| REMISER1, verbe A. − Empl. trans. 1. Remiser qqc. a) Vieilli. Ranger, mettre à l'abri (notamment un véhicule) dans un hangar, un garage. Synon. garer.Remiser sa carriole, son cheval. J'apercevais (...) des pièces d'eau fuyant sous les arbres, et des barques blanches remisées sous des toits rustiques (Feuillet, Rom. j. homme pauvre, 1858, p. 79).Lorsque les marchandises sont arrivées à destination, elles sont déposées dans une halle à marchandises (...) et les wagons complets (...) sont remisés sur une voie de garage (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 227). − Empl. abs. Le cocher: Je vous dis que je vais remiser!... La Brige: Vous remiserez quand vous m'aurez conduit. Un cocher qui va remiser ne doit pas stationner sur la voie publique (Courteline, Client sér., Mauv. cocher, 1893, p. 211). − Empl. pronom. passif. Vers cinq heures [après les funérailles de Napoléon], le char-catafalque, vide maintenant, remonte l'avenue des Champs-Élysées afin d'aller se remiser sous l'arc de l'Étoile (Hugo, Choses vues, 1885, p. 26). b) Mettre à l'abri, ranger (une chose inemployée ou peu employée). Remiser une malle. Cette salle énorme (...) semble servir de magasin pour remiser toutes les échelles de la ville (Du Camp, Hollande, 1859, p. 63).Comment vous avouer que j'ai remisé, pour la saison, mes jupes et mes chaussures (Colette, Pays. et portr., 1954, p. 34). c) Au fig. Faire abstraction de; ne pas faire usage de: C'était un de ces hommes d'affaires, comme il y en a dans toutes les grandes villes, plongés dans des chicanes compliquées, rusant avec la loi, et ayant remisé pour un certain temps leur conscience, en attendant qu'une situation plus prospère leur permette de reprendre l'usage de ce luxe gênant.
Baudel., Paradis artif., 1860, p. 401. 2. Vieilli. Remiser qqn.Remettre quelqu'un à sa place. Synon. fam. rembarrer.Je dois dire qu'avec moi elle a toujours été d'une convenance parfaite. Naturellement, elle savait que je l'aurais remisée et de la belle manière (Proust, Prisonn., 1922, p. 145).[Marie-Antoinette] est toujours celle qui remisa l'impertinent Lauzun (L. Daudet, Lys sangl., 1938, p. 27).Se faire remiser.Même qu'un jour, en landau, il s'est fait remiser, oh! mais remiser, sans un mot, rien que d'un coup d'œil, comme un domestique, pour avoir seulement frôlé une jambe d'Hébé (A. Daudet, Immortel, 1888, p. 46). B. − Empl. pronom. et intrans. 1. CHASSE. [En parlant du gibier] Se réfugier dans un couvert après avoir été levé. Synon. remettre (v. ce mot III A 1).Il s'effondre, tiré au vol, l'oreille emplie d'un fracas terrifiant... Quelquefois il est manqué. Alors il se laisse choir comme une pierre et se remise (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 207).[Dans un cont. métaph.] − Je ne sais où elle est [Tata]... − À Paris, mon vieux: c'est toujours à Paris que ce gibier-là « remise » (Mauriac, Anges noirs, 1936, p. 146). 2. a) Vieilli, pop. Mettre fin à ses activités; cesser son travail. Synon. dételer.Faudrait pas croire, la môme, que j'ai remisé. Regarde voir. Si je veux, je boulonne et j'me tiens (Carco, Jésus-la-Caille, 1914, p. 119).Mais moi, j'étais sur mes quarante-huit ans, je voyais venir le temps qu'il faudrait remiser (Aymé, Passe-mur., 1943, p. 248). − P. anal. Les guides à part gesticulent (...) Sur le sol tout blanc, lourds et ramassés, le dos rond dans leur veste brune, on dirait des marmottes prêtes à remiser pour l'hiver (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 249). b) SPORTS (boxe, escr.). Effectuer une remise. Il se déplace, il sait combattre de près, accompagner les coups, remiser (L'Auto, 28 déc. 1933, p. 4 ds Grubb Sports 1937, p. 62).Quelquefois le réflexe de remiser de parti pris se justifie grâce au sentiment du fer (Thirioux, Escrime moderne, 1970ds Petiot 1982). Prononc. et Orth.: [ʀ
əmize], (il) remise [-i:z]. Homon. et homogr. remiser2. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. A. 1. 1761 trans. « mettre à l'abri dans une remise » (J.-J. Rousseau, La Nouvelle Héloïse, t. 2, p. 158: on avoit [...] remisé ma chaise); 2. 1772 p. ext. « mettre à l'abri (une chose dont on ne se sert pas); mettre à l'écart » (Galiani, Lettre à Mmed'Épinay, 14 mars ds Littré: M. Grimm avait remisé son prince à Darmstadt); 1788 (J. de Paris, 29 août, p. 1042 ds Fonds Barbier: je remisai mon ballon); 3. a) 1796 fig. (Le Néologiste fr. ds Ranft, p. 158: on doit remiser la peur); b) 1867 arg. (Delvau, p. 418: Remiser son fiacre: se taire [...] mourir); 1881 (Rigaud, Dict. arg. mod., p. 327: Se faire remiser, se faire remettre à sa place); 1883 (Delvau Suppl.: Remiser le fiacre à qn. Remettre ce qn à sa place); c) 1875 pronom. fam. (Lar. 19e: se remiser [...] perdre sa place [...]; ne pouvoir plus se livrer au travail); ca 1890 intrans. « cesser son travail » (Goron, L'Amour à Paris, III, p. 1590 ds Cellard-Rey). B. 1834 pronom. chasse « se réfugier s'arrêter » (Baudr. Chasses, p. 573a: le force [le gibier] à se remiser fort loin); 1869 intrans. (Goncourt, Journal, p. 494). C. a) 1906 escr. (Sports Mod. Illustr. ds Petiot 1982); b) 1931 boxe (L'Auto, 4 oct., ibid.). Dér. de remise*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 115. DÉR. Remisage, subst. masc.,vieilli. Action de ranger des véhicules; lieu où l'on range des véhicules. De grands ateliers de grossier charronnage, le remisage sous le ciel de charrues rappelant Cincinnatus (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 233).Les wagons sur les voies de remisage (Zola, Bête hum., 1890, p. 6).− [ʀ
əmiza:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1reattest. 1867 (Du Camp ds R. des Deux-Mondes, t. 3, p. 320 ds Littré: le remisage des voitures); de remiser1, suff. -age*. BBG. − Quem. DDL t. 6. |