| * Dans l'article "RETAPER,, verbe trans." RETAPER, verbe trans. A. − Taper de nouveau. Pouf! Pouf! Pouf! La Logeuse, tapant et retapant: Pan! Pan! Je n'aurais jamais cru qu'il tienne autant de poussière dans un savant (Claudel,Soulier, 1929, 3ejournée, 5, p. 792). − En partic. ♦ Taper de nouveau à la machine. Retaper une lettre. (Ds Lar. Lang. fr.). ♦ Fam. Emprunter de nouveau de l'argent à quelqu'un. Je n'ose pas le retaper de mille francs (Rob.). B. − P. méton., fam. 1. Remettre dans sa forme en donnant des tapes, remettre en état ce qui a été froissé, détérioré. Chaque jour elle [ma grand'mère] accusa injustement Françoise de mal « retaper » son lit (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 320). 2. [Le compl. désigne une chose] Réparer, arranger grossièrement, essayer de redonner un aspect neuf à quelque chose. Afin de dépister les gens, elle avait passé la journée à coudre des manches au corsage, et à se faire une pèlerine de dentelle, pour cacher ses épaules; tandis que, près d'elle, ses filles, en camisole sale, tiraient furieusement l'aiguille, retapant avec de nouvelles garnitures leurs uniques toilettes (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 46).Mais on commençait à se douter que ce n'était pas en retapant tant bien que mal un bout de chaussée ici ou ailleurs que l'on formerait le réseau cohérent dont l'armée, l'administration et le commerce avaient besoin (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p. 154). − Vieux ♦ ,,Retrousser les bords d'un chapeau en les serrant contre la forme`` (Ac. 1798-1878). ♦ Retaper les cheveux. Peigner à rebours les cheveux d'une perruque et les faire renfler (d'apr. Ac. 1798-1878). − Au fig. Remanier un texte, une partition musicale. Du Roy s'en alla fouiller dans la collection de la Vie Française pour retrouver son premier article « Mémoires d'un chasseur d'Afrique », qui, débaptisé, retapé et modifié, ferait admirablement l'affaire (Maupass.,Bel-Ami, 1885, p. 284). 3. [Le compl. désigne une pers.] Redonner de la vigueur. Synon. remonter, requinquer (pop.).Colladan: Je te dis de prendre un verre de vin! Sylvain, trinque avec tout le monde: Voilà. Il boit. Colladan: Ça retape un jeune homme, ça! (Labiche,Cagnotte, 1864, II, p. 72).Ce pauvre M. Parent file un mauvais coton. (...) Voilà bientôt l'été, ça le retapera (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 616). ♦ Empl. pronom. Rétablir sa santé; rétablir ses affaires. Gourgaud expliqua qu'il était allé se retaper chez un cousin de banlieue (Magnane,Bête à concours, 1941, p. 341). C. − Arg., pop. 1. [Le suj. désigne une prostituée] Guetter et accoster le client. Synon. faire la retape*.Les filles du trottoir retapent les hommes (Ch. Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p. 253). 2. Vx. Recaler à un examen. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀ
ətape], (il) retape [ʀ
ətap]. Barbeau-Rodhe 1930: je retape [ʒ
ə
ʀtap], [ʒ
ʀ
ə-]. Martinet-Walter 1973: à retaper [aʀ
əta-], [aʀta-] (15, 3). Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Mil. xves. « se tapir, se renfoncer de nouveau » (Jehan Wauquelin, Alexandre le Grand, Merveilles de l'Inde, éd. J. Berger de Xivrey, p. 438); 2. 1611 « fouler, presser de nouveau » (Cotgr.); 3. a) 1752 « remettre dans sa forme en donnant des tapes » (Trév.); b) 1832 « remettre à neuf » (Raymond); c) 1869 retaper un lit (Flaub., Éduc. sent., t. 1, p. 29); 4. 1830 fig. « accommoder au goût du jour » (Balzac,
Œuvres div., t. 2, p. 237); 5. 1833 « remettre en bonne forme » (Vidal, Delmart, Caserne, p. 101: elle est joliment retapée et requinquée le dimanche); 1861 se retaper « se rétablir, retrouver sa santé » (Goncourt, Journal, p. 988); 6. 1888 arg. des écoles (Villatte, Parisismen); 7. 1929 « taper une seconde fois » (Claudel, loc. cit.). Dér. de taper*; préf. re-*; cf. l'a. fr. retapoiier « taper de nouveau » (ca 1250, Doon de Mayence, 48 ds T.-L.). Fréq. abs. littér.: 94. DÉR. 1. Retapage, subst. masc.Action de retaper, de réparer. L'attrait extérieur de Notre-Dame résidait dans sa façade et se confinait là. En revanche, malgré tous les retapages qu'il avait endurés, l'intérieur avait conservé le charme familier de ses vieux ans (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 139).Au fig. L'étude de ce matin qu'il fait de la peintresse aux tableaux qui ressemblent à des Gozzoli fabriqués à Sainte-Anne, c'est un retapage de la glorification de la peintresse Jacquemin inventée par notre ami (Goncourt,Journal, 1893, p. 478).− [ʀ
ətapa:ʒ]. − 1reattest. 1861 mars (Id., ibid., p. 889). 2. Retapeur, -euse, subst.a) Personne qui retape, remanie, répare. Non, jamais la postérité ne saura quelles cervelles de plumassiers du Marais c'est que tous ces gens-là! (...) Arrangeurs, retapeurs de vieilles situations, carcassiers à la journée et à la tâche, crayonneurs de caractères usés sur les planches jusqu'à la corde, ils n'ont jamais eu le temps de lire un livre (Goncourt,Journal, 1860, p. 718).b) Personne qui fait la retape. En robes plus ou moins pompeuses, Elles vont comme des souris, Ce sont les jeunes retapeuses Qui font la gloire de Paris (A. Glatigny dsFrance1907).− [ʀ
ətapœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1856 subst. fém. retapeuse « prostituée » (A. Glatigny ds Larch. 1872, p. 214), b) 1860 mars subst. masc. « celui qui remet à neuf » (Goncourt, Journal, p. 718), 1873 retapeur de casseroles (Corbière, Les Amours jaunes, p. 80); de retaper, suff. -eur2*. BBG. − Quem. DDL t. 5, 10 (s.v. retapeur). |