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RENVERSEMENT, subst. masc.
A. − Action de renverser; résultat de cette action. Manœuvre de renversement. Il regarda le buvard de Cosette, et le sentiment du fait réel lui revint. Il prit le buvard et dit: cela vient de là. Il examina fiévreusement les quatre lignes imprimées sur le buvard, le renversement des lettres en faisait un griffonnage bizarre, et il n'y vit aucun sens (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 387).Des femmes grimpaient à genoux le monticule noir, en pic sous le point de renversement des brouettes (Hamp, Champagne, 1909, p. 94).
B. − Spécialement
1. GRAMM. Changement de l'ordre des termes dans une phrase. Il n'y a qu'à prendre à rebours tous les mots du sujet de la proposition que nous venons de citer, et dire, actif si être prétendait qui Pierre. Assurément, malgré les ressources que peuvent fournir les conjugaisons et les déclinaisons, pour rétablir l'enchaînement des idées, il n'y a point de langue dans laquelle un tel renversement ne devînt souvent un galimathias inexplicable (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 178).
2. GYMN. Exercice au sol ou aux agrès qui consiste à passer par un saut de mains et une position tête en bas. Les uns, suspendus à la barre fixe, s'arrêtent au milieu d'un renversement et sautent à terre, la bouche ouverte, le front en sueur (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 144).
3. MAR., MÉTÉOR. Changement de direction du courant, du vent ou de la marée; p. méton., époque à laquelle s'opère ce changement. En une heure, le travail fut fini, et le train, amarré à la berge, dut attendre le renversement de la marée. Il y avait alors quelques heures à occuper (Verne, Île myst., 1874, p. 31):
1. En général et sauf le cas de crues exceptionnelles, il y a renversement de courants dans les fleuves, c'est-à-dire que, à un certain moment, en un point donné, le courant marche dans un sens, descend de l'amont à l'aval par exemple comme dans une rivière ordinaire, tandis que, un peu plus tard, le courant remonte le fleuve de l'aval vers l'amont. Bourde, Trav. publ., 1929, p. 197.
Renversement de la mousson. Époque de l'année où le vent de mousson souffle dans la direction opposée. Près de l'Équateur maintenant, dans l'excessive chaleur des orages. Le transport s'en allait secouant ses lits, ses blessés et ses malades; s'en allait toujours vite, sur une mer remuée, tourmentée encore comme au renversement des moussons (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 151).
4. MUSIQUE
Renversement d'un accord. Installation à la basse de l'accord d'une de ses notes constitutives, autre que la fondamentale. L'accord do-mi-sol a une étroite parenté avec son premier renversement mi-sol-do (Arts et litt., 1935, p. 34-14).
Renversement d'un intervalle. Inversion de l'ordre des notes qui composent l'intervalle en transposant la note grave à l'octave supérieure, l'autre note restant à sa place. Série obtenue par renversement des intervalles. En effet, on admet que la série initiale est davantage définie par une succession d'intervalles que par une succession de hauteurs; on peut donc renverser ces intervalles (une quinte devient une quarte, une sixte devient une tierce, etc.) et le principe unificateur demeure inchangé (Samuel, Art mus. contemp., 1962, p. 197).
5. PATHOL. Dérangement d'un organe dont la partie supérieure devient inférieure, la postérieure devient antérieure et l'interne devient externe. Renversement de la matrice, de la vessie. Chez le chien, l'irritation peut être causée par les cils lorsque les paupières se retournent à l'intérieur (entropion) ou par l'air extérieur, lors du renversement des paupières en sens inverse (ectropion) (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 42).
6. PHYS. Renversement des raies spectrales. Phénomène d'absorption de certaines radiations provoquant l'apparition de raies noires dans le spectre à la place des raies brillantes d'émission du même élément (d'apr. Charles 1960):
2. On trouve en germe dans ce mémoire tous les principes de l'analyse chimique fondée sur l'observation du spectre; les auteurs montrent que chaque raie du spectre est due à la présence d'un élément donné et réciproquement, et réussissent également à expliquer le phénomène, jusque-là mystérieux, du renversement des raies. Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 166.
7. PSYCHANAL. Renversement dans le contraire. ,,Processus par lequel le but d'une pulsion se transforme en son contraire, dans le passage de l'activité à la passivité`` (Lapl.-Pont. 1967).
8. RUGBY. Changement brusque de direction destiné à tromper l'adversaire. Renversement de passe. On ne vit pas un seul renversement d'attaque (L'Auto, 17 avr. 1939ds Petiot 1982).
C. − Inclinaison, rejet (d'une partie) du corps vers l'arrière. Renversement du cou, d'épaules. C'est une femme (...), avec de jolis élancements de taille, lui donnant ces renversements de corps, soutenus d'une main dans le dos, et ces étirements où il semble qu'une femme veuille sortir de son mal comme un serpent de sa peau (Goncourt, Journal, 1864, p. 69).Elle s'accusait avec des renversements de reins, des appels de bras tendus, qui arrachaient au prêtre un râle d'angoisse (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1483).
En partic. [En parlant du dossier d'une chaise, d'un fauteuil] Position inclinée vers l'arrière. La grande chaise avait une mine chiffonnée, un renversement de dossier qui l'amusait, maintenant (Zola, Nana, 1880, p. 1153).
D. − Au fig.
1. Changement complet en l'inverse. Synon. retournement, transmutation.Renversement complet, implacable, spectaculaire, total; renversement des choses, de l'évolution, de situation, de tendance, des valeurs; renversement des alliances. Au centre du terrestre et humain paradis qu'ils nous promettent, l'arbre de la connaissance du bien et du mal est devenu l'arbre de l'ignorance du bien et du mal. Mais cette ignorance même ne leur suffit plus; il faut atteindre à ce renversement, à cette transmutation; il faut que le mal devienne le bien, que le mal soit le bien (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 58):
3. C'est seulement aux environs de 1660 que commence à s'établir un style bien français. Depuis deux siècles la France faisait appel à l'étranger pour renouveler son répertoire décoratif. Au milieu du XVIIesiècle a lieu un renversement des courants artistiques. C'est la France qui devient le pays novateur, le creuset où viendront puiser pendant plusieurs siècles tous les autres pays. Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 69.
2. Anéantissement complet, disparition totale de quelque chose. Synon. bouleversement, chambardement, ruine.Renversement des espérances, des projets. Votre lettre est venue au moment même d'un petit spleen que me causait la triste perspective d'un renversement probable de ma petite fortune, amassée à coups de plume (Balzac, Corresp., 1832, p. 35).
3. Action de jeter bas, chute. Synon. écroulement.Renversement d'un adversaire; renversement de la monarchie, du gouvernement, du trône; comploter le renversement de qqn. L'émeute avait éclaté à Paris et, s'il était entendu, depuis 1789, que Paris donnait le ton à la France, la grande masse du pays était restée étrangère au renversement de Charles X autant qu'à la fondation du régime nouveau (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 164).Au cas où le général Gallieni viendrait à être remplacé par un militaire, on risquait de voir les opérations changer de direction à chaque renversement de ministère (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 152).
4. Bouleversement, trouble profond. Le feu venait d'éclater à l'intérieur (...). MmeP. était dans un état d'épouvante et de renversement, les nattes de ses cheveux défaites, les yeux égarés, le teint caché d'ardentes rougeurs sur un fond livide (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1836, p. 85).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃vε ʀsəmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1478 « action de renverser, de se renverser; résultat de cette action » (Le Guidon en fr., trad. de N. Panis ds Sigurs, p. 72); cf. 1520 (ibid., trad. de Maistre J. Falcon, C, ibid., p. 413: Le renversement des palpebres est separation et division d'icelles); 1541 fig. un tel renversement de toutes choses (Calvin, Inst., 916 ds Littré); 2. 1656 « action de jeter le désordre dans; état de ce qui est ainsi bouleversé » le renversement de cette doctrine (Pascal, Provinciales, éd. L. Lafuma, IV, p. 387); 3. 1658-62 « action d'intervertir » ici fig. le renversement continuel du pour et du contre (Id., Pensées, éd. citée, n o93, p. 511); en partic. 1703 mus. (Brossard); 4. 1859 mar. (Bonn.-Paris, s.v. reversement); 5. 1894 gymn. (Renard, loc. cit.); 6. 1915 psychanal. (Freud, Pulsions et destins des pulsions d'apr. Lapl.-Pont.); 7. 1918 aviat. un renversement sur l'aile (Déchelette, Arg. poilus, p. 182). Dér. de renverser*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 398. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 593, b) 444; xxes.: a) 431, b) 689.