| RENFROGNER, verbe trans. A. − Empl. trans., peu us. Contracter les traits du visage en signe de mécontentement ou sous l'effet de la mauvaise humeur. Son coup de sonnette déjà, son arrivée, déplaisaient à Guiseard, l'assombrissaient, l'énervaient, le renfrognaient (Arnoux, Roy. ombres, 1954, p. 145). − P. anal. Un petit King-Charles, qu'on eût supposé empaillé s'il n'avait grogné, en rêve, au bruit de ma marche, pour renfrogner aussitôt sa truffe entre ses pattes (Arnoux, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 172). B. − Empl. pronom. Manifester du mécontentement par une expression contractée et maussade du visage. Synon. s'assombrir, faire la grimace.On peut adorer une femme et aller coucher chaque soir chez les filles, ou avoir une autre maîtresse, que l'on aime même! (...) Allons, ne te renfrogne pas; ce n'est pas, je crois, une allusion à moi que je fais ici (Flaub., Corresp., 1846, p. 292).Quand on croyait qu'il parlait de MmeBellamy mère, les visages, le plus souvent, se renfrognaient (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 150). − P. anal. Ces volatiles, qui ne voyaient plus devant eux qu'un chemin silencieux et désert, paraissaient ahuris. Les corbeaux se renfrognaient, les uns contre les autres, sans bouger (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 261). − P. métaph. Il lui sembla que les monuments arboraient une tenue de commande et que les boutiques se renfrognaient (Morand, Flagell. Séville, 1951, p. 255). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃fʀ
ɔ
ɳe], (il se) renfrogne [ʀ
ɑ
̃fʀ
ɔ
ɳ]. Ac. 1694-1878: re-, ren- (id. ds Littré); 1935: ren-, re- (id. ds Lar. Lang. fr.); Rob. 1985: ren- ,,var. de refrogner attesté (...) encore au xixeet même au xxes. par archaïsme``. Même répartition pour renfrogné et renfrognement. Étymol. et Hist. Ca 1220 li refrongniez désigne le Diable (Gautier de Coinci, Mir., éd. V.-F. Koenig, I ch. 45, 100); ca 1250 refroigner « plisser le visage » (Doon de Mayence, 288 ds T.-L.); 1539 se renfrongner (R. Est., Capero ds Gdf. Compl.). Dér., à l'aide du préf. re-*, de l'a. m. fr. frognier « froncer la bouche, renâcler (en parlant des chevaux) » et « froncer le front, faire la grimace (en parlant de personnes) » (ca 1350, Gilles Le Muisit, II, 60 ds T.-L. - xvies., v. Gdf.), lui-même dér. de frongne att. dans l'expr. faire la frongne « avoir une mine renfrognée » (fin xiiies.-xives., v. Gdf.), qui remonte prob. au gaul. *frogna « narines » et « naseaux », v. REW3n o3529 et FEW t. 3, p. 816. Fréq. abs. littér.: 26. DÉR. Renfrognement, subst. masc.Fait de se renfrogner, d'être renfrogné. Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur (Balzac, Goriot, 1835, p. 13).− [ʀ
ɑ
̃fʀ
ɔ
ɳmɑ
̃]. Supra prononc. − 1resattest. 1539 refrognement (R. Est. ds Gdf. Compl.), 1553 renfrognement des sourcilz (Le Plessis, Ethiques, f o70, ibid.); de renfrogner, suff. -ment1*. BBG. − Darm. 1877, p. 97 (s.v. renfrognement). − Gamillscheg (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, p. 287. |