| RESSEMBLANCE, subst. fém. I. − Ressemblance (de/entre deux pers., deux choses); ressemblance à (vieilli)/avec qqn/qqc. A. − [Corresp. à ressembler I] 1. a) Similitude d'aspect physique et/ou de comportement entre deux ou plusieurs personnes (p. anal. entre animaux); similitude d'aspect, d'usage, etc. entre deux ou plusieurs choses de même espèce ou d'espèces voisines. Il la vit, d'une ressemblance frappante avec Maurice, de cette extraordinaire ressemblance des jumeaux qui est comme un dédoublement des visages (Zola,Débâcle, 1892, p. 189): La position insulaire, la chaussée, l'architecture (...) de Saint-Malo, lui donnent un air de ressemblance avec Cadix: quand j'ai vu la dernière ville, je me suis souvenu de la première.
Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 47. SYNT. Ressemblance morale, physique; ressemblance criante, étonnante, extrême, formelle, parfaite, profonde; ressemblance lointaine, superficielle; ressemblance familiale, fortuite; ressemblance fâcheuse, troublante; grande, importante ressemblance; infime, modeste, petite ressemblance; exacte, réelle ressemblance; fausse, vague ressemblance; étrange, singulière ressemblance; ressemblance du père et du fils; ressemblance entre deux écritures, deux paysages; air, degré de ressemblance; être abusé par une ressemblance; ressemblance qui saute aux yeux. − Loc. verb. Être dupe de la ressemblance, se tromper à la ressemblance (rare, vieilli). Confondre deux personnes qui se ressemblent beaucoup; rare, vieilli, prendre une chose pour une autre. (Ds Ac., dict. xixes., Quillet 1965). − Parenté de forme, d'inspiration, etc. entre les œuvres de deux artistes ou de deux écrivains. Ressemblance entre deux romanciers. Déjà Regnier nous a offert des traits de ressemblance avec La Fontaine (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 144).Le trait dont je parle [le lien de famille avec Van Noort] a pu disparaître chez Rubens: chez Jordaens il a persisté sous son extrême ressemblance avec Rubens (Fromentin,Maîtres autrefois, 1876, p. 34). b) P. méton., au plur. Traits ou éléments communs. Ressemblances héréditaires; établir, rechercher les ressemblances entre deux personnes. Vous avez dans la pensée des ressemblances frappantes: même amour du bien (...), même délicatesse de cœur (Balzac,Corresp., 1833, p. 346).Tous, garçons ou filles, montraient avec les Baudoin des ressemblances frappantes et mystérieuses (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 235). 2. Spécialement a) Domaine des beaux-arts.Similitude de physionomie, d'allure entre une personne et (le portrait, le buste, etc. d')une personne réelle ou fictive. Une ressemblance sinon parfaite, frappante, avec les lithographies de Victor Hugo à cette époque (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 29).Elle frappa Swann par sa ressemblance avec cette figure de Zéphora (...), qu'on voit dans une fresque de la chapelle Sixtine (Proust,Swann, 1913, p. 222). b) Domaine de la relig.Similitude entre Dieu et l'homme. Il développait sa ressemblance avec Dieu jusqu'à l'identité des volontés (Jouhandeau,M. Godeau, 1926, p. 278).Ô filiation divine! Ressemblance avec Dieu! Le mystère Frontenac (...) était un rayon de l'éternel amour réfracté à travers une race (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p. 291). 3. a) Analogie (d'aspect physique et/ou de comportement) entre une personne et un animal réel ou mythique. Sa tête enfoncée entre ses épaules (...), l'arête courbe de son nez accentuaient la ressemblance avec l'épervier (Malraux,Cond. hum., 1933, p. 220). − P. méton., au plur. Traits analogues. Peut-être que tous les types, départis chacun spécialement à chaque race d'animaux, se retrouvent dans l'homme. Les physionomistes ont constaté des ressemblances physiques; qui peut nier les ressemblances morales? (Sand,Hist. vie, t. 1, 1855, p. 16). b) Plais. Analogie (de forme, d'aspect général) entre une personne (p. méton. une partie de son corps) et un objet. Sa tête avait beaucoup de ressemblance avec une pomme choisie pour un restaurant de luxe (Romains,Copains, 1913, p. 19).Il ne donne l'impression de la vieillesse que par sa ressemblance avec un pot à tabac (Du Bos,Journal, 1927, p. 189). c) Analogie (de forme, de fonction, etc.) entre deux choses de nature essentiellement différente. Dans cette ressemblance de l'allée à un ruisseau d'ombre coulant sous le ciel noir et or, ils éprouvaient une émotion indéfinissable (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 194). − PSYCHOL. Association par ressemblance. Une des formes de l'association des idées, selon laquelle une idée ou une image tend à en évoquer d'autres qui présentent avec elle certains points d'analogie. V. association ex. 8. B. − [Corresp. à ressembler II] 1. a) Conformité entre une œuvre d'art figurative et le modèle représenté; p. anal., entre une description et son objet. Qui m'assurera même que ces images ne sont pas plus que mensongeres, et qu'elles aient la moindre ressemblance avec leurs modeles? (Saint-Martin,Homme désir, 1790, p. 156).Il est donc fatal qu'un tableau bien peint, peint selon les règles, soit (...) sans ressemblance immédiate avec les objets qu'il représente? (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p. 9).V. exceller A 2 b ex. de Sénac de Meilhan. ♦ Loc. verb. Attraper la ressemblance. V. attraper I B 2 c.Synon. faire ressemblant (v. ressemblant II B 1 a). − CIN., TÉLÉV., LITT. Toute ressemblance avec des personnages/des événements réels ne peut être que fortuite. [Formule par laquelle le réalisateur d'un film, l'auteur d'un livre dément s'être inspiré de personnes ou de situations réelles pour créer les personnages ou les événements mis en scène ou dépeints dans leur œuvre. (Ds Rob., Pt Rob. 1981)] . b) Conformité entre la copie d'une œuvre d'art et l'original. Il n'y a guère de ressemblance de cette copie à son original, entre la copie et l'original (Ac.). Ressemblance parfaite d'un faux avec l'original (Rob.). 2. Rare. Conformité entre le modèle d'une œuvre d'art et cette œuvre d'art; p. anal., entre l'objet d'une description et cette description. Ressemblance d'un paysage avec la description qui en a été faite. Ce qui frappa tout le monde, ce fut son extrême ressemblance avec le portrait qu'avait tracé de lui Debray (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 584). II. − Vieilli ou littér. Ressemblance de qqc., de qqn A. − Apparence, aspect extérieur. La rivière, tout tortueuse, avait une ressemblance de serpent (Hugo,Hist. crime, 1877, p. 26). − En partic. [P. réf. à Gen. I, 26] (À) la ressemblance de Dieu. Argile modelée à la ressemblance de Dieu (Gautier,Fracasse, 1863, p. 152).Son visage reflétait l'image et la ressemblance de Dieu (Mauriac,Journal 3, 1940, p. 235). B. − 1. Représentation d'une personne par les arts graphiques ou plastiques. Ces trois êtres avaient, en regardant l'atelier, un air de bonheur (...). − Et c'est vous, monsieur, qui allez faire nos ressemblances? dit le père (Balzac,P. Grassou, 1840, p. 450).Toutes ces horribles caricatures que les marchands d'images et les libraires (...) vendent au public crédule et épouvanté comme étant ma ressemblance exacte (Hugo,Rhin, 1842, p. 85). ♦ À la ressemblance de qqn. À l'effigie de quelqu'un. La Mole (...) a avoué que les figures de cire, à la ressemblance du roi (...), avaient été fournies par vous (Dumas père, Henri III, 1829, i, 1, p. 120). 2. Portrait, réplique d'une personne. Ce fils est la vraie ressemblance de son père, c'est toute sa ressemblance (...). J'ai d'abord reconnu votre fils, c'est toute votre ressemblance (Ac.1798-1878). Prononc. et Orth.: [ʀ
əsɑ
̃blɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1285 « ensemble de traits communs à deux éléments » (Roques t. 1, I, 134); 2. 1520 « image, représentation » (G. Michel, trad. Suétone, IV, 135 r oet v ods Hug.), encore au xviies.: 1668 (Molière, Amphytrion, III, 10); 3. 1690 (Fur.: Ce peintre a bien attrapé la ressemblance). Dér. du part. prés. de ressembler*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér.: 1 972. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 621, b) 2 675; xxes.: a) 2 281, b) 3 284. |