| RENONCIATION, subst. fém. A. − Renonciation (à qqc.).Action d'abandonner la jouissance ou la possession d'une chose, la prétention à quelque chose; résultat de cette action. Synon. abandon, renoncement.Aujourd'hui où il y a chez lui [Zola] une renonciation bien manifeste à l'écriture, le livre qu'il publie est déclaré un chef-d'œuvre, un mot bien rarement employé par la critique pour le livre vivant, pour le livre d'un jeune (Goncourt,Journal, 1877, p. 1174).Une renonciation universellement consentie à l'utilisation de l'uranium comme source d'énergie (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p. 56). − DR. Acte par lequel une personne abandonne son droit sur un bien ou un ensemble de biens, un moyen de protection ou de défense contre la prétention d'un tiers, une charge publique ou familiale dont elle était investie (d'apr. Cap. 1936). Synon. abandon, désistement.Renonciation in favorem, à succession. Je (...) parviens à lui faire signer un acte de renonciation à la maison dont je lui avais donné l'usufruit un jour de sottise (Gide,Journal, 1909, p. 275): La veuve qui n'a point fait sa renonciation dans le délai ci-dessus prescrit, n'est pas déchue de la faculté de renoncer si elle ne s'est point immiscée et qu'elle ait fait inventaire; elle peut seulement être poursuivie comme commune jusqu'à ce qu'elle ait renoncé, et elle doit les frais faits contre elle jusqu'à sa renonciation.
Code civil, 1804, art. 1459, p. 268. B. − Renonciation (à qqn).Fait de cesser de fréquenter quelqu'un, de cesser de prétendre à sa main. Aux yeux de madame Gérard il n'avait pas dû paraître très amoureux: à peine quelques mots étranglés étaient sortis de sa bouche. Il avait si bien fait, qu'il venait de signer sa renonciation à Henriette (Duranty,Malh. H. Gérard, 1860, p. 118). − Au fig. Détachement de soi-même. L'objet de leur passion [aux passionnés], c'est leur tout. N'agir qu'en vue du tout et pour le tout, en jouir, c'est être raisonnable, libre, heureux. Et ils s'estiment raisonnables, libres, heureux; dans leur soumission totale et leur renonciation complète, ils pensent trouver affranchissement et joie parfaite (Blondel,Action, 1893, p. 176). Prononc. et Orth.: [ʀ
ənɔ
̃sjasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1266 dr. (ap. Tuetey, Et. sur le droit munic. en Fr.-Comté, p. 190 ds Gdf. Compl.); 2. 1662 « abandon de soi-même » (Pascal, Pensées, éd. Lafuma, p. 618). Empr. au lat.renuntiatio « déclaration, annonce », dans la lang. jur. tardive « renonciation ». Fréq. abs. littér.: 138. |