, p. 124).Le risque, la lutte avec le hasard, l'appel à la chance (je crois qu'il [Lamartine] aurait dit la sollicitation de Dieu), bref, l'obéissance à son inspiration, voilà le secret profond de son être, voilà son démon intérieur que nul traitement ne peut dompter (Barrès,Maîtres, 1923, p. 226). − Expressions ♦ Avoir le goût du risque. Cédé ma chaire au père Monéry. Il a bien parlé, en anglais, montrant les souffrances des jeunes Français sous l'occupation, mais soulignant ce que les meilleurs d'entre eux y ont gagné: un goût du risque et de l'aventure (...) une volonté plus ferme (Maurois,Journal, 1946, p. 155). ♦ À ses risques et périls. V. péril I A 1 a. ♦ Courir un risque, le risque de + subst. ou inf. S'exposer à un danger pour parvenir à un résultat. Courir le risque d'un échec; courir le risque de perdre. « Il faut huit jours ». Le survivant des massacres admet qu'on s'en tirerait en un jour et ajoute: « Vous verrez bien. C'est un risque à courir » (Barrès,Cahiers, t. 11, 1914, p. 50): 2. Il est vraisemblable qu'un nombre de joueurs plus ou moins important jouent tout en ayant une connaissance objective des probabilités (...). Cela peut s'expliquer d'abord par le goût du vertige: l'intérêt de la partie, l'émotion développée par le jeu représente un moteur psychologique additionnel qui justifie le risque couru...
Jeux et sports, 1967, p. 350. ♦ Prendre un risque, le risque de + subst. ou inf. S'exposer volontairement à un danger pour parvenir à un résultat. C'est pourquoi, prenant le risque, j'encourageais le soulèvement, sans rejeter aucune des influences qui étaient propres à le provoquer (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 292).En partic. [Dans le domaine de la compétition sportive] Prendre des risques. S'exposer sans hésiter au danger pour obtenir la victoire. Je considère ça comme très dangereux (...). Des risques, je veux bien en prendre pour gagner, pas pour terminer 25e(L'Est Républicain, Sports, 8 janv. 1990, p. 1, col. 1). − Loc. Au risque de + inf. En s'exposant à. Puis ce premier étourdissement, cette première prostration dissipés, elle voulut parler, appeler au secours, s'élancer hors du coupé au risque de se tuer (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 463). Prononc. et Orth.: [ʀisk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1578 fém. « danger, inconvénient plus ou moins prévisible » (H. Estienne, Deux dialogues du nouveau lang. fr., éd. P.-M. Smith, p. 145); 1663 masc. (Molière, L'Impromptu de Versailles, III, éd. R. Bray, p. 363: Ton argent court grand risque); 1690 jur. (Fur.: Un dépositaire ne court point de risque, il n'est point tenu de la perte de la chose déposée: l'emprunteur est au contraire); 1694 loc. au risque de (Ac.). Empr. à l'a. ital.risco « risque », att. du xiveau xviies. (d'apr. DEI), ital. mod. rischio (dep. ca 1260, Guittone da Bologna ds Cor.-Pasc., s.v. riesgo), issu, comme l'a. prov. resegue « risque encouru par une marchandise sur mer » (dep. 1300, v. Wartburg ds R. Ling. rom. t. 24, pp. 288-289), le cat. reec (dep. xiiies.), l'esp. riesgo (dep. ca 1300), d'un lat. *rĕsĕcum (cf. lat. médiév. resicu dans le Picenum, 1193 ds Cor.-Pasc.; resegum à Marseille, 1200 ds Fagniez t. 1, p. 111; risecum à Bologne, 1250-67 ds Du Cange), dér. de rĕsĕcare « couper ». À partir de *resecum « ce qui coupe » est né le sens « rocher escarpé », conservé dans l'esp. risco, d'où « écueil », puis « risque encouru par une marchandise transportée par bateau » (sens bien att. en lat. médiév., v. Du Cange). Le -i de la forme ital. s'explique prob. par l'infl. du verbe resecare qui a pu donner en Toscane ris(i)care, rischiare (cf. Rohlfs, § 49). Le gr. byz. ρ
̔
ι
ζ
ι
κ
ο
́
ν « hasard » (EWFS2; Kahane Byzanz, 378) n'explique pas le -e du lat. médiév., de l'a. prov., du cat., de l'esp. et des dial. de l'Italie du Nord. Voir Cor.-Pasc. et FEW t. 10, pp. 292-293. Fréq. abs. littér.: 2 121. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 734, b) 1 532; xxes.: a) 2 304, b) 5 334. Bbg. Ciureanu (P.). Parole commerciali francesi di origine italiana. Bolletino dell' Istituto di lingue estere. 1951/52, t. 2, pp. 89-92. − Hope 1971, p. 220. − Quem. DDL t. 7, 21. |