| REPARTIR1, verbe trans. Vieilli ou littér. A. − Dans la conversation, répondre aussitôt à un propos. La foule, railleuse, lui cria: − Voyons, sois franc, Nosor, comment trouves-tu ce bouillon? − Nosor, n'ayant garde de repartir, expectorait (...) des chicots saignants (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 292). − [Le compl. est un propos rapporté au style dir., le verbe est souvent placé en incise] Il dit, avec un rictus sardonique: − « (...) La société, c'est un estomac qui digère et pas plus de courants d'idées que de courants d'air. » − « Cela te fait rire, Martial, » repartit Marie-Jeanne (..), « moi pas (...) » (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 57). ♦ [Gén. avec un adv., un compl. prép., parfois un adj. en appos. pour préciser l'attitude du locuteur, le ton de la réponse] − Ainsi, (...) votre intention n'a jamais été de vous rallier? − Je n'y ai jamais songé, repartit tranquillement Gaston (Sandeau, Sacs, 1851, p. 41).− Enfin, Juliette se marie! C'est inattendu! C'est un peu inespéré! − Non, repartait « Sido » belliqueuse, c'est désespéré (Colette, Sido, 1929, p. 171). SYNT. Repartir brusquement, énergiquement, fièrement, froidement, ironiquement, modestement, poliment, simplement, spirituellement; repartir avec acrimonie, enthousiasme, ironie, mépris; repartir d'un air furieux, d'une manière brutale, d'un ton emporté, méprisant, résolu, vif, d'une voix aigre, amère, ferme, irritée. − [Le compl. est une sub. introd. par que] L'abbesse la pria d'ouvrir; la prieure répondit que la règle ne le permettait pas (...). L'abbesse repartit que les règles n'étaient point pour l'abbesse de Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 563). − [Le compl. est un subst., parfois introd. par par] Il repartit de mauvaises raisons (Littré).Il ne lui a reparti que des impertinences. Il ne lui a reparti que par injures, que par des injures (Ac.). − Repartir + compl. second. désignant l'interlocuteur.− Je suis bien petit pour ces grandeurs (...). − Si vous le pensez réellement, me repartit vivement la comtesse, vous n'en êtes que plus digne d'estime (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 54). − [P. méton. du suj.] Paraît sur l'écran un vaste bâtiment, anguleux et dur: « Munich: la maison du parti », annonce dévotieusement Agethen. « Quel parti? » repart aussitôt une voix dans la salle, sur le ton de la plus innocente curiosité (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 115). Rem. Repartir est surtout empl. lorsqu'on rapporte une suite de propos; il est une var. des verbes, en nombre limité, qui permettent de désigner le locuteur. − Qu'est-ce que c'est que ça, les Minquiers? continua l'Américain. Le Malouin répondit: − C'est des cailloux très mauvais. (...) − Et les Moines, observa le Guernesiais. − Et le Canard, s'écria le Malouin. − Monsieur, repartit le Guernesiais poliment, vous avez réponse à tout (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 197). B. − Rare. Faire entendre quelque chose immédiatement après autre chose. Repartir par. Davenant récita l'idylle du Ruisseau; Milton lui repartit par le vif Allegro (Chateaubr., Mél. et poés., Milton et Davenant, 1828, p. 334). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpaʀti:ʀ], (il) repart [-pa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1588 (Montaigne, Essais, III, 8, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, t. 2, p. 938). Dér. de partir2*; préf. re-*. |