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REPAIRE, subst. masc.
A. − Vx. Logis, demeure; lieu où l'on se retire. (Dict. xixeet xxes.).
B. −
1. Lieu, abri qui sert de refuge aux animaux sauvages. Les arabes nous avertissent de ne pas marcher sans nos armes, et de ne nous avancer qu'avec précaution, parce que ces épais taillis sont le repaire de quelques lions, de panthères et de chats-tigres (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 20).De plus, les cavernes servirent de repaires à des fauves, tels que les lions, les ours, les hyènes (Boule, Conf. géol., 1907, p. 184).
En partic. Terrier, abri des animaux fouisseurs et des oiseaux de nuit. Aujourd'hui, comme vous voyez, le temple, l'autel, les prêtres et leur religion ont disparu; c'est le repaire de toutes les chouettes du pays (Crèvecœur, Voyage, t. 1, 1801, p. 218).On peut faire sortir une belette de son trou en imitant le cri des souris ou des petits oiseaux en détresse ou en versant de l'eau sur son repaire (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 35).
2. P. anal. Habitation, lieu où l'on a l'habitude de se réfugier, de s'isoler. Je parierais qu'au fond de son repaire de la forêt de Rambouillet, Zola ne s'ennuie pas (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 11).Une villa prétentieuse, peinte en fausse briques, comme les murs qui servent d'obstacles aux concours hippiques, servait de repaire à un vieux paysan rogneux, cassé par la sciatique (Morand, Extrav., 1936, p. 55).
C. −
1. Lieu qui sert d'abri, de cachette dans une situation conflictuelle. Quittez ce château à l'instant, vous tous qui avez mis vos épées au service des mauvaises passions de mon fils. Je suis trop gentilhomme pour faire l'office des archers et du bourreau; fuyez, disparaissez, rentrez dans vos repaires. La justice saura bien vous y retrouver (Gautier, Fracasse, 1863, p. 426).
2. Endroit qui sert de refuge, de lieu de rencontre à des individus dangereux ou considérés comme tels. Je logeais chez des Napolitains. Un vrai repaire. La nuit du 13 au 14, ils ont tous décampé: quand la police est arrivée, je dormais, j'étais tout seul (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1225).En la même année 1840, il y avait seulement sur l'îlot rocheux et dénudé de Hong-Kong, aujourd'hui aussi peuplé que verdoyant, quelques huttes et repaires de pirates (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 5).
Péj. ou iron. Lieu où se retrouvent en nombre des gens peu recommandables ou considérés comme tels. Un repaire de maraudeurs, de brigands. Même en admirant l'énergie que Rome déploya dans beaucoup de circonstances, et les grands caractères qui se formèrent dans son sein, on est forcé de convenir qu'elle ne fut jamais en effet, qu'un grand repaire de voleurs publics (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 208).On y voyait entrer [à la Rotonde] des femmes maquillées, aux cheveux courts, et des hommes bizarrement vêtus. « C'est un repaire de métèques et de défaitistes », disait papa (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 66).
Prononc. et Orth.: [ʀ əpε:ʀ]. Homon. repère. Att. ds Ac. dep. 1694. Aussi forme repaire pour signifier repère. V. étymol. de repère et Du Bos, Journal, 1923, p. 253, Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 226. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « retour » (Roland, éd. J. Bédier, 2801: li repaires ert grefs); 2. a) ca 1100 « domaine, habitation, lieu où l'on revient après une absence » (ibid., 51: sun meillor repaire); b) 1121-34 « lieu de refuge des bêtes sauvages » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 402); c) 1653 « lieu de refuge, de réunion d'individus dangereux » (Vaugelas, Quinte-Curce, de la vie et des actions d'Alexandre le Grand, l. VII, 5, p. 537: ce repaire de traistres); 3. 1552 « fiente de certains animaux » (Rabelais, Quart livre, chap. 67, éd. R. Marichal, p. 270). Déverbal de repairer*. V. aussi repère. Fréq. abs. littér.: 210. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 343, b) 500; xxes.: a) 254, b) 178.