| * Dans l'article "REVENDIQUER,, verbe trans." REVENDIQUER, verbe trans. A. − Réclamer une chose dont on est légitimement propriétaire et qui est entre les mains d'une autre personne. Synon. requérir.Revendiquer un bien, un droit, un dû, un immeuble, un héritage, un meuble, une succession. Jean de Montfort revendiquait son duché contre Charles de Blois, soutenu par la France (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 93). − DR. [Le suj. désigne un magistrat] Demander à juger une affaire, une cause comme relevant de ses attributions. Le procureur du roi a revendiqué une cause qui était portée à un autre tribunal (Ac.). B. − 1. Réclamer, exiger quelque chose qui est considéré comme dû. Revendiquer l'amélioration des conditions de travail, le droit au travail. Voilà cinq ans que je préside aux destinées de cette maison; cinq ans que je vous fais espérer (...) les augmentations de salaires que vous ne sauriez revendiquer avec trop de légitimité (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 4etabl., II, p. 141). ♦ Absol. Les syndicats revendiquent. (Dict. xxes.). 2. Au fig. Réclamer comme revenant de droit, comme étant nécessaire. Revendiquer le suffrage universel, un titre. Et qu'on ne s'étonne point qu'ayant revendiqué d'abord la liberté de la personne humaine, nous fassions intervenir maintenant la communauté nationale (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. 131).Des hommes qui revendiquent la richesse dont ils sont privés, et cette liberté qu'ils n'exercent pas de fait et sont contraints d'imaginer seulement (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 165). ♦ Revendiquer qqc. pour qqn.Il enrageait de voir les nationalistes revendiquer toujours pour eux seuls le monopole de la noblesse, du désintéressement, des vertus héroïques (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 484). ♦ Revendiquer qqc. pour qqc.On revendiquait alors [à l'époque romantique] une liberté totale pour les formes de l'art et ses expressions (Valéry,Variété IV, 1938, p. 16). ♦ Revendiquer qqn.Comment douter que la puissante famille à qui elle appartenait ne vînt un jour la revendiquer pour lui rendre l'éminence de son rang? (Toulet,J. fille verte, 1918, p. 91). − Rare. [Le suj. désigne qqc.] Quand une philosophie revendique le titre de mécaniste, l'on entend immédiatement que pour elle, toutes les sciences doivent être considérées comme des « promotions » de la mécanique (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p. 20). 3. P. ext. Demander à être reconnu comme l'auteur de quelque chose, comme étant l'initiateur de quelque chose. Revendiquer une œuvre, un écrit, une action; attentat non revendiqué. De quelque amour affamé que Beethoven se soit jeté sur l'enfant dont il revendiquait la paternité, il ne faut pas croire que cette passion qui lui était un refuge ait suffi à le libérer de ses autres obsessions d'amour (Rolland,Beethoven, t. 1, 1937, p. 145). ♦ En partic. Assumer pleinement la responsabilité de quelque chose. Revendiquer une (entière) responsabilité, la responsabilité de ses actes. Un type comme Hoederer ne meurt pas par hasard. Il meurt pour ses idées, pour sa politique; il est responsable de sa mort. Si je revendique mon crime devant tous, si je réclame mon nom de Raskolnikoff et si j'accepte de payer le prix qu'il faut, alors il aura eu la mort qui lui convient (Sartre,Mains sales, 1948, 7etabl., p. 259). − Empl. pronom. Insulté, asservi, il [le noir] se redresse, il ramasse le mot de « nègre » qu'on lui a jeté comme une pierre, il se revendique comme noir, en face du blanc, dans la fierté (Sartre,Sit. III, 1949, p. 237). REM. 1. Revendicant, -ante, adj.,vieilli. Qui revendique, qui exprime la revendication. Synon. revendicateur.Le malheur, c'est qu'en politique on ne revient jamais de l'histoire à l'individu, dit Lambert. On se perd dans les généralités et les cas particuliers, tout le monde s'en fout. Lambert avait parlé d'une voix si revendicante qu'Henri le regarda avec curiosité (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 134).Empl. subst. Sans doute y a-t-il une histoire secrète; (...) mais alors ce n'est pas celle-là, celle des revendicants et des interprétants (Queneau,Enf. du limon, 1938, p. 258). 2. Revendicatoire, adj.,hapax. Il existe (...) une prescription contre toutes les poursuites revendicatoires du néant (Bloy,Désesp., 1886, p. 140). Prononc. et Orth.: [ʀ
əvɑ
̃dike], (il) revendique [-dik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1437 « réclamer une chose qui nous appartient, qui nous revient légitimement et dont nous sommes privés » (doc. ds Gdf. Compl.); b) 1674 « réclamer comme sien ce qui est attribué à d'autres » (Boileau-Despreaux, Traité du Sublime, éd. Ch. H. Boudhors, chap. III, p. 55); c) 1875 revendiquer la responsabilité d'un acte, d'une décision (Lar. 19e); 2. 1680 « réclamer une chose sur laquelle on a un droit » (Rich.). Dér. régr. de revendication*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 399. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 297, b) 331; xxes.: a) 564, b) 922. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 406. − Thomas (A.). Variétés étymol. Romania. 1899, t. 28, pp. 210-211. |