| * Dans l'article "RESPECTABLE,, adj." RESPECTABLE, adj. A. − Qui mérite le respect, la considération, qui est digne d'être respecté. 1. [En parlant d'une pers.] Qui est digne du respect d'autrui par son âge, sa position sociale, sa valeur ou son mérite. Je devais à un prêtre respectable, qui m'avait instruite pour ma première communion, ce que j'avais de sentimens religieux (Duras, Ourika, 1824, p. 59).La foule les accueillait avec la même faveur, car tous étaient des représentants également respectables de la force britannique (Tharaud, Dingley, 1906, p. 150). − [Avec une connotation iron. ou péj.] Pour un homme qui aspire au choix du peuple, les bêtes sont une corporation respectable, car elle forme toujours la majorité (Constant, Journaux, 1805, p. 188).− Je t'épouserai, dit-il. Elle prit une cigarette et l'alluma. − Pourquoi? demanda-t-elle. − Faut que je sois respectable. Je ne peux pas t'emmener à Castelnaudary si tu n'es pas ma femme (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 178). − [En parlant de l'aspect, du comportement d'une pers.] Qui présente les signes extérieurs de la respectabilité, de l'honorabilité. Il cherchait un compartiment vide ou occupé par des gens d'aspect respectable, car il avait l'esprit hanté par toutes les recommandations minutieuses que lui avaient faites Mmesde Sarcagnes, de Vaulacelles et de Bridoie (Maupass., Contes et nouv., t. 2, En wagon, 1885, p. 59).Le père et la mère déjà âgés avaient cet air respectable que donnent les cheveux blancs lorsqu'ils sont propres et bien coiffés (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 167). − En partic. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Que l'âge rend digne de respect et p. méton., vieux, âgé. Un buffet dont les portes manquaient, et une bibliothèque entièrement vide, ruines respectables que la vieille femme n'avait pu se décider à jeter (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 70).Je reste tout bête! Alors ce monsieur et cette dame respectables, c'est les nouveaux mariés!... Quelle désillusion! Je demande: − Quel âge a-t-elle donc, ta tante?... − Je ne sais pas au juste... Je sais qu'elle a deux ans de plus que papa (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 203). 2. P. ext. [En parlant d'une chose le plus souvent abstr.] Qui mérite la considération, qui présente une valeur morale, sociale, intellectuelle digne d'estime, de respect. Usage respectable; vertu, émotion respectable; volonté respectable; institution respectable. Sans doute votre douleur est respectable, mais la mienne, monsieur, la mienne est terrible, car c'était ma femme, enfin, ma femme adorée! (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 191): Nous avons fait une expérience malheureuse, mais belle et respectable. Nous avons tenté, nous autres, jeunes hommes consacrés aux besognes de l'intelligence, de nous unir pour vivre ensemble et pour gagner notre vie en travaillant de nos mains.
Duhamel, Maîtres, 1937, p. 25. − P. méton. D'une apparence, d'un aspect qui inspire le respect. M. Jérôme Coignard entra dans ma chambre avec un rabat neuf et un petit collet fort respectable (A. France, Rôtisserie, 1893, p. 72). ♦ Rendre respectable. Donner une bonne, une meilleure apparence. Tous les cent ans on rend ces granges [les églises] respectables Par un badigeon d'eau bleue et de lait caillé (Rimbaud, Poés., 1871, p. 121). B. − D'une importance quantitative qui mérite d'être prise en considération. Dimensions respectables. L'arrivée de Pierre, apportant une forte omelette au lard et un quartier assez respectable de jambon, interrompit ces propos. Toute la troupe prit place autour de la table et se mit à manger de bon appétit (Gautier, Fracasse, 1863, p. 42). REM. Respectablement, adv.D'une manière respectable, en inspirant du respect. Le plus grand chagrin de ma vie a été, en entrant dans cette nouvelle voie, de contrister ces maîtres vénérés; mais j'ai la certitude absolue que j'avais raison, et que la peine qu'ils éprouvèrent fut la conséquence de ce qu'il y avait de respectablement borné dans leur manière d'envisager l'univers (Renan, Souv. enf., 1883, p. 16). Prononc. et Orth.: [ʀ
εspεktabl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1470 « digne de respect (en parlant d'une personne) » (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 212); 1692 (Bouhours, Suite des Rem. nouv. sur la lang. fr., Paris, G. et L. Josse, p. 175: Ce mot est nouveau, mais il a eû toute la bonne fortune qu'un mot nouveau peut avoir. Il est né à la Cour, et ce sont des gens du grand monde qui ont dit la 1refois respectable); 2. ca 1850 « d'une importance remarquable (en parlant d'une chose) » (X. Marmier d'apr. Lar. 19e). Dér. de respecter*; suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 1 202. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 920, b) 1 667; xxes.: a) 1 236, b) 982. |