| REZ-DE-CHAUSSÉE, subst. masc. inv. A. − [Dans les loc. adv. à rez-de-chaussée, en rez-de-chaussée] Niveau du sol. ♦ À rez-de-chaussée. Au niveau du sol. Ces fenêtres ou jours ne peuvent être établis qu'à vingt-six décimètres (huit pieds) au-dessus du plancher ou sol de la chambre qu'on veut éclairer, si c'est à rez-de-chaussée (Code civil, 1804, art. 677, p. 124).Bien peu d'hôtels peuvent disposer de ces vastes cours et jardins qui rendent l'habitation à rez-de-chaussée agréable (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 276).V. groupe ex. 9. ♦ En rez-de-chaussée. De plain-pied avec le sol. La manipulation de gros tonnages, ainsi que l'installation de grandes machines avec de lourds bâtis, exigent (...) la construction en rez-de-chaussée (Brunerie,Industr. alim., 1949, p. 147). − Être de rez-de-chaussée avec qqc. (au fig. avec une connotation péj., littér.). Être de plain-pied avec quelque chose. La poésie des anciens, celle des Grecs du moins, était élevée au-dessus de la prose et de la langue courante, comme un balcon. La nôtre n'a été, dès l'origine, que terre à terre et comme de rez-de-chaussée avec la prose (Sainte-Beuve,Pens. août, 1837, p. 472). B. − 1. Partie d'un édifice située au niveau du sol, ou très légèrement surélevée ou surbaissée par rapport à celui-ci. Rez-de-chaussée d'un immeuble, d'une maison, d'une auberge; appartement, atelier, boutique du rez-de-chaussée; chambre, salle, salon du rez-de-chaussée; fenêtre du rez-de-chaussée. Voici quelle était la construction d'une maison de bourgeois au douzième siècle (...): trois étages d'ordinaire, une seule pièce à chaque étage; la pièce du rez-de-chaussée servait de salle basse (Guizot,Hist. civilis., leçon 7, 1828, p. 23).Jacques sortit des bureaux du rez-de-chaussée, me serra la main, me sourit et me fit monter dans l'appartement (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 344). ♦ Au rez-de-chaussée. Habiter, loger, manger, recevoir au rez-de-chaussée; (avoir) un appartement, une/deux/trois pièce(s) au rez-de-chaussée; (avoir) une pièce située, un local installé au rez-de-chaussée; descendre, reconduire qqn, frapper au rez-de-chaussée. Toutes les chambres de la maison, au rez-de-chaussée ainsi qu'au premier, sans exception, étaient blanchies au lait de chaux (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 32).J'arrivai contre la maison. Tous les volets étaient clos. Mais l'un d'eux, au rez-de-chaussée, laissait filtrer une lumière (Bosco,Mas Théot., 1945, p. 76). − En partic. [Dans un théâtre] Baignoire, loge du rez-de-chaussée. Toutes les loges s'emplirent les unes après les autres. Une seule restait vide: l'avant-scène du rez-de-chaussée (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 130). − P. métaph. Les principes sacrés, ceux qui conduisent aux postes honorablement subalternes (...) éminents lorsqu'on les regarde (...) du rez-de-chaussée de la hiérarchie (Arnoux,Solde, 1958, p. 102). 2. P. méton. Dans cette rue, les rez-de-chaussée commerçants ne sont ni des boutiques ni des magasins, les amis du Moyen-Âge y retrouveraient l'ouvrouère [« atelier », v. ouvroir étymol.] de nos pères en toute sa naïve simplicité (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 7). − En partic. Appartement situé au rez-de-chaussée. Agréable, ancien, discret, triste, vaste rez-de-chaussée; visiter, louer un rez-de-chaussée; loger dans un rez-de-chaussée; locataire du rez-de-chaussée. Le docteur Poulain demeurait rue d'Orléans. Il occupait un petit rez-de-chaussée composé d'une antichambre, d'un salon et de deux chambres à coucher (Balzac,Cous. Pons, 1847, p. 161).À l'époque à laquelle vous faites allusion nos amis habitaient, rue Montalivet, un magnifique rez-de-chaussée avec entresol donnant sur un jardin (Proust,Prisonn., 1922, p. 202). C. − P. anal., PRESSE. ,,Bas de page des journaux où se placent les feuilletons ou les articles de variété`` (Comte-Pern. 1974). Autrefois, il y a une quarantaine d'années (...) on inventa de couper un roman par tranches, et de le débiter quotidiennement au rez-de-chaussée d'un journal (Zola,Romanc. natur., Romanc. contemp., 1881, p. 290).La Vieille fille, de Balzac (...) est (...) publiée en colonnes, et non en rez-de-chaussée (du 23 octobre au 4 novembre 1836) (Morienval,Créateurs gde presse, 1934, p. 67). Prononc. et Orth.: [ʀedʃose], [ʀ
ε-]. Barbeau-Rodhe 1930, Martinet-Walter 1973 [-dʃ-], [-tʃ-], Martinet-Walter dans la proportion 7, 10. Lerond 1980 [-tʃ-]. Ac. 1694-1740: raiz, ou rez-de chaussée; Ac. 1762-1878: rez de chaussée; Ac. 1935: rez-de-chaussée. Étymol. et Hist. 1. 1365 « surface d'un terrain au niveau de la chaussée, de la rue » (Bail par Ph. Giffart ds Chartes et doc. de l'abbaye de St-Magloire, éd. A. Terroine et L. Fossier, t. 3, p. 314: depuis rez de chauciee); 1366 (R. de Lasteyrie, Fragments de comptes relatifs aux travaux de Paris en 1366, p. 20: jusques au rez de chaussiée); 1387 (Comptes des travaux faits au collège de Beauvais ds Fagniez t. 2, p. 130: mesura toutes les widanges du parfont jusques au rez de chaussée); 2. 1450 « partie d'un édifice dont le plancher est sensiblement au niveau du sol, de la rue » (Comptes du domaine de la ville de Paris, I, p. 671 ds Quem. DDL t. 21: tant celle du rez de chaussée comme celles du premier étage); 3. 1860 journ. « article imprimé en bas de page » (Goncourt, Ch. Demailly, p. 237). Comp. de rez*, de* et chaussée*. Fréq. abs. littér.: 1 008. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 986, b) 1 897; xxes.: a) 1 971, b) 1 242. Bbg. Quem. DDL t. 5. |