| * Dans l'article "RESSASSER,, verbe trans." RESSASSER, verbe trans. A. − Vieilli. Repasser au sas, au tamis. Ressasser du plâtre. Ressasser de la farine (Ac.). B. − Au fig. 1. Revoir en esprit; revenir sans cesse sur les mêmes choses. Synon. remâcher, ruminer (fam.).Ressasser un chagrin, des craintes, des regrets, des remords, des soucis, des souvenirs. En ressassant dans mes courses quelques idées de Van Helmont dont je me suis occupé les jours précédents, je trouve la matière d'un ouvrage à faire sur la philosophie (Maine de Biran,Journal, 1819, p. 243).Pendant ce mois où je ressassai comme une mélodie, sans pouvoir m'en rassasier, ces images de Florence, de Venise et de Pise (...) je ne cessai pas de croire qu'elles correspondaient à une réalité indépendante de moi (Proust,Swann, 1913, p. 391). 2. Répéter de manière lassante un énoncé. Synon. rabâcher, redire, seriner (fam.).Ressasser un argument, des critiques, des griefs; ressasser les mêmes phrases. Éprouvé à l'église de cruelles impatiences à cause du prône et de la psalmodie, l'un me ressassant des idées avec lesquelles je vis depuis quinze ans, l'autre m'écorchant les oreilles (Amiel,Journal, 1866, p. 278).J'ai les oreilles rebattues des histoires, toujours les mêmes, qu'infatigablement, ils ressassent (Tharaud,Relève, 1919, p. 99). ♦ Part. passé en empl. adj. Chanson, idée, théorie ressassée. Cette familiarité, cette « franchise d'allures » qu'il est de bon goût d'employer maintenant au théâtre s'exagèrent parfois dans le dialogue jusqu'aux expressions ressassées, jusqu'au « cliché » (A. Daudet,Crit. dram., 1897, p. 61). − Empl. pronom. réfl. indir. Se répéter sans cesse à soi-même. Il se ratiocinait toutes ces raisons, se ressassant: J'ai dit oui, je vais sauter le fossé, mais comment faire? (Huysmans,Sœurs Vatard, 1879, p. 182). Prononc. et Orth.: [ʀ
əsase], (il) ressasse [ʀ
əsas]. Barbeau-Rodhe 1930: je ressasse [ʒ
ə
ʀsas], [ʒ
ʀ
ə-]. Martinet-Walter 1973: il ne fait que ressasser [a], [ɑ] (13, 4); le [ə] ne tombe pas. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1549 resasser « passer à nouveau la farine dans un sas » (Est.); b) 1674 « mêler de nouveau » (Boileau, Lutrin, I, éd. Ch.-H. Boudhors, p. 130); 2. a) [av. 1615 (Pasquier cité ds Dochez: En une considération du repos général de tout un pays, nous devons apporter de très-grands regards avant que de vouloir ressasser ces pieux péchés)] 1689 « examiner en détail » (Mmede Sévigné, Corresp., 16 mars, éd. R. Duchêne, t. 3, p. 541); b) 1736 « répéter sans cesse » (J.-B. Rousseau, Ep., I, 3 ds Littré). Dér. de sasser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 149. DÉR. 1. Ressassage, subst. masc.,vieilli. Synon. de ressassement (infra).[Il recommença son récit.] Sans se répandre (...) en lamentations confuses, sans ressassages (Richepin,Braves gens, 1886, p. 385).Deux années de rhétorique supérieure à Louis-Le-Grand (...) deux années de ressassage du Manuel de politique étrangère d'Émile Bourgeois (L. Febvre,Examen de consc., [1933] ds Combats, 1953, p. 18).− [ʀ
əsasa:ʒ]. − 1reattest. 1877 (Alph. Daudet, Journ. offic., 28 mai, p. 4074, 3ecol. ds Littré Suppl.); de ressasser, suff. -age*. 2. Ressassement, subst. masc.a) Action de ressasser; résultat de cette action, chose ressassée. Parler de moi m'ennuie; un journal est utile dans les évolutions morales conscientes, voulues et difficiles (...). Mais ce que je dirais maintenant, ce serait des ressassements sur moi-même (Gide,Journal, 1891, p. 26).Rien de si monotone que la folie. Le ressassement de l'idée fixe dégage un ennui invincible qui nous a toujours, quant à nous, défendu contre le charme puissant de Jean-Jacques (Mauriac,Gds hommes, 1949, p. 114).b) Ling. ,,Retour des mêmes mots un grand nombre de fois`` (Dupré 1980). Un prototype du ressassement se trouve dans la lamentation de David sur la mort d'Absalon: « Mon fils Absalon, mon fils Absalon... Absalon mon fils, mon fils » (Samuel, II, 19, 1) (Dupré 1980).− [ʀ
əsasmɑ
̃]. − 1reattest. 1777 (Linguet, Ann., III, 95 ds Gohin, p. 240); de ressasser, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér.: 12. 3. Ressasseur, -euse, adj. et subst.(Personne) qui ressasse, répète toujours la même chose. Synon. rabâcheur.Sur les horribles boulevards, comme il flairait, pour leur échapper, les bruyants et les ressasseurs, il aperçut, pareille à sa marche, la fuite grêle d'un avec qui volontiers, des nuits entières, il avait théorisé (Barrès,Barbares, 1888, p. 226).Le majordome ressasseur qui nous contait l'amoureuse escapade de la Guidoguerra, en chaise à travers tout le royaume de Naples! (Milosz,Amour. init., 1910, p. 54).− [ʀ
əsasœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ds Martinet-Walter 1973 le [ə] dans un ressasseur ne tombe pas [œ
̃
ʀ
ə-]. − 1reattest. 1764 (Voltaire, Dict. phil. Samson ds Littré); de ressasser, suff. -eur2*. BBG. − Gohin 1903, p. 240. |