| REMBOURRER, verbe trans. A. − [Le suj. désigne l'agent] Garnir quelque chose de bourre (ou d'une matière semblable) afin de le rendre moins dur au contact. Synon. capitonner, matelasser.Rembourrer un bât, une selle, un siège (Ac.). 1. Qqn rembourre qqc. avec/de qqc.Elle aida la vieille qui rembourrait de foin la banquette (Pourrat,Gaspard, 1925, p. 253). − Empl. pronom. ♦ Empl. pronom. réfl. ind. Regardez-moi cette chose, disait-il en désignant Marie-Ange (...) ça montre ses jambes, ça se rembourre les seins et ça se frotte aux hommes pour les exciter (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 366). ♦ Au fig. Je vais me rembourrer l'esprit de quelque gentil rêve (Balzac,Corresp., 1819, p. 60). ♦ P. anal. Manger beaucoup à la fois. Il s'est bien rembourré (Ac.1835, 1878). 2. Part. passé avec valeur d'adj. − Rembourré de qqc.Ces lits, qui n'étaient d'abord que des espèces de bancs rembourrés de paille et recouverts de peaux (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p. 269).Ses vêtements sans prestance sanglaient en saucisse le buste rembourré de gilets (Hamp,Marée, 1908, p. 20). − Empl. abs. Synon. de capitonné.Meuble, dossier rembourré. Le double battant rembourré retomba derrière elle doucement (Zola,Conquête Plassans, 1874, p. 978). − Loc. pop., fam. ♦ (Être (bien)) rembourré. (Être) gras, bien en chair. Synon. grassouillet, replet.C'était là sa petite Minna! Elle était florissante, robuste, rembourrée de toutes parts (Rolland,J.-Chr., Amies, 1910, p. 1199).− Passe-lui [à Angélique] ton coussin. − Avec joie, dit Bardot quoiqu'elle soit plutôt mieux rembourrée que moi (Vialar,Fins dern., 1953, p. 53). ♦ (Être) rembourré de/avec des noyaux de pêches. V. noyau I. B. − Qqc. rembourre qqc. (de qqc.).Être ce qui garnit quelque chose et le rend moins dur au contact. Il est maintenant doué d'un embonpoint confortable et régulier, qui rembourre de graisse les exostoses canailles de son ossature (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 339). − Part. passé avec valeur d'adj. Je tombais de ce nid rembourré de duvet (Lamart.,Confid., 1849, p. 101).Le curé (...) rembourré de muscles solides (...) le geste prompt comme vif-argent (Genevoix,Marcheloup, 1934, p. 38). − Empl. pronom. Devenir rembourré (de quelque chose). Dans les vallons, la roche granitique, mêlée d'un mica rouge et verdâtre, se rembourre d'un matelas de sphaignes, de lichen (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 270).Il étale ses membres sur la natte. Elle lui semble douce, de plus en plus, si bien qu'elle se rembourre, elle se hausse, elle devient un lit (Flaub.,Tentation, 1874, p. 16). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃buʀe], (il) rembourre [-bu:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1209 fig. (Reclus de Molliens, Miserere, 186, 3 ds T.-L.); fin xives. (Eustache Deschamps,
Œuvres, X, 197 ds Gdf. Compl.). Dér. de embourrer*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 95. DÉR. Rembourrure, subst. fém.,tapiss. a) Matière servant à rembourrer. (Dict. xixeet xxes.). b) Grosse toile, qui enveloppe et retient la bourre, le crin ou l'étoupe dont est garni un siège (d'apr. Jossier 1881). − [ʀ
ɑ
̃buʀy:ʀ]. − 1reattest. 1502 (Ol. de La Marche, Mém., IV, 59, Soc. Hist. de Fr. ds Gdf. Compl.); de rembourrer, suff. -ure1*. |