| REVERSER1, verbe trans. A. − [Le compl. désigne un liquide] Verser de nouveau. Reverser du vin à un convive. Dans mon verre d'eau sucrée, je reverse du cognac, ça me fait un grog (Courteline, Client sér., 1897, 3, p. 57).P. métaph. Son amour s'agrandissait devant l'espace, et s'emplissait de tumulte aux bourdonnements vagues qui montaient. Elle le reversait au dehors, sur les places, sur les promenades, sur les rues, et la vieille cité normande s'étalait à ses yeux comme une capitale démesurée, comme une Babylone où elle entrait (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 112).Empl. pronom. réfl. indir. Se reverser du vin. Il se reversa une seconde flûte qui prit le chemin de la première. Tout valsait. C'est méchant sur le Pernod, le champagne (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 115). − En partic. Verser un liquide dans le récipient d'où on l'a tiré; verser dans un autre récipient. Synon. transvaser.Quand le plateau lui revenait avec des verres qui n'étaient pas bus, il (...) reversait les petits verres restés pleins dans la bouteille (Goncourt, Journal, 1894, p. 663).V. contre-appel ex. − MAR., vx. Transporter la cargaison d'un bâtiment à un autre. Synon. transborder. (Dict. xixeet xxes.). B. − Spécialement 1. FIN. [Le compl. désigne une somme, des titres] Reporter sur un compte, transférer d'une caisse à l'autre, d'une personne à une autre. Reverser des titres de rente à qqn; reverser sur la tête de ses enfants un titre de propriété. [Le gouvernement] reverse dans la société, par ses achats, la monnaie qu'il lève par l'impôt, sans y reverser la valeur de l'impôt (Say, Écon. pol., 1832, p. 538).Cette somme est donc une simple fiche de garantie. Je m'offre à la reverser, si papa rembourse jamais la société prêteuse, c'est-à-dire s'il restitue jamais les quatre mille trois cents francs au Capital mutuel (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 14). 2. [Le compl. désigne un militaire] Transférer d'une arme, d'une unité, d'un corps ou d'une fonction à un(e) autre. Le général Pellé et le lieutenant-colonel Bel (...) seraient éloignés du grand quartier général et reversés dans la troupe (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 404).J'ai enfin réussi à me faire reverser dans le service armé, malgré ma blessure (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 240). C. − Au fig., littér. Reverser (qqc.) sur (qqn).Reporter sur; faire retomber sur. Je pouvais maintenir l'unité sans faille de la famille et reverser sur la tête de Louise une bonne partie des mérites de Charles (Sartre, Mots, 1964, p. 25). − Empl. pronom. réfl. à sens passif. Il y a eu tellement de grands saints, et des si grands saints, à la fondation des couvents, que toute leur sainteté doit se reporter, se reverser particulièrement sur ceux qui sont appelés dans leurs couvents (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 28). Prononc. et Orth.: [ʀ
əvε
ʀse], (il) reverse [-vε
ʀs]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1210 « verser (un liquide) » (Dolopathos, 177 ds T.-L.); b) 1553 « verser de nouveau (un liquide) » (Ronsard, De Folastries, VII, 60 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 45); c) 1611 « verser un liquide dans le récipient d'où on l'a tiré » (Cotgr.); 2. 1832 fin. (Raymond). Dér. de verser*; préf. re-*. DÉR. 1. Reversement, subst. masc.,fin. Action de reporter une somme d'un compte sur un autre, de transférer des fonds d'une caisse à une autre. Reversement de fonds. En cas de remboursement, les organismes de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales sont en droit de demander le reversement des prestations servies à l'assuré (Réforme Sécur. soc., 1968, p. 41).Ordre de reversement. Ordre par lequel l'administration du Trésor oblige quelqu'un à reverser les trop-perçus dont il a bénéficié lors du paiement de son traitement. Notre lecteur est prié de bien vouloir effectuer cet envoi de toute urgence [un trop perçu de... huit francs], sinon on sera dans l'obligation de déposer à son encontre un ordre de reversement dont le recouvrement sera poursuivi par les agents judiciaires du Trésor (L'Œuvre, 5 mars 1941).− [ʀ
əvε
ʀsəmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1835, 1878. − 1resattest. a) 1773 « transbordement » (Bourde de Villehuet, Manuel des marins d'apr. FEW t. 14, p. 308b), b) 1832 fin. (Raymond); de reverser1*, suff. -(e)ment1*. 2. Réversoir, subst. masc.,équip. a) Barrage établi sur un cours d'eau et par-dessus lequel l'eau s'écoule en nappe. Synon. déversoir.Il faut se préoccuper enfin de ramener, plus tard, les eaux dérivées dans le cours d'eau dont elles proviennent, et ceci conduit à l'installation de « réversoirs » manœuvrables dans les points bas des champs d'inondation spécialement réservés (J. Larras, L'Aménagement des cours d'eau, 1965, p. 52).b) ,,Pertuis à la paroi latérale d'un réservoir`` (Jossier 1881). − [ʀ
əvε
ʀswa:ʀ]. J. Larras, loc. cit.: ré-. − 1resattest. a) 1309 « ouverture par laquelle se déverse le trop-plein d'un réservoir » (doc. ds Gdf. Compl.), de nouv. 1771 (Trév.), b) 1832 « déversoir » (Raymond); de reverser1, suff. -oir*. BBG. − Gohin 1903, p. 347. |