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RHAPSODIE, subst. fém.
I.
A. − ANTIQ. GR. Suite de poèmes épiques chantés par les rhapsodes. Il y a eu la narration épique primitive, la rhapsodie homérique, ce qu'au moyen âge on appelait la chanson de geste, une branche de récit qui se racontait en public, souvent avec accompagnement de musique (Sainte-Beuve, Virgile, 1857, p. 83).
B. − Péj., vieilli. Ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux. Prenant alors un ouvrage qui traitait de nos dernières campagnes, il l'a parcouru quelque temps, puis l'a jeté, disant: « C'est une véritable rapsodie, un tissu de contresens et d'absurdités » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 9).
II. − MUS. Œuvre instrumentale ou orchestrale de forme libre, composée de thèmes juxtaposés, d'inspiration populaire ou régionale. Rhapsodies hongroises de Liszt. Ce fut une musique indigène, celle de Wéber et de Spohr, dont on avait entendu dès l'enfance les rhapsodies errantes le soir à la porte des villes, une mélodie faite à demi de chants populaires, de soupirs dérobés aux murs fendus et aux lichens des vieux châteaux du Rhin (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 39).
Prononc. et Orth.: [ʀapsɔdi]. Ac. 1694-1762: rapsodie; 1798-1878: rapsodie, rh-; 1935: rh-. Rapsodie chez Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 444; Lemaitre, Contemp., 1885, p. 338; France, Orme, 1897, p. 113. Étymol. et Hist. 1. a) 1580 antiq. gr. rapsodie (L. Trippault, Celt-Hellénisme, p. 262 ds Mél. Baldinger t. 2, p. 607); b) 1587 péj. (P. Crespet, Discours de l'ame. − 1604, I, á 5 v ods R. Philol. fr. t. 45, p. 147); 2. 1836 mus. (Quinet, loc. cit.); cf. Mus. qui précise: ,,C'est le Tchèque V. J. Tamasek qui fut le premier à publier quelque 50 ans avant F. Liszt 6 fantaisies pour piano sous le titre de Rhapsodies``. Empr. au gr. ρ ̔ α ψ ω δ ι ́ α « récitation d'un poème épique » et « récit usé », dér. de ρ ̔ α ψ ω δ ο ́ ς, v. rhapsode; cf. la forme rapsoderie, de même sens 1614 (Pièce ds Variétés hist. et littér., t. 9, p. 140). Fréq. abs. littér.: 52.
DÉR. 1.
Rhapsoder, verbe trans.,péj. Compiler et citer en désordre, mal arranger; parler, écrire à tort et à travers. Je suis bien peu en poésie pour le moment; j'étouffe et suis en vraie langueur physique. Je rhapsode et recouds à travers cela de vieux articles pour une publication de portraits (Sainte-Beuve, Corresp., t. 6, 1845, p. 210). [ʀapsɔde]. Parfois rapsoder, v. rhapsode, rhapsodie. 1resattest. 1666 rapsodier « mal arranger » (Furet., Rom. bourg., II, 107 ds DG), 1671 rhapsoder (Mmede Sévigné, Corresp., 21 juin, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 275); de r(h)apsodie, dés. -er. Cf. rapsodier « réciter comme un rapsode, répéter » 1579 (Paré, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, livre XIX, chap. 32, t. 3, p. 66), v. aussi Hug.
2.
Rhapsodique, adj.a) [Corresp. à supra I B] Qui est décousu, désordonné. Une procession magnifique et bigarrée de pensées désordonnées et rapsodiques (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 373);b) [Corresp. à supra II] Qui tient de la rhapsodie musicale. Vingt mesures seulement précèdent le lever du rideau [Pelléas, acte I]. Il faut tout de même y voir un prélude symphonique (...) une ouverture rhapsodique, qui évoque (...) les motifs principaux de l'ouvrage (Emmanuel, Pelléas, 1929, p. 144). [ʀapsɔdik]. Rapsodique chez Baudel., loc. cit. V. rhapsode, rhapsodie. 1resattest. a) 1842 (Ac. Compl.: Rhapsodique. Qui est formé de lambeaux), b) 1875 (Lar. 19e: Rapsodique ou rhapsodique. Qui a le caractère d'une rapsodie); de rhapsodie, suff. -ique*. Cf. le gr. ρ ̔ α ψ ω δ ι κ ο ́ ς « qui concerne les rhapsodes ». Au sens a l'angl. rhapsodical est att. dep. 1659 ds NED.