| RESTANT, -ANTE, part. prés., adj. et subst. masc. I. − Part. prés. de rester*. II. − Adjectif A. − Qui est encore présent, disponible; qui subsiste. 1. [En parlant d'un inanimé concr.] La somme restante; les livres restants. Vendredi matin, Lob me pria de supprimer le café: il croit que la dose restante de cocaïne est si faible que cela peut se faire sans inconvénient (Du Bos, Journal, 1928, p. 48).Dans l'ensemble, la situation des années 1960 est exprimée par le fait que 2/3 des exploitations mettent en œuvre 2/7 de la valeur cadastrale. Les 5/7 restants sont exploités par 1/3 des agriculteurs (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 367). 2. [En parlant d'un inanimé abstr.] Nous aurons quelque idée de ce qui peut se passer sous l'empire du sommeil, quand notre sensibilité restante est sollicitée par des incidents organiques ou par des actions extérieures (Valéry, Variété V, 1944, p. 283). 3. [En parlant d'un animé] Il est la seule personne restante de cette famille; c'est le seul héritier restant, de quatre qu'ils étaient (Ac.1935).Depuis qu'Irma est ma préférée, elle a toujours eu ce jeu, le soir, dans l'intimité des quelques enfants restants, de m'embrasser à l'improviste − pour me faire peur − cou, cou! − au moment où je suis distraite par un autre bambin (Frapié, Maternelle, 1904, p. 197). − [P. méton. du suj.] Les forces restantes de cette armée, sur laquelle je venais de prélever une partie des éléments destinés à la 6e, furent réparties en deux groupements subordonnés au général Dubail (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 320). B. − Lettre, poste restante. V. poste1B 2 b. III. − Subst. masc. Synon. de reste. A. − Neutre coll. Le restant de; p. ell., le restant. Ce qui reste, subsiste d'un ensemble auquel on a retranché une partie. 1. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Le restant de ma fortune, de mes dettes, de mes bagages. Dans la bouteille à moitié vide, le restant de bière moussait jusqu'au bouchon (Hamp, Marée, 1908, p. 51).Tout son argent avait proprement disparu, ses économies inutiles sur deux jours de Paris, et le restant des dix francs d'Edmond (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 359). 2. [Le compl. désigne un espace de temps] ♦ Le restant de la journée, de l'année. Je vais le prier de venir pour le café. Comme ça, il passera le restant de la soirée avec nous (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 102). ♦ Le restant de mes jours, de ma vie. Synon. le reste* de mes jours.Peut-être que quelque chose a changé en moi, et pour le restant de ma vie (Malraux, Espoir, 1937, p. 507): Seigneur, pourquoi me demandez-vous la seule chose que je ne voulais pas donner? Pourquoi m'imposez-vous la seule épreuve que je ne voulais pas subir? Seigneur, ayez la grande bonté de me rendre indifférente et glacée pour le restant de mes jours.
Duhamel, Cécile, 1938, p. 226. 3. [Le compl. désigne un animé] a) [Le compl. est un subst. au plur.] Et ce qui le mettait le plus en colère, c'était de voir que cette grande éhontée (...) entraînait dans le péché tout le restant des Tournebise (Aymé, Nain, 1934, p. 58). b) [Le compl. est un subst. coll.] Le restant de la brigade Rosenzweig (...) atteignait, quelque temps après, la pointe sud-ouest (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 198). B. − Au sing. et au plur. Élément, partie subsistant d'un ensemble dont l'intégrité ou la totalité n'a pu être conservée. 1. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Un restant de drap. Nous les voyions [les prisonniers relâchés par les Vendéens] accourir à travers champs; ils étaient nus aux trois quarts, avec de vieux morceaux d'uniforme, des restants de chemise, des morceaux de cravate, et des barbes, des cheveux à faire frémir (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 224). − En partic., fam. Partie des aliments d'un repas qui n'ont pas été consommés. Synon. reste(s).Un restant de fromage, de soupe; des restants de légumes. Ne jetez pas les boîtes de conserves par terre, ni papier gras, ni papier d'emballage, ni restants de repas ou épluchures (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 110).Absol., toujours au plur. Il avait tout bu la vache!... Et puis tout bouffé les restants... Y avait plus rien dans le placard... pas une miette de pain! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 557). 2. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Me laisserait-on emporter également des manuscrits? J'en doute fort et supporte mal l'idée de me les voir confisqués. Puis, là-bas, trouverais-je un gîte possible? (...) Tous les hôtels seront pleins. Et, sous domination italienne, sur quel restant de liberté peut-on compter? (Gide, Journal, 1943, p. 215). − [Le compl. désigne un sentiment] − Elle [Catherine de Médicis] doit être furieuse! − D'autant plus qu'il y avait un restant de colère d'hier, répondit Dayelle [à la reine Marie] (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 128). ♦ C'est le restant de la colère de Dieu! [Expr. pop. utilisée lorsque l'on parle d'une chose ou d'une pers. de manière péj.] Françoise ajoutait en parlant de ce temps hors de saison: « C'est le restant de la colère de Dieu! » (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 148). 3. Rare, péj. [Pour désigner une personne] Il ricana, pensant que tout de même un honnête homme serait bien malheureux s'il lui fallait vivre de la sorte avec une fille. − Le restant de tout le monde, une créature, une boue (Huysmans, En mén., 1881, p. 285). C. − Absolument 1. Péj. [Pour désigner un ouvrage médiocre] Murger, quand il est mort, corrigeait les épreuves d'un recueil de poésies (...) Les Nuits d'Hiver! (...) Il fallait qu'il eût peu de goût et qu'il fût étrangement tari pour offrir au public un pareil restant (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 91). 2. Toujours au plur. [En parlant d'une pers.] a) Ceux qui restent, qui demeurent dans un lieu. Si demain tous les cultivateurs disparaissaient, qu'arriverait-il infailliblement? Une famine générale, une misère atroce, la mort probable, en peu d'années, d'une bonne partie des restants (R. Bazin, Blé, 1907, p. 109). b) Ceux qui restent, qui continuent d'être, de par leurs opinions, du côté de quelqu'un. Une fraction [des jeunes gens] ne voulait plus combattre que pour M. Alexandre Dumas; les restants n'étaient pas en nombre pour soutenir la pièce [Marion de Lorme] (MmeHugo, Hugo, 1863, p. 153). 3. Expr. pop., région. C'est l'restant! Synon. il ne manquait plus que cela (v. manquer I A 1 p. antiphr.), c'est le bouquet, c'est le comble.− Lequel de vous trois a laissé la barrière ouverte, hier au soir? − Pas moi, sûrement, répondit Amable. (...) − C'est-ti toi, Survenant? cria Didace, au pied de l'escalier. Il attendit en vain la réponse. (...) − S'il faut que j'aille le tirer du nique à c't'heure, c'est ben le restant (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 253). Prononc. et Orth.: [ʀ
εstɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1228 adj. (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. L. Buffum, 4276); 2. 1323 subst. masc. (Mém. soc. Hist. Paris, II, p. 364 n ds Fonds Barbier: A Jehan le Fosseur, crieur, du restant qu'on li devoit de l'an XXII, 9s. 2 d.). Part. prés. de rester*. Fréq. abs. littér.: 1 046. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 549, b) 1 555; xxes.: a) 1 222, b) 1 557. |