| RENTOILER, verbe trans. A. − Remettre une toile neuve à la place de celle qui a été usée, notamment lorsqu'il s'agit d'objets garnis de dentelles ou d'ornements de fil. La toile de ces manchettes est usée, il faudrait la rentoiler (Ac.1798-1878). − Part. passé en empl. adj. Bidache pousse du pied une vieille porte rentoilée (Halévy, Criquette, 1883, p. 28). B. − BEAUX-ARTS. Coller la toile d'un tableau ancien sur une toile neuve ou fixer la pellicule de peinture sur une toile neuve afin d'en assurer une meilleure conservation. Donné à Haro, pour la rentoiler, la petite étude de l'Étang du Louroux, ciel grisâtre clair (Delacroix, Journal, 1850, p. 333).Nous irons voir le Raphaël qu'on vient de rentoiler (Mérimée, Lettres Mmede la Rochejacquelein, 1860, p. 288). − P. métaph. Je passais mon temps à courir d'une fenêtre à l'autre pour rapprocher, pour rentoiler les fragments intermittents et opposites de mon beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 655). ♦ Au part. passé. Plus grand que le désert, Ô cœur voilé, Tacite à quoi te sert, Ô dévoilé, Sous un ciel découvert, Vif étoilé, Ce trou toujours ouvert, Mal rentoilé (Péguy, Quatrains, 1914, p. 617). C. − Arg. Rétablir dans sa santé ou sa fortune (d'apr. Delvau 1867, p. 421). Le Frisé (...) s'est fait rentoiler en renquillant à Pantruche (Bruant1901, p. 44). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃twale], (il) rentoile [-twal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1449 « mettre une toile neuve à un objet rembourré » (Compte d'ouvrages, 5eSomme de mises, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 2. 1690 « renouveler la toile qui garnit une dentelle » (Fur.); 3. 1793 « transporter sur une toile neuve une peinture dont la toile est tout à fait usée » (Schwann, Nouv. dict. de la lang. all. et françoise); 4. 1867 arg. se rentoiler « revenir à la santé »; « devenir riche » (Delvau). Dér. de entoiler*; préf. re-*. DÉR. 1. Rentoilage, subst. masc.,beaux-arts. Opération par laquelle on rentoile un tableau usé. Si les rentoilages ont été heureux, le tableau a beaucoup souffert par les nettoyages (Ménard, Hist. Beaux-Arts, 1882, p. 59).Un premier examen de la surface sous une lumière rasante (...) met en valeur (...) les traces d'anciens supports ou les écrasements des glacis, dus à d'anciens rentoilages (L. Benoist, Musées, 1960, p. 78).− [ʀ
ɑ
̃twala:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1resattest. a) 1771 « toile neuve qu'on remet à la place de celle qui est usée, à des choses garnies de dentelle » (Trév.), b) 1787, 27 oct. « action de rentoiler un tableau » (Procès-verbal de l'Ac. de Peint., t. 9, p. 341 ds Brunot t. 6, 1, p. 754), c) 1800 « action de rentoiler la dentelle » (Boiste); de rentoiler, suff. -age*. 2. Rentoileur, subst. masc.,beaux-arts. Ouvrier spécialisé dans le rentoilage des toiles. Il prit donc un canif, et avec les précautions minutieuses d'un rentoileur ou d'un amateur de peinture qui aurait dans les mains un Véronèse ou un Rubens, il détacha la seconde toile par un des coins du cadre (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 562).− [ʀ
ɑ
̃twalœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1856, 1ernov. (Gazette de Champfleury, p. 115 ds Quem. DDL t. 10); de rentoiler, suff. -eur2*. |