| RENONCEMENT, subst. masc. A. − Fait de renoncer à quelque chose. Synon. abandon, désistement, renonciation. 1. Vieilli. Fait d'accepter que quelque chose ne se fasse pas, d'abandonner un projet. Moi, je meurs ici et vous demande pour seule grâce de vous expliquer et de ne pas joindre, à tout ce que le renoncement à votre voyage en Suisse a de déchirant pour moi, le cruel persiflage de ces prétextes qui prolongent mon séjour à Coppet où je ne veux pas rester (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 160). 2. Fait de cesser de revendiquer un droit, un avantage, de ne plus défendre ce à quoi l'on tient, de cesser volontairement de poursuivre un effort: 1. Ce renoncement [de l'indépendance privée] était nécessaire: car, pour faire jouir un peuple de la plus grande étendue de droits politiques, c'est-à-dire pour que chaque citoyen ait sa part de la souveraineté, il faut des institutions qui maintiennent l'égalité, qui empêchent l'accroissement des fortunes, proscrivent les distinctions, s'opposent à l'influence des richesses, des talents, des vertus mêmes.
Constant, Esprit conquête, 1813, p. 205. − Absol. La condamnation de Vichy dans la personne de ses dirigeants désolidarisait la France d'une politique qui avait été celle du renoncement national (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 251). 3. Fait de sacrifier ce à quoi l'on tient. L'abstention n'est pas tant du renoncement que de la mollesse. Le plus vrai renoncement, c'est le renoncement à ses aises, à ses habitudes, à ses défauts. Il n'y a de méritoire que le sacrifice. À quoi tiens-tu le plus? À ton indépendance des hommes, garantie par ta sécurité matérielle (Amiel, Journal, 1866, p. 526). − Domaine mor. et relig.Renoncement aux biens de ce monde, au monde. Depuis que j'existe, je rêve les grandeurs du renoncement aux faux biens de ce monde et la conquête des biens immatériels (Sand, Lélia, 1839, p. 379). − Absol. Cette constatation apaisante apportait avec elle ce sentiment délicieux de vigueur renouvelée et d'optimisme qu'amènent d'ordinaire les liquidations et les renoncements (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 12). B. − Absol. Attitude vertueuse qui pousse à sacrifier les satisfactions personnelles en vue d'une plus grande perfection morale. Synon. dépouillement, détachement sacrifice.Vivre dans le renoncement. Mais dès les premiers temps du Brahmanisme il se persuada qu'on arrivait à la délivrance par le renoncement (Bergson, Deux sources, 1932, p. 237).V. abnégation ex. 7: 2. ... alors, il se suscitait le rêve de la vie monacale, la souveraine beauté du cloître; il s'imaginait l'allégresse du renoncement, la paix des folles oraisons, l'ivresse intérieure de l'esprit, la joie de n'être plus chez soi dans son propre corps!
Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 241. Prononc. et Orth.: [ʀ
ənɔ
̃smɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180-1200 « annonce, nouvelle » (Athis et Prophilias, éd. A. Hilka, 10018); 2. 1267 « acte par lequel on renonce à un droit » (Cart. de Nesles, ms. Chantilly, 1295, f o33 r ods Gdf.); 3. fin xiiies. « action de renoncer aux choses du monde » (Evaste et Blaquerne, éd. A. Llinarès, 338, p. 297); 1541 renoncement de nous-mesme (Calvin, Institution chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre III, chap. 7, § 4, p. 168). Dér. de renoncer*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 630. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 174, b) 508; xxes.: a) 1 024, b) 1 642. Bbg. Quem. DDL t. 29. |