| RENAUD, subst. masc. Argot A. − Mauvaise humeur, mécontentement, colère. Tant qu'on est à la colle, ça colle; mais une fois que le condé y a passé, c'est tous les jours du renaud (Bruant1901, s.v. concubinage). ♦ Être/(se) mettre à/au/en renaud. Être/(se) mettre en colère, (s')irriter. Ce qui me met à renaud, c'est d'être entiflé [marié, en ménage avec] de C (Dict. compl. arg., 1844, p. 37).[T.] est en renaud contre le bougne [bougnat], ce lavedu [individu quelconque] lui a refusé le crayon, et pas poliment (Pt Simonin ill., 1957, p. 247). B. − Vigoureuse protestation, querelle démonstrative, reproche. ♦ Chercher (du) renaud (à qqn). Chercher querelle. (Dict. fin xixeet xxes.). C. − Tapage, bruit. Ce fut encore l'occasion de bien des imprécations. Il y eut du renaud dans la turne (A. Humbert,Mon bagne, 1880, p. 106). ♦ Faire du renaud (ou, plus rarement, de la renaude). Faire du tapage. Il faut être sûr [que les coupables sont là] avant de faire du renaud (Vidocq,Mém., t. 3, 1828-29, p. 191).J'tairai pas ma gueule. J'f'rai d'la r'naude, j'rouspét'rai, J'en ai soupé, faut qu'j'les engueule! (Bruant dsFrance1907). D. − Danger. J'ai rêvé de greffiers, c'est signe de renaud (Vidocq,Vrais myst. Paris, t. 5, 1844, p. 11). Prononc.: [ʀ
əno]. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1673 « chicane, colère, mauvaise humeur » (d'apr. Esn.); 1904 (Nouv. Lar. ill.); b) 1844 mettre à renaud « contrarier » (Dict. compl. arg., p. 37); c) 1886 mettre en renaud « mettre en colère » (d'apr. Esn.); 2. 1798 « bruit, tapage » (Pièces du procès d'Orgères d'apr. Esn.). Déverbal de renauder*. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 665. |