| RIDER, verbe trans. A. − Sillonner, marquer de rides. La colère ridait son sinistre visage (Baour-Lormian,Ossian, 1827, p. 38).Cette pâte et cette eau possèdent d'étonnantes propriétés pour agir sur la peau, sans la rider prématurément (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 47).Empl. pronom. Son front, pareil au front de la mer soucieuse, Se ridait à longs plis (Gautier,Comédie mort, 1838, p. 34).Elle avait ressenti âprement la faim et claquait des dents. Ses oreilles se ridèrent en s'exhaussant (Jammes,Rom. du lièvre, 1903, p. 30). B. − 1. [Le compl. d'obj. désigne une surface liquide] Produire une légère ondulation. Un vent tiède et léger rida imperceptiblement l'eau de la mare, un oiseau siffla (Pergaud,De Goupil, 1910, p. 157).Empl. pronom. Ce n'est plus la surface plane et opaque des canaux tranquilles qui ne se rident le plus souvent que sous la rame légère du gondolier (Nodier,J. Sbogar, 1818, p. 157).Le café au lait pouvait se rider dans les tasses (Cocteau,Enfants, 1929, p. 91).Avec ell. du pron. après le verbe faire. Un vent frais fait rider la surface des eaux, Et courbe, en se jouant, la tête des roseaux (Michaud,Printemps proscrit, 1803, p. 101). 2. [À propos d'une surface quelconque] Marquer de plis ou de sillons. Le reflux avait laissé le dessin de ses arceaux concentriques sur la grève; le sable guirlandé de fucus était ridé par chaque flot comme un front sur lequel le temps a passé (Chateaubr.,Litt. angl., t. 2, 1836, p. 316).Empl. pronom. Quelle cause, en effet, aurait pu faire perdre à l'écorce terrestre la faculté de se rider sous l'influence des actions souterraines? (A. de Humboldt,Cosmos, trad. par Faye, 1848, p. 354).Pauline voulait grimper à l'arbre pour les merises noires qui brillaient comme du jais dans la feuille (...). Elle ramassait les fruits tombés qui se ridaient sur la friche jaunie (Pourrat,Gaspard, 1922, p. 155). C. − MAR. Tendre une manœuvre dormante à l'aide de ridoirs ou de caps-de-mouton (d'apr. Gruss 1952). Prononc. et Orth.: [ʀide], (il) ride [ʀid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1165-70 part. passé « plissé, froncé (en parlant d'une chemise) » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 404); 2. a) α) 1269-78 vielle ridée (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12824);
β) 1611 pronom. « froncer, plisser » (Cotgr.); b) α) 1553 « former de petites rides (de la surface de l'eau) » (Du Bellay, Chants de l'amour, XVIII, 140 ds Divers jeux rustiques, éd. V.-L. Saulnier, p. 43);
β) pronom., avec ell. du pron. pers. 1575 « se froncer » (Paré,
Œuvres, XII, 2, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 280a); 1690 se rider « id. » (Fur.). B. 1572 mar. (Thierry). Prob. de l'a. h. all. rîdan, anciennement wrîdan « tourner, tordre », v. FEW t. 16, pp. 704b-706a. H. Meier (ds Mél. Lommatzsch, pp. 303-310) qui considère que cette étymol. est invraisemblable tant du point de vue sém. que géogr., propose les étymons *rūgĭdare (de ruga « ride »), pour rider « plisser » et rigidare (de rigidus « rigide »), pour rider « tendre une voile », mais les difficultés phonét. sont très sérieuses (v. Z. rom. Philol. t. 92, 1976, p. 615). Fréq. abs. littér.: 98. DÉR. 1 Ridage, subst. masc.a) Mar. Action de rider, de tendre un cordage. Ce sont [les caps de moutons] des sortes de palans servant au ridage des haubans (Galopin,Lang. mar., 1925, p. 49).b) Défaut dû à un séchage trop rapide et non uniforme d'une peau, d'une toile (en peinture). Les défauts inhérents aux peaux séchées sont d'une autre nature: une sèche trop vive provoque un ridage et un racornissement qui disparaissent ensuite très difficilement (Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux, 1947, p. 24).− [ʀida:ʒ]. − 1resattest. a) 1831 mar. (Will.), b) 1947 « défaut dû à un séchage trop rapide et non uniforme d'une peau, d'une toile (en peinture) » (Bérard, Gobilliard, loc. cit.); de rider, suff. -age*. 2. Ridement, subst. masc.Action de rider ou de se rider; résultat de cette action. Ces phénomènes de ridement sous-marin paraissent avoir joué un grand rôle (...). Ils ont changé les conditions bathymétriques de tout ou partie des bassins qu'ils ont affectés; ils ont entraîné, par voie de conséquence, des modifications dans la nature des sédiments, et ils ont facilité l'action érosive des courants (Cayeux,Causes anc. et act. géol., 1941, p. 66).− [ʀidmɑ
̃]. − 1reattest. 1520 les ridemens du corps (Gui de Chauliac, Le Guidon en françois, f o105 ds Sigurs, p. 292); de rider A, suff. -(e)ment1*. 3. Ridoir, subst. masc.,mar. ,,Tout appareil à poulie, crémaillère ou vis permettant de tendre un cordage ou une chaîne`` (Gruss 1952). [Les] balancines sont établies à poste fixe sur le tangon et sur la muraille [du navire]; mais sur chacune d'elles est un ridoir servant à lui donner la tension voulue (Ledieu, Cadiat,Nouv. matér. nav., 1899, p. 30).− [ʀidwa:ʀ]. − 1reattest. 1859 (Bonn.-Paris); de rider, suff. -oir*. BBG. − Bonn. 1920, p. 120, 184. _ Brüch (J.). Der Einfluss der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein. Heidelberg, 1913, p. 39. _ Quem. DDL t. 21. |