| RESPONSABLE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [En parlant d'une pers.] 1. Qui doit rendre compte et répondre de ses actes ou de ceux des personnes dont elle a la garde ou la charge. Moralement responsable; tenir qqn pour responsable; considérer qqn comme responsable. Il s'agit ou d'innocenter entièrement les actes de l'homme, quels qu'ils soient, et de l'assimiler à un mécanisme; ou bien de le rendre, comme on dit, responsable, c'est-à-dire de lui conférer la dignité de cause première (Valéry,Regards sur monde act.,1931, p. 56): 1. ...quelqu'un pose la question: qui a fait cela? Je me lève et je réponds: c'est moi. Réponse: responsabilité. Être responsable, c'est être prêt à répondre à une telle question. Mais je peux aller au-devant de la question et revendiquer cette responsabilité que l'autre pourrait ne pas remarquer ou contester.
Ricœur,Philos. volonté,1949, p. 55. ♦ Vieilli. Responsable à + compl. désignant la pers. ou l'autorité devant laquelle on est responsable.Tu as connu qu'ils sont lâches tous, et complices du Mal universel, et qu'ils en sont responsables; responsables des âmes qui se damnent à ces âmes elles-mêmes, et responsables à Dieu, car les âmes sont à lui (Péguy,J. d'Arc,1913, p. 55). − Spécialement ♦ DR. CIVIL. Qui doit réparer les dommages causés volontairement ou non. Civilement responsable; automobiliste, cycliste, piéton responsable; locataire, propriétaire responsable: 2. Quand cette faute n'est pas prouvée, quand elle n'existe pas, l'État n'est pas responsable. Il en est ainsi dans le cas fortuit ou de force majeure. Exemple: au cours d'un exercice d'éducation physique, un enfant fait une chute et se blesse (...). Le terrain de sport étant en parfait état, l'exercice demandé aux élèves conforme aux règlements (...), le tribunal estime qu'aucune faute n'est reprochable au maître, que la responsabilité de l'État, par conséquent, n'est pas en cause...
Encyclop. éduc.,1960, p. 289. ♦ DR. CONSTIT. Qui doit rendre compte de sa politique. Les ministres sont nommés par le président du G.P.R.F. et responsables devant lui (Vedel,Dr. constit.,1949, p. 287).C'est sur ces bases (...) qu'a été interdit en 1951 le « parti démocrate », qui (...) visait à abolir les principes fondamentaux de toute Constitution démocratique en enlevant au Parlement et au gouvernement responsable la conduite des affaires publiques (Le Monde,19 janv. 1952, p. 3, col. 5). − Ne pas être responsable de ses actes. Ne pas jouir de toutes ses facultés. (Ds Ac. 1935). 2. P. ext. a) Responsable de.Chargé de. En tant que directeur responsable du rendement du personnel à l'échelon R, il vous faudra de l'autorité, de la compréhension et, j'y insiste, de la séduction (Aymé,Mouche,1957, p. 21).Les chefs responsables soit d'un secteur des administrations publiques, soit de n'importe quelle branche de l'entreprise privée, s'étonnent et se plaignent unanimement que les jeunes gens sortant des universités ou des grandes écoles soient si mal et si peu préparés (Antoine, Passeron,Réforme Univ.,1966, p. 112). b) Réfléchi, sérieux, qui sait peser le pour et le contre. Anton. irresponsable.Agir, se comporter en personne responsable. Teint hâlé, l'air grave et prudent comme il sied à un homme accoutumé à se sentir responsable (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p. 304).Si, en Europe ou aux États-Unis, il se trouve des commentateurs ou des dirigeants responsables pour rêver d'un règlement général imposé, ils se font de dangereuses illusions (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 10, col. 3). c) Coupable. Mais, si vous êtes ce monstre, vous n'en êtes pas responsable et vous êtes pardonné (Montherl.,J. filles,1936, p. 1048). − Rendre qqn responsable (de qqc.).J'aurais voulu être transportée dans ma patrie barbare, au milieu des sauvages qui l'habitent, moins à craindre pour moi que cette société cruelle qui me rendait responsable du mal qu'elle seule avait fait (Duras,Ourika,1824, p. 106). d) Fam. Qui est l'auteur. Je ne peux en dire plus, sinon renvoyer ceux qui se sont indignés de l'écho du 17 janvier 1952, dont je ne suis pas responsable, à l'étude de Charles Autrand (Combat,19-20 janv. 1952, p. 3, col. 6). B. − [En parlant d'une chose] Qui est cause de, qui est la raison de. L'alcool est responsable de nombreux accidents. Rien ne devait troubler l'air soigné de cette maison dans laquelle des habitudes semblaient responsables de tout (L. de Vilmorin, Sainte,1934, p. 148).Les muqueuses aériennes sont aisément franchies par les virus (...). Elles peuvent prêter asile au streptocoque (agent responsable de certaines angines, de la scarlatine, du rhumatisme articulaire aigu) (Quillet Méd.1965, p. 190). II. − Subst. Personne ayant la charge d'une fonction de responsabilités au sein d'une administration, d'une entreprise, d'un mouvement, d'une organisation. Responsable politique, syndical. Célestine a enfin des personnes avec qui causer [à la cantine], car elle déteste les rats « cette vermine ». Les potins qu'elle détient (...) ce serait les défraîchir que d'en discuter avec d'autres qu'avec des syndiqués, du personnel administratif, en un mot, des « responsables » (Morand,Rococo,1933, p. 32).Le chef comptable est le responsable hiérarchique du service de la comptabilité (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 252). − P. ext. Personne qui doit assumer la responsabilité de quelque chose. La trahison de Rochard, dont il était le principal responsable lui causait un très vif dépit (Aymé,Uranus,1948, p. 205).Les premiers responsables d'une telle situation, c'est vous, chers camarades (L'Humanité,19 janv. 1952, p. 2, col. 2). − Fam. Auteur. Il est impossible de trouver une définition satisfaisante [du cubisme], et M. Picasso lui-même, qui demeure aux yeux du public le grand responsable de cette invention singulière, se chargerait de lui donner aussitôt le démenti (Gillet,Art fr.,1938, p. 167). REM. 1. Responsabilisation, subst fém.Fait de rendre responsable en faisant participer aux décisions. Les économistes modernistes hongrois se sentent aujourd'hui le vent en poupe, (...), ils rêvent de décentralisation marquée des décisions; de responsabilisation des individus; d'une participation plus grande de tous à des choix qui ne dépendraient plus de quelques hommes au sommet (Le Nouvel Observateur,7 oct. 1978, p. 73, col. 1). 2. Responsabiliser, verbe trans.a) Rendre responsable. (Ds Robert G. Mots et dict. t. 8 1973). Le vice capital de la patrie est d'être impuissante pour responsabiliser les ministres (Cormenin,Ds Robert G. Mots et dict. t. 8 1973).b) Donner conscience à autrui de sa responsabilité. Il faut responsabiliser les cadres (Giraud-PamartNouv.1974). Prononc. et Orth.: [ʀ
εspɔ
̃sabl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1284 [copie du xives.] subst. responsaule « homme ayant la charge à vie de payer à un seigneur la rente d'un fief ecclésiastique » (Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 307) − 1484 responsable « id. », v. Gdf.; b) 1304 responsable adj. « qui répond, qui est garant » (De Fermino S. Hillarii, Year books of the reign of Edward the first ds Gdf.); 1440 responsable (Ass. en l'ostel de ville de Senlis ds Mém. Soc. Hist. de Paris, V, 290 ds Gdf. Compl.). Dér. sav. du lat. responsum, supin de respondere « répondre » pour servir d'adj. à répondre*. Fréq. abs. littér.: 1 421. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 011, b) 754; xxes.: a) 1 569, b) 3 833. Bbg. Verreault (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, p. 231, 235. |